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La meilleure amie de l’homme

  • Photo du rédacteur: Cristina Moscini
    Cristina Moscini
  • il y a 5 jours
  • 4 min de lecture

La meilleure amie de l’homme : Pourquoi Sabrina Carpenter manque la cible de la satire ?

 

Cette semaine, le visuel du nouvel album à venir d’une des chanteuses pop les plus en vue des États-Unis, Sabrina Carpenter a été dévoilé, soulevant immédiatement un tollé.


Sur la photo de l’album titré Man’s best friend, un homme en complet dont on ne voit pas la tête tire une Sabrina Carpenter à quatre pattes par les cheveux, et la chanteuse regarde l’objectif d’un œil qu’on pourrait définir comme amusé ou consentant.

 


Certains y voient une « satire », une utilisation de l’homme comme un props comme jadis les femmes l’étaient, interchangeables, anonymes, dans le clip de Robert Palmer (Addicted to Love, 1985), un sarcasme qui contraste avec les paroles de ses chansons à elle jusqu’ici qui se jouent du rôle défaillant de l’homme dans les relations de couple (Manchild, Please (don’t embarrass me), Busy Woman). D’autres y voient une tentative ratée d’exprimer un féminisme maladroit, à la Katy Perry costumée en Rosie the Riveter dans son clip d’une chanson produite par un accusé prédateur sexuel…

Dans le contexte, dans la dernière année et chaque jour, les droits des femmes se voient constamment reculés, une montée du conservatisme et du pipeline de « la pureté » chez les jeunes est certainement un frein à cette sexualité libre qu’on prétend vendre encore grandement. On a fait circuler l’accablante vidéo de surveillance de la chanteuse Cassie tirée par les cheveux dans le lobby d’un hôtel par Sean Combs, présentement en procès pour trafic et agressions sexuelles. La créatrice de contenu pour adultes Bonnie Blue a fait les manchettes pour avoir copulé avec près d’un millier d’hommes, qui pour la plupart l’ont fait tête cagoulée, et l’actrice Sydney Sweeney pourtant jeune A-lister continue d’être porte-parole d’un savon pour homme « avec un trou dedans », « fabriqué avec l’eau de son bain ».


 


Le féminisme, et le militantisme, on l’apprendra davantage dans les prochaines années je garantis, sont deux choses distinctes - et je ne me targue d'être un exemple modèle d'un ou l'autre, là. Poursuivons.

 

C’est beau d’avoir des idéaux « Boys R dumb hihihi » mais si on continue de les marketer et de les inclure dans le discours, qu’est-ce qu’on vend en fait ? Qu’est-ce qu’on produit ?

 

Dans ma jeunesse, j’ai produit et vu des dizaines de shows burlesques. Dans les années 2000-2010, on parlait de ce courant comme du néo-burlesque, une formule de cabaret éclaté où toutes les silhouettes et les féminismes et les sexualités étaient les bienvenues. J’en garde le souvenir de plusieurs numéros forts en originalité et en personnalité. Les numéros les plus faibles à véhiculer ce message étaient selon moi ceux où une artiste féminine choisissait d’inclure un figurant masculin dans son numéro. Des fois en « touches coquines » de léger BDSM, scénographiquement, l’utilisation d’un homme sur scène était rarement payante au point de vue narratif, et échouait à dévoiler entièrement le portrait d’une femme complètement affranchie et solide.

 

Car si elle est affranchie, why does she need him around at all ?

 

J’en reviens à Sabrina.

 

Comme plusieurs de ses consoeurs, elle tombe dans le panneau qui malheureusement ralentit le pas créatif des femmes artistes dans les palmarès : centraliser l’homme.

 

Ariana, Selena, Taylor, Lana. Les it girls au top ont sur leur set list presqu’exclusivement des hits qui ne parlent que de relations amoureuses, de flirts à situationships à fuck friends, à relations de couple déchues ou compliquées.

 

Deux qui font exception, vite-vite, dans les récentes queens des sons trendy sont Doechii et Charli xcx. Où l’anxiété, les relations d’amitié, et d’autres sujets passant le test Bechdel sont explorés en chansons.

 


Mais de quoi vont parler les chansons, si elles ne parlent pas d’amour ?

 

J’avancerais qu’il y a une conspiration des industries présentement de choisir de s'écarter des artistes polarisants, engagés, soucieux de leur communauté. Rares exceptions, Doechii cette semaine remportait un prix au BET Awards, a mentionné ce qui se passe aux frontières américaines, des familles qui sont déchirées, des droits humains qui ne sont pas respectés, et parmi ses pairs largement sponsorisés et populaires, cela a été accueilli avec tiédeur. Pourtant, on avait enfin une artiste qui prenait parole pour quelque chose de plus brave que « Ah les maudits gars hihihi ».

Courte analyse ici.

Dans ma plus récente collection de textes, À l’aube des last calls, j’y fais l’énumération de relations affectives que j’ai eu à travers les années. Je suis donc coupable aussi de tenter de me définir de par ma et mes relations avec des hommes. À chaque fois, pour refléter quel genre d’individu que j’étais, que je suis devenue.

 

Est-ce que ce n’est pas ce que Sabrina fait, ou Lana Del Rey, ou les autres ?

 

Je sens qu’il y a une différence dans l’espace qu’on laisse. Qui est au centre de notre histoire, quand on se raconte, qu’on soit chanteuse, blogueuse, ou citoyenne essayant simplement de se comprendre. Et il y a beaucoup de ce choix narratif dans comment cerner qui est vraiment le personnage principal de notre récit. Ce n’est pas d’être la « Man’s best friend », comme Sabrina Carpenter, mais de virer le gouvernail pour découvrir qui on est et comment on se définit sans utiliser les « la blonde de », « l’ex de », « l’épouse de », « la side chick de », « la dream girl de ».

 

Au final, il s’y tiendra une femme avec un produit artistique à mon avis plus intéressant à conserver, à réfléchir, et consommer.

 

Ah, oui, presqu’oublié de ploguer ma dernière lecture-performance VENDREDI 13 JUIN À 17H à Québec, à la Librairie Pantoute Saint-Roch. Entrée libre, arrivez tôt, ça finit tôt ! Mes récits personnels inédits d’alcoolisme au rétablissement. Merci !


 

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