- Charles Bukowski
- Proverbe presque beauportois
When you quit drinking you stop waiting. (Quand t'arrêtes de boire, t'arrêtes d'être serveuse. (Traduction libre))
- Caroline Knapp, Drinking : A Love Story
Apéritif...
Ayant arrêté de boire au printemps 2020, j'ai crée ce blogue pour y écrire entre autres sur mon cheminement vers la sobriété à travers plusieurs articles. J'essayais de trouver la formule pour illustrer très exactement ce que je vivais, et qui, à force de parler à des ceusses qui ont vécu la dépendance, n'était, bien que pas unique, encore trop rarement raconté pour le commun des mortels. J'en suis venue à souhaiter avoir quelque chose qui parle à la soûlonne professionnelle en moi, avec la luette la moins sec' de tout le Far-West, la fille de tous les partys qui a eu sincèrement de la peine quand Metallica a slacké la boisson, la fille, qui en planifiant ses voyages, repérait sur Google Maps tous les bars dans le périmètre de sa destination, pour ne jamais faire périr sa soif. Comment est-ce qu'on s'adresse à une buveuse convaincue, la boule sortie, qui se sert de son foie au petit matin pour brasser son vodka-jus d'orange-laisse-faire-le-jus ? L'idée de publier ceci, c'était pour mon désir de trouver quelque chose qui parle rof' sans faire la morale, quelque chose qui parle vrai sans être plate, quelque chose de pratique, comme *un guide* facile à consulter pour vos lendemains de brosse réflexifs, avec des conseils à suivre dans les premiers pas vers la sobriété. Peut-être même pour exposer des réalités, des vérités, sans trop vouloir imposer la prise de cette importante (et certes bénéfique) décision si vous êtes pogné.e avec la dépendance, l'abus. Voici donc mon humble tentative, avec les témoignages rassemblés d'une poignée de sobres pas pire loquaces. Santé !
*[NDLRS : Étant la plus nouvelle des sobres interrogés, je me permets de parsemer ça et là et similitudes et différences à travers les cheminements de mes compères, dans le but d’optimiser la pluralité des voix. Il va sans dire que chaque expérience est unique, importante. Et que chaque étape se vit avec son idiosyncrasie.]
NDLRS = Note de la rédactrice sobre.
* * *
DEUX CONSEILS POUR LES NOUVEAUX SOBRES, DE BERTRAND LAVERDURE, SOBRE DEPUIS 3 ANS
1- Les gens qui sont nouvellement sobres partent parfois en croisade contre l’alcool, deviennent des Jeanne-D’Arc ou des Inquisiteurs de la sobriété. Cette posture m’agace, me rend mal à l’aise. La sobriété, ce n’est pas devenir religieux et fanatique, c’est pratiquer la compassion à une échelle plus grande que nous. Ce n’est pas en faisant semblant d’effacer son passé que son passé disparaît, aussi vertueux que ces nouveaux anges se considèrent. Compassion est le mot d’ordre. Conseil amical, l’attitude à avoir; écouter l’autre d’abord, la posture à promouvoir.
2- Chacun a son point de rupture. Chacun a une jauge à exaspération de soi-même différente de celle des autres. Ne pas juger le vieil alcoolique qui a essayé d’arrêter trois fois sans y parvenir; ne pas aduler le jeune alcoolique dans le vent qui a cessé de boire à trente-cinq ans. Il y a un scénario idéal de la rupture avec l’alcool qui gît au fond de nous. D’abord s’examiner pour comprendre d’où vient cette soif de débauche ou d’autodestruction, cette soif de perte de dignité. Ensuite voir dans quel horizon y répondre. J’ai pris trente-deux ans pour arrêter de boire. Mais quand ma décision a été prise, je ne suis jamais revenu en arrière. J’étais prêt, j’avais atteint mon point de rupture. D’autres agissent plus vite, entrevoient mieux les conséquences de leurs débauches à long terme; certains, comme moi, se complaisent dans cette vision d’eux-mêmes et analysent moins bien l’arrivée du point de rupture. Compassion est le mot d’ordre. Patience et mûrissement les ingrédients de la réussite.
[NDLRS : Je ne pourrais penser à une meilleure entrée en matière pour lire les témoignages qui suivront. En effet, tous les cheminements sont bien différents, de cahoteux à asphalte neuve. Je dois avouer moi-même avoir souhaité que des amis qui avaient cessé de boire recommencent. Juste pour m'accompagner dans ma vie de stupre, de délurage d'après-midis au grand foie... Un jour à la fois, surtout le premier !]
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LE PARCOURS DE CINDY CINNAMON, SOBRE DEPUIS 2 ANS ET DEMI :
AVANTAGES SELON CINDY :
Se trouver du temps
Économiser de l’argent
Se ré-apprivoiser
Regain de créativité (brume qui se dissipe)
Focus sur soi, nouveau désir se faire plaisir
Mieux dormir et se lever en pleine forme
Regain d’énergie, sentiment de bonne humeur générale, d’être clean
La boisson, qu’est-ce que ça fait :
« Je me suis rendue compte à un certain moment donné que je n’aimais plus rien. Je n’avais plus d’inspiration. Moi qui a toujours été une fille créative, pleine d’idées, je vivais dans la brume, dans un trou noir au quotidien. J’allais à mes fonctions à reculons, avec 3-4 verres dans le nez pour le courage, pour ensuite être en crisse après moi. C'était rendu de vivre avec des idées noires; avoir continué, j’aurais même pu penser à me tuer. C’était à ce point-là. « Où sont tes rêves ? », que je me suis demandé. Ma créativité était résolument affectée. Je n’avais plus de patience. »
On se perd, dans le chemin de la boisson. Tout ce que je voyais, c’est qu’y avait rien.
« C'est mettre en jeu sa santé, accumuler la fatigue... J’ai toujours été une fille de party, on m’invitait partout. Aussi, en travaillant dans le public, l’alcool était devenu une façon d’évacuer mes frustrations, un remède pour me détendre, un antidépresseur qui est devenu tranquillement un dépresseur. C'était de se lever le matin en étant déçue de la vie. Pour avoir travaillé dans les bars, j’en ai couché des gars au niveau de l’endurance de boisson, et avec une certaine fierté, mais à quel prix ? Maintenant, j’arrive à 50 ans et je retrouve une forme que je n’avais même pas à 18 ou 20 ans, puisque j'étais toujours sur le party. »
Ne plus boire, c’est :
Se rendre