À chque fois que je vois Ariel Charest depuis qu'elle interprète mon texte bien personnel tiré de mon cheminement entre alcoolisme et sobriété, je l'inonde d'information accotée, que ce soit pour le podcast qu'on a fait l'an dernier à pareille date, ou encore quand on se croise dans des occasions théâtrales. Je placote. Beaucoup. J'ai voulu pour une fois la faire parler elle, et en apprendre plus sur son parcours, son activité et ses influences. On s'est donc parlé su' Zoom par un beau dimanche matin...
CM : Alors, comment ça va, t’es dans le jus, han ?
AC : Ça va ! Et non, pas tant, d’ici avant de partir S'aimer, j'ai des petits trucs ici et là, des petits allers-retours à Montréal, mais quand même assez molo, tout comme à l’été où finalement j'ai pris ça vraiment plus off. Mais crime, c'était le fun.
CM : Oui, parce que ça a été un tourbillon, toi, depuis la pandémie.
AC : Un espèce de vortex ! Je me rends compte, moi la pandémie, j'ai travaillé pas mal en esti finalement, fait que je l'ai comme pas vécu tant le break que beaucoup ont eu. Puis l'été, c'est souvent reconnu pour être une grosse période aussi de tournage, et pis d'affaires de même. J'ai comme décidé de ne pas prendre de théâtre d'été, pas prendre d'autres opportunités et de me laisser ça bien ouvert. Finalement, j'ai eu du temps, des vacances. Je suis allée en Gaspésie. Puis mon chum jouait au Lac Saint-Jean, fait que je suis allée le voir, fait que, ouais, c'était ben le fun. C'était comme nouveau pour moi [d'être en vacances] j'étais comme Hey, j’aime ben ça !
CM : Le temps nécessaire pour laisser reposer la création.
AC : Absolument, absolument. Pour ma tête aussi, ça m'a forcé à [prendre une pause]. Parce que bien sûr que l'anxiété de performance revient au galop. Parce que quand t'es habituée à ce rythme, t'es comme Faudrait tu que je fasse de quoi ? Faudrait tu que j'écrive un mémoire ? Puis t'es comme non, c'est ça, juste ça. C'est correct de pas toujours être en production.
CM : Vrai. Sautons dans les questions !
*Photos tirées de la page Ariel Charest.
THÉÂTRE & DÉBUTS
CM : On te connaît beaucoup pour les multiples personnages que t'as incarné, mais toi est-ce que t'as eu un coup de foudre distinct pour le jeu. Est-ce que tu te souviens d'avoir vu un personnage ou un film ou une pièce qui a fait naître en toi le désir de jouer ?
AC : Mon dieu, moi, ce qu'il faut savoir, c'est que j'ai commencé le théâtre sur le tard au cégep, parce qu'avant, de 5 à 20 ans, non, peut être 17, 18 ans, j'étais à fond dans la danse, dans le patinage artistique, j'étais une cheerleader aussi. À un moment donné, j'avais comme un horaire assez assez comblé. J'ai comme pas eu la chance en fait de faire des cours de théâtre non plus. À mon secondaire, y avait pas ça. C'était vraiment la danse qui était présente dans ma vie. Mais, j'ai quand même envie de dire que je flirtais sans le savoir un peu avec le jeu, parce que n'en reste pas moins que t'incarnes quelque chose en dansant. Incarner quelque chose dans le patin, ça reste artistique, c'est une présence scénique que tu dois avoir, en fait. J'ai envie de dire que ouais, le germe était peut-être là, sans être vraiment dans le mot encore. Et puis la parole ça a vraiment été quelque chose que j'ai découvert au cégep quand j'ai pris des cours de théâtre.
CM : Te souviens-tu de ta première fois sur scène, ou première pièce ?
