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Photo du rédacteurCristina Moscini

Essaie d'abord une plante, ensuite un chat...

Dernière mise à jour : 19 mai


Quand j'ai décidé de devenir famille d'accueil temporaire pour un chat trouvé par un refuge, je l'ai fait pour moi autant que pour toute autre raison d'altruisme #hastaguable.


J'avais toutes les ambitions d'une ancienne alcoolique dépendante devenue sainte et quétaine, qui rescape des animaux et qui a en le faisant dans les cheveux du vent doux.


Puis, dès que j'ai reçu Maggie, huit mois, deux couleurs, le nez et la croupe avec des formes de coeur, c'est parti sur un départ chaotique, traumatisant même (se référer à mon texte précédent, sur le soir d'éclipse). Et, le temps a continué de passer, c'est là la seule justice que l'on a parfois; bon en mal en, le temps passe. Bonheur, douleur, beauté, laideur, soleil levant, soleil couchant (y reste pu de bananes, Marge), la patate continue de pomper sans s'arrêter pour soi. Ça fait maintenant presque deux mois que je suis mère ou matante d'en attendant de cette créature qui prend autant de place dans mon coeur que de stockage dans mon iPhone.


J'ai pas ça facile, la fibre maternelle. Je trouve encore, même si plus simple aujourd'hui puisque ne suisse plus sur la brosse, que c'est pas évident de me prendre soin de moi. Alors de quelqu'un d'autre, j'oserais même pas. Dès l'enfance, je savais que je ne voudrais pas d'enfant. Rien ne me semblait plaisant d'avoir à revivre une fois grandie ces jeunes années. J'ai pas eu la phase comme mes camarades de classe en secondaire 1, de coller dans mon agenda des photos de bébés d'Anne Geddes pognés dans un arrosoir ou déguisés en fleur ou coccinelle. J'ai jamais trippé sur les gars avec une 'baby face', même, j'étais Kevin R. et pas Nick C. La maturité, la stérilité de mes ovaires, étaient un rêve que je chérissais et protégeais. Si c'était possible de se faire ligaturer en même temps qu'on se fait enlever les dents de sagesse, ce serait déjà fait. Bref, l'idée de progéniture, de descendance, de couvage, de ramasser des fluides autres que piteusement mes flaques de dégueuli de bile sur les planchers de mon passé m'a jamais plus qu'y faut ragouté.


Mais ça change vite.

Pour une face comme ça.

Me voilà rendue pro-chat.


Est-ce que je conseillerais l'expérience à mes semblables en rétablissement qui auraient peut-être comme moi des relents d'anxiété pas encore guérie, de la sauvage indépendance au coeur et une tenace tendance à l'évitement pas finies d'être travaillées ? Noui.

Avoir un animal qui a connu des conditions difficiles, c'est semblable pour moi à retomber dans le bain des relations angoissantes. Elle est-tu malade ? Va t'elle mourir si je ne la regarde pas 24 heures sur 24 à savoir ce qu'elle fait ? ont remplacé les Va t'il cesser de m'aimer si je ne fais pas tout ce qu'il dit ? Va t'il me tromper si je ne suis pas la personne qu'il voudrait que je sois ? C'est full trippant ! Mais ça fait qu'on en apprend sur soi. Comme mes sages amis me l'ont rappelé leur rapportant mes récents félins tourments : Capote pas. Il y a de quoi de satisfaisant dans la regarder manger, la regarder dormir et jouer, qu'elle ait l'air bien. Des fois, faut apprendre à faire confiance et traverser le pont quand on sera rendu. Animalement parlant, en tout cas. Mais c'est pas facile pour une dépendante, mettons.


Le conseil que j'ai à donner est que oui, ça vaut la peine, et qu'être d'abord famille d'accueil temporaire, c'est le meilleur service qu'on puisse faire pour un animal si on n'est pas prêt de s'engager pour la vie (c'est une vocation à ne pas prendre à la légère et qui malheureusement est une des raisons pourquoi les refuges sont pleins de créatures abandonnées), c'est aussi la meilleure option qu'on peut s'offrir à soi. Baby steps, pour faire un moyen jeu de mots, ici.


La transition d'un chat entre la ruelle pis sa maison pour la vie va se faire au chaud, à l'abri, la bedaine remplie avec une humaine au service litière qui change pas souvent de t-shirt et qui passe maintenant ses paies en bouffe humide et jouets en forme de souris. À savoir si je m'en ennuierai pas une fois qu'elle sera adoptée pour toujours, c'est certain, mais ce serait plus douloureux pour moi de l'imaginer vivre forever avec une pas prête qui se fait du mauvais sang encore à toute heure du jour (c'est moins pire avec le temps, mais c'est là pareil).


Pourquoi c'est une bonne idée pareil ? Parce que justement ça aide à se calibrer le capotage. Parce que ça change le focus sur autre chose, ça nous apprend à prendre soin, tous les jours. Ayant déjà passé par des périodes dépressives où se brosser les dents était pas une mission accomplie quotidiennement, le rappel au réel d'une bestiole au pelage soyeux, ça donne un coup de patte dans un désir de motivation, d'amélioration, de vouloir que le christ qu'à se renmieute, la petite bête. Et ça a de quoi de beau.


C'est pas sans rappeler une tendre tout croche blessée par la vie que j'ai sorti des ruelles, il y a trois ans aussi... (Si vous êtes nouveau ici, je parle de moi quand j'ai arrêté de consommer en 2020, relisez la dernière phrase maintenant en sachant, pour l'effet).


Je forcerai jamais le monde à rien faire, mais je vous encouragerai ici à :

  • Arrêter de boire

  • Googler les refuges proches de votre région, si jamais, d'un coup y aurait un coup de foudre entre un animal et un coin de votre maison...



Bonne chance, bon cheminement !

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