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Photo du rédacteurCristina Moscini

8 choses que les artistes burlesque sont tannées d’entendre

Dernière mise à jour : 23 mai


On parle d’un revival burlesque qui a fait son retour dans la culture populaire depuis presque vingt ans déjà. On penserait que ce ne soit plus autant marginal, mais encore, cet art performatif reste encore mystérieux. Explorons : La première vague, née du vaudeville dans les cabarets, présentait des femmes qui faisaient un effeuillage sur une scène, pour le plaisir des spectateurs. Au tournant des années 2000, des icônes, amatrices d’une époque révolue – on pense à Dita Von Teese, Michelle L’Amour, Dirty Martini et compagnie – l’ont remis au goût du jour, et des milliers l’ont aussi fait depuis. Et ce jour-là a presque 20 ans. Underground, marginal, dépassé, mainstream, quétaine, trash, érotique, politique ? Le burlesque a autant de visages que d’artistes qui le pratiquent, mais, ce qui reste uniforme, ce sont les choses qu’on se passerait de se faire dire…


Top 8 venant d’une humble effeuilleuse burlesque et directrice de troupe pendant sept ans, Bambi Balboa, qui vous sert de guide !


#8 « C’est tu gênant de monter sur scène tounue avec le corps que t’as ? »

Premièrement, jamais finir une phrase avec le terme « avec le corps que t’as ». On se sent comme si on était une carcasse résiduelle d’un accident de train où une meute de chiens malades aurait uriné dessus, ou encore comme une cargaison de couches de bébés oubliée sur la plage par jour de canicule. On a le corps qu’on a, point. Et sur une scène, on est vues en 360 degrés, sans filtre. Certes, les costumes, le glitter et l’éclairage ont pour but de nous mettre en valeur (on n’est pas des caves, on va pas non plus s’éclairer avec des néons de salle d’attente de CLSC), mais quand on en vient à se dire « Je m’en va me mettre tounue devant le monde », notre idée est déjà pas mal faite, et c’est pas un pli de bourrelet ou un ti-toton mou qui va nous faire changer d’idée.


#7 « Est-ce que tes parents savent ce que tu fais ? »

J'ai commencé à faire du burlesque à 22-23 ans. Une adulte majeure et vaccinée, et on m'adressait cette question comme si je venais de perdre une dent de lait et répondre au téléphone à un télémarketeur. Puis-je parler à la personne responsable ? Wtf. Est-ce que je vole des banques? Non. Est-ce que je vends de la drogue à des enfants? Non, pas souvent. Je fais du spectacle. Non seulement je veux qu’ils le sachent, mais je connais pas un ou une artiste burlesque qui ne possède pas minimum 3-4 pages de réseaux sociaux pour ANNONCER À LA TERRE ENTIÈRE qu’il ou elle fait du burlesque. C’est un art exubérant, et exhibitionniste, certes, mais pas criminel. Alors on met un ho-là sur le shame, han !


#6 « C’est où t’as pris ton costume ? »

Pas que ça nous embête, et s’il y a des pièces qui se vendent telles quelles où qu’on a trouvé un endroit où y a un bon deal sur les matériaux, ça va nous faire plaisir de partager la bonne nouvelle, mais le « costume » vient rarement dans une boîte. Soit confectionné par nos blanches mains, soit customisé par d’habiles mains de couturière, ce qui s’enlève sur scène a 98 % de chances dû être modifié d’une quelconque façon avant d’être montré. N’empêche qu’on rêve encore du jour où on pourra répondre et que ce soit vrai en disant « Rangée 4 su’ Sears ».



#5 « C’est tu comme dans le film Burlesque ? »

Ah, comme la fois que j’ai quitté mon patelin pour la grande ville et que Cher était ma gérante pis que j’étais embauchée à temps plein dans un cabaret avec un budget costumes-perruques-accessoires-éclairage-musiciens-choristes illimité ? HAHAHAHAHAHAHAHAHA. Lol. N’empêche, ce film-là a donné à beaucoup le désir de faire de la scène et a certainement cimenté l’engouement pour le burlesque dans la culture populaire. Donc, une bonne chose. Mais, sinon, sors de ton rêve au plus crisse.


#4 « J’aimerais avoir un show professionnel all dressed, mais j’ai du budget pour n’engager que 1 fille et demi, pouvez-vous me faire un prix ? »

Pour faire de la magie, ça prend des magiciennes. Et ça nous coûte des sous rien que pour se déplacer et pour ce qu’on a sur le dos (qui souvent doit être renouvelé). Plumes, paillettes, bas, cils, pétales, poudre de perlimpinpin, alouette. Sans parler de nos accessoires de mise en scène. Sans ça, ce qu’on fait, ça revient à enlever un costume de clown live dans la salle d’attente du CLSC (Quoi que l'attente serait moins drabe, non ?). Donc, soit on vous propose un devis pour un vrai show professionnel avec ce qu’il en coûte dans le réel, soit vous vous démerdez pour trouver quelqu’un d’autre pour l’enterrement de vie de garçon de votre beau-frère. Capiche ?


#3 « Combien ça coûte si tu me fais une performance d’une heure ou deux ? »

Un numéro d’une performeuse ça peut pas durer trois siècles, han. On n’est pas Jean-Marc Parent. Il s’agit de créer un momentum en musique avec un début (habillée), un pendant (le déshabillage) et une fin (tounuuuue !!!!) Une fois défeuillée, c’est rare qu’on s’assoit sur le tabouret et qu’on se met à compter des jokes sur les différences entre les gars pis les filles, sérieux. Quand y a (presque) pu rien à enlever, y a des dangers que ça vire comme dans le clip Rock DJ de Robbie Williams.


#2 « Oui, mais vous au moins c’est classe ce que vous faites, c’pas comme les danseuses de poteau. »

Ton petit jugement, tu le gardes, tu réfléchis à ce que tu viens de dire et va respirer devant un lac. Plus sérieusement, oui, c’est différent. La différence principale est la proximité avec le public. On pourrait parler aussi de direction artistique, de mise en scène. De production, de salaire. Reste que le burlesque est un ancêtre du bar de danseuses tel qu’on le connaît aujourd’hui. Et des femmes qui se déshabillent devant public, y en avait il y a mille ans et y en aura dans mille ans, de Salomé à X0rg28blk.


#1 « C’est quoi le burlesque, pour toi ? »

Faudra se référer au début. Y a autant de réponses qu’il y a d’artistes qui le pratiquent. Pour ma part c’est un art actualisé avec le souci et le rêve d’antan qui apporte beaucoup de joie à ceusses qui le pratiquent autant qu'à ceusses qui le vivent dans la salle. Tant qu’on y met du nôtre, y a pas de raison que la vague s’estompe... Ou du moins, après quelques autres pandémies... Longue vie aux tounues ! P.S. Le Wiggle Room réouvre le 4 septembre !



Article paru initialement sur La Fabrique Crépue.

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