AC : La première pièce que j'ai fait c'était Materna d'Alain Beaulieu, si je me souviens bien. C'est une pièce intense. Une fille qui perd son enfant, comme une vraie affaire, un drame. Pour une fille de 19 ans, t'es comme... on commence pas avec du Michel Tremblay comme d'habitude, ne-non, on est dans la grosse vulnérabilité. Puis ça m'a vraiment surprise de voir que j'étais capable d'aller là dans ces zones là, l'hyper, hyper sensible, hyper vulnérable. Y avait un boute où je pitchais le berceau [de l’enfant], puis j'étais comme Ah, c'est tu ça ? Ça a comme été une révélation. Ça m'a amené dans des zones qui m'étaient inconnues d'une certaine façon.
Puis les mots aussi. Le pouvoir des mots, de la poésie. C'était comme un monde, un petit peu qui s'ouvrait pour moi…
AC : Et pour rebondir dans ta question d'avant si il y a quelque chose qui m'a happé, c'est un voyage qu'on a fait avec le cégep, justement ! On est allé au Théâtre de Quat’Sous à Montréal, et on est allé voir la pièce On achève bien les chevaux qui était mise en scène par Marie-Josée Bastien, qui est devenue mon prof trois ans plus tard. Ça a été beau aussi, l'espèce de continuité de tout ça... C'était donc Jo-Bed qui mettait ça en scène. C'est une pièce vraiment, vraiment chouette. La mise en scène, bon évidemment, qui était extraordinaire. Le jeu des comédiens très prenant. La pièce, c'est pas une course, mais ce concept où il faut que les gens dansent jusqu'à en mourir... Ça a été une des premières pièces de théâtre professionnel que j'ai vue, parce qu'étant au Lac Saint-Jean, je n'avais pas accès à beaucoup de théâtre mis à part des petites pièces au centre-ville, mais là, cette équipe professionnelle, puis Marie-Josée que je rencontrerais après au Conservatoire… J'étais bien impressionnée, de rencontrer cette femme là, qui m’avait tant happée par un soir.
CM : Des fois il y a des des trucs comme ça, que tu te rends compte que vous étiez dûs pour vous rencontrer, être sur la route l’un de l’autre, comme connectés.
AC : Euh, ben comme genre moi et toi !
CM : Arrête ! Je vais me mettre à m’en vanter, je vais être insupportable !
*(Moi, ultra fière entourée d'Ariel et Pascale Renaud-Hébert à la première de S'aimer ben paquetée à Québec. Crédit Lise Breton.)
PANDÉMIE & LIPSYNCS
CM : Moi je te connaissais déjà de par Québec avec ton parcours théâtral, mais tes lipsyncs ont amené un autre public aussi. Ils ont amené beaucoup de rires et de joie dans une période où la province vivait des moments lourds d'incertitude. Ça a été quoi toi, ton déclencheur de un faire ce trend-là (les lipsyncs étaient déjà un trend populaire sur Tiktok qui grandissait aussi comme plateforme, mais y a pas de lipsyncs qui ont connu l’ampleur que les tiens ont connu. Et avant que tu m’arrêtes en voulant rester dans ta modestie, je vais juste mentionner celui de Destiny’s Child qui se compte en plusieurs millions de vue et qui a attaint un reach bien plus grand que de St-Jérôme à St-Lin, ok ?), alors comment t’es venue l’idée de toi en faire, et puis à quel moment ou à partir de quel sketch tu t'es dit comme oh ok, il y a quelque chose là-dedans ?
AC : Oui donc l'épopée lipsync, écoute. Je me rappelle très bien, tout ça a commencé mi-mars [2020], la patente. J'étais à ce moment-là au théâtre, dans Roméo et Juliette et puis on annonce la fin du monde là, carrément en fait. [À l’annonce du confinement] On ferme tout là, maintenant, prenez même pas vos affaires genre laissez ça là, allez-vous-en. Ok, mon dieu seigneur, que je me suis dis. Puis je me rappelle cette soirée-là, on s'est soûlé la gueule. C’était… sans précédent. On se retrouve maintenant devant rien. Faque, écoute, le temps passe, puis on est rendu au mois d'avril. Et il y a notre fameuse Lucie Laurier qui se met à délirer un petit peu. On est tous comme à prendre d'assaut les réseaux et avec des propos autour du Covid, on est dans le début aussi, en fait. Son vidéo a choqué parce qu’il était très controversé mais aussi inattendu de sa part, surprenant. Faque là, pour bien sûr, faire rire la galerie comme j'aime bien le faire, je décide de m’y essayer. Un discours de Lucie Laurier lipsynché sur ma page Facebook [personnelle], très, très fait sur le coin d'une table, encore une fois. Et puis euh, écoute, le monde, mes amis sont comme Ah wow ! Mais déjà, moi le lipsync au final c'est quelque chose que je fais depuis fort longtemps dans le vide, pour moi. Mais en y repensant, j'étais encore dans le mimétisme, comme d'apprendre par coeur des chorégraphies, la musique. Ma mère me rappelle souvent qu'elle m'avait acheté un petit piano Casio. J'étais pas vieille, là...
Je passais quatre heures de temps enfermée [à y faire de la musique, des sons répétés], puis des choreographies, à vouloir être pile dessus dans le mouvement, sur le temps.
CM : Un lipsync, c’est une chorégraphie de face.
AC : Absolument, puis au-delà, ce que j'aime beaucoup du lipsync comme procédé, c'est que c'est pas juste d'être dessus au niveau de la synchro. C'est toute insuffler l'interprétation puis la manière dont les mots sont dits. C'est très, très nuancé. Ça peut être soit un flop monumental ou être pile dessus. Parce qu'il y a tellement de variations, du ton, de la voix, de l'émotion, de la vulnérabilité comme [dans la vidéo originale de Lucie Laurier] où elle s'en fâche un peu... Alors y avait tout ça que j’aimais, cette espèce de precision-là, hyper chirurgicale ..
AC : Puis je pense aussi qu’avec notre culture populaire québécoise, que c'est un mix qu'on avait peut-être moins vu ou qui a permis de ramener des vieilles affaires. Parce qu’on est bien là-dedans, la nostalgie. Moi-même étant une énorme nostalgique, c'était dans ma palette, refaire ces moments forts de notre patrimoine québécois. D'avril à octobre, novembre [2020], j'ai fait ça très, très simplement sur mon Facebook personnel, j'avais pas encore de page ! Au début, je faisais ça en attendant, sans trop m’attendre à de quoi, parce qu’on savait pas quand est-ce qu’on allait revenir, [les arts scéniques] on était les derniers sur la liste. Je me suis dis, en étant prise chez moi, que pour ma santé mentale, faut je me trouve quelque chose de ludique qui est en lien avec mon métier.
CM : Ça a été bon pour la santé mentale de beaucoup de monde, ces rires-là, que tu as apporté, en tout cas. Je me souviens de te suivre depuis le début, puis Lipsyncs & Autres amuses-gueules…
AC : Oui c’est ça, mes amis, en riant et en parlant sur le balcon, m’ont convaincu d’ouvrir une page Facebook et Instagram même si j’étais d’abord réticente, pour y partager mon stock, pour faire rire, sans prétention. Puis là arrive Occupation Double avec l'édition dans l'Ouest, avec Charles qui a rapidement été rebaptisé le leader de la saison. C'était comme un personnage parfait parce qu'il avait tous les éléments d’un bon personnage d’OD comme on les aime. Puis là, je ne sais pas par qui, par quelle occasion, OD a vu la vidéo que j’ai faite de Charles, et là ils m'ont demandé de faire toute la saison d’OD. Je pense que c'est c'est un petit peu là que ça a commencé dans ma tête ce Ah, c'est drôle. Je me fais payer pour faire ça ? Alors y a comme une rigueur qui est embarquée parce que bien sûr, tu veux avoir l'air de quelque chose, là. Mais moi, je filmais encore à ce stade avec mon petit iPhone 6 sur un trépied, c'était laid. C'était dégueulasse. J'avais pas d'équipement fait que là, je suis allée m'acheter une caméra, un ring light comme les influenceurs, les vrais.
Mais ça a été dur quand même, de me départir de cette idée-là, de voyons, comment ça se fait que le monde vont payer pour que je fasse ça ? Il y avait pour moi, des fils qui se touchaient pas. Je pense que je voulais pas y croire que ça soit une affaire.
AC : Je pense que c'est de ma nature, tout le temps, de me dénigrer, puis de faire Non, c'est pas bon. D'arriver à se dire c'est bon, c'est... une autre affaire. Fait que là, je le fais puis ça passe à la TV. Puis là rapidement, c'est que le monde, on sait ben que quand ils voient de quoi, qui - je parle des producteurs et du monde en général - quand le monde voit que ça fait le buzz, ça, le monde aime bien. Ça fait que là, évidemment, les demandes ont comme déferlé. Puis ça a été une émission après l'autre, puis d'un canal à un autre aussi, c'est à dire Télé-Québec, TVA, et tout. Puis y a eu le Gala Artis où on m'a demandé de faire la catégorie des sports, en sketch. [Quand ça a été diffusé] j'étais en bobette, j'écoutais le gala avec mon chum, on mangeait de la poutine. Moi, depuis tout ce temps là que je fais mes lipsynchs, je ne lis que des Haha, c'est très drôle, mais j’en n'ai pas conscience autant de qu’est-ce que ça peut provoquer dans une salle. C'est pour ça que ça a été tellement galvanisant. Hey, là, imagine, le monde, les grosses tapes [sur les cuisses] dans la salle et j'étais genre, Hein, c'est vrai ? Ça m'a jeté à terre d'entendre vocalement le monde rire, être bien crampé. C’était ben ben touchant.
CM : Parce que t'es pas mal souvent toute seule quand tu réalises ces choses-là aussi. À faire même tous les personnages.
AC : Oui ! Puis, je lis bien sûr les commentaires. Des Bravo, et c'est super touchant à lire, mais la force du rire, ce que ça crée comme émotion, ça s'invente pas. Ça m’a beaucoup, beaucoup touché... Et aussi, y a comme quelque chose qui…[en parlant des lipsyncs] On prend du contenu qui existe déjà, mais qu'on a comme convenu collectivement, que c'est un moment. Céline qui refuse son trophée, ça, c’en est un moment qui est iconique, Quelque chose qui a vraiment une portée culturelle super grande, puis que tout le monde adhère à ça, fait que ce sont déjà des moments qui ont leur vie, en y amenant comme une espèce de relecture comme ça, ça augmente…
CM : Leur immortalité !
AC : Dans ces cas, oui ! Et je pense aussi le combo ‘ça marche avec les moyens du bord’, Oh qu'est ce qu'elle va prendre pour faire cet objet après ? Une grosse salière ? C'est comme, je me disais pas, qu'est ce que je vais utiliser aujourd'hui. C’était avec c’qu’il y avait [chez nous].
CM : Comme pour ta version de Bonne fête Keven, un tour de force ! Y a à peu près quarante personnages là-dedans !
AC : Ça, ça a été une prod lourde, une grosse prod lourde. Sur du 9 à 5, comme deux jours ?
CM : Je pense que c'est mon préféré de toute.
EN SOLO & PAQUETÉE
CM : S’aimer ben paquetée est ton premier solo sur scène. Est-ce que c'est aussi la première fois au théâtre que t'interprètes un texte incarné sur quelqu'un, genre de vivant ?
AC : Je pense que c'est la première fois, donc d'autant plus ça demande de la délicatesse et de la sensibilité. C'est que je porte une histoire intime qui est la tienne, qui comporte son lot de de frasques et de zones vulnérables. Mais je sais en l'ayant fait [à La Bordée l’automne dernier], je te parle de connaissance de cause. Mais tu sais, c'est une parole qui a résonné dans les coeurs de des gens qui se sont reconnus, ou qui ont reconnu un proche. Beaucoup de gens aussi qui m'ont parlé de ça, ça m'a remis en question sur ma consommation.
AC : Même si j'ai pas nécessairement de problème, ça fait quand même réfléchir sur ces verres de vin que je prends un peu, de même. Sur le Est-ce tout le temps ben nécessaire de boire jusqu'à un point où je me sens, le lendemain, mal ? Bref, ça a vraiment eu un impact. C'est ça que j'aime dans ce texte-là. Puis même qui me ramène à l'essentiel du théâtre. C'est quand le texte, quand tout ça me dépasse moi, dans le sens où c'est plus grand que moi. C'est là que c'est important, c'est ça que j'aime. Moi, je me sens comme la porteuse, la messagère de quelque chose. Puis après, ça résonne. C'est sûr que c'est super sensible. Beaucoup de gens qui m'ont pogné par la main, par le bras, tu sais, un peu fort. Des gens qui ont connu ça ou même qui t’ont connu. J'étais vraiment une éponge. Je le sentais. Habituellement, moi, après les shows, quand je sors de scène, je redeviens cette personne un petit peu introvertie ou un peu timide, j'aime pas beaucoup sortir. Habituellement, je me faufile un peu, je baisse la tête. Car j'ai un petit peu de la misère avec prendre le beau, puis de l'accepter. Mais là, on dirait que je sortais de scène, puis je marchais un peu plus lentement parce que je sentais que les gens voulaient venir me parler, voulaient me dire des choses. Et puis que ça me concernait pas tant sur Hey, t'étais bonne, c'était genre Hey, mon frère, il vit ça. Fait que c'est ça, c'est ça qui est beau ! C'est ça que j'aime beaucoup. Puis que ce show-là crée ça, que ça aille plus loin... C'est plus grand que moi, c'est plus grand que nous. Une portée hyper grande.
CM : J’ai ressenti ça aussi, en assistant à la première à La Bordée, les bouts que je voyais pas embrouillés à cause de mes larmes d'émotion et de mascara. Bon, c'est sûr, je peux pas dire que je suis objective à cet objet théâtral-là, évidemment. Mais j'ai trouvé que c'était un tout, avec la mise en scène de Pascale [Renaud-Hébert] la conception sonore de Vincent [Roy], et tout ça, et puis ton jeu, qui m’a bouleversé, ému, je trouvais qu'il y avait tellement comme un espace sans jugement du parcours, de la consommation. Je trouvais qu’il y avait beaucoup d'ouverture, de permettre au canal du texte, de donner une vie distincte, élevée. J’étais sur le cul, je le suis encore. C'est que je vais être reconnaissante toute ma vie.
AC : Ah, mais c'est un texte qui est magnifique !
CM : On parle aussi de mémoires de boisson dans la pièce. Toi, ta première brosse, t'en souviens tu ?
AC : Ma première vraie brosse ? Euh, je pense que c'était une Saint-Jean. C'est cliché un peu, mais je pense que c'est ça ma première vraie ou en tout cas dans mes premières, là. J'ai 15 ans, puis ouais, cette Saint-Jean-là, ça a brassé pas mal, parce que j'avais perdu une amie [décès] pas longtemps avant, en février. Et puis là, j'avais connecté avec un gars, c'était comme la première fois que je frenchais, bref, un peu comme dans ton affaire, là.
CM : Toute qui arrive en même temps !
AC : Oui ! C'était vraiment spécial. Puis moi, ma bière de prédilection, dans le temps, c’était de la Black Label. J'étais capable quand même dès mon jeune âge à contenir. Un six pack, c’était pas assez, il m’en manquait peut-être deux, trois, là, pour commencer à être très bien. Et puis c’est ça, mais, écoute, l'alcool, ben encore à ce jour, moi too, c'est une zone fragile pour moi. Je sais pas si je peux appeler ça des problèmes de consommation, mais en même temps, c'est ça... Je suis encore en questionnement de savoir où c'est que je me situe, parce que ma consommation est souvent liée à ça : des circonstances très émotives. J'aime en même temps découvrir, mais tu sais, à un moment donné, je me rends à un stade où j'en prendrais une autre, même si, j'ai déjà dépassé.
CM : Ça peut être du contexte social aussi, que tu sois appelée à sortir après une première ou après la dernière d'un show ou un tournage, où t'es encouragée à être là. Tu sens pas que tu peux nécessairement partir illico en disant Ciao bye ! à tes collègues, l’équipe avec qui tu viens de travailler beaucoup, car c’est de maintenir ce réseau-là, et ça passe souvent, par le rituel de la boisson... Y a toute cette zone-là, que ça peut devenir délicat.
AC : C’est ça, tu sais, c'est mon métier. C'est sûr que ça nous amène à être beaucoup dans ça, la consommation.
Mais ça, tu peux faire le choix, donne-moi une bière sans alcool, puis ça va être ben correct. Le monde, ‘sont pas tant regardant, mais c'est sûr, qu’après une première de show, tu le veux le champagne, tu veux pas la petite bière flat. Il y a comme quelque chose, avec l'alcool, est accolé à la célébration, à la réussite, quand t’es fière. L’idée que c'est le fun, que ça fait du bien.
AC : C'est sûr que beaucoup en revient à ce concept-là... Mais je pense que j'ai eu le vin triste aussi des bonnes périodes, aussi de boire toute seule, justement, j'essaie de plus faire ça. J'essaie de toujours consommer en présence dans un contexte donné, à un souper, avec des gens. J'essaie de pu prendre des bières mettons en jouant à des jeux vidéo. C'est niaiseux, mais c'est parce que ça donne le goût d'en prendre deux, trois. Puis bien sûr que c'est le fun mais je sens que parfois je trépasse la ligne, puis il faut que je me tienne là. Mais c’est sûr, ça me ça me met dans des zones de questionnement, c’est un cheminement que moi aussi je porte à l'intérieur… Je pense que c'est pour ça que ton texte vient me toucher autant. Je raconte cette histoire qui t'appartient puis qui me touche énormément, mais qui résonne bien sûr avec l'interprète qui est ici-là.
CM : Si jamais tu veux en parler, des questionnements par rapport à ça, je te dois et je te veux une longévité en santé, forte et solide. Je suis jamais loin.
AC : Haha, merci.
CM : Avant de débarquer ‘su Jean-Lapointe, là !
AC : Ben oui, ben oui !
CM : Faque c’est toute. Merci ! En finissant, à part S’aimer ben paquetée à La Licorne cet automne puis qui partira en tournée au début de l'an prochain, où est-ce qu'on peut te voir, où est-ce qu'on peut te suivre prochainement ?
AC : Sur mes réseaux, évidemment pour toutes les activités périphériques. Je vais faire L'éveil du printemps qu’on reprend au théâtre Denise-Pelletier à Montréal en janvier. Je vais être collaboratrice dans une émission qui s'appelle Bien joué à Télé-Québec, qui est un magazine culturel pour les jeunes de 13 à 17 ans, mais même pour les jeunes adultes. Sinon, je suis en train de créer avec ComédiHa! un autre projet de fiction qui est en branle, qui se construit tranquillement...
CM : Merci plein !
AC : C’est quand qu’on se voit ?
CM : J’y va le 9 à La Licorne, on va se voir !
DATES & BILLETTERIE POUR S'AIMER BEN PAQUETÉE
Avec Ariel Charest dans une mise en scène de Pascale Renaud-Hébert.
Montréal : 30 octobre au 24 novembre 2023.
Drummondville : 20 février 2024.
Lachine : 22 février 2024.
Saint-Camille : 24 février 2024.
Québec : 4 au 15 mars 2024.
Shawinigan : 4 avril 2024.
Terrebonne : 4 juin 2024.
Et pour lire S'aimer ben paquetée publié aux éditions L'instant même, disponible en précommande sur leslibraires.ca, et librairie le 17 octobre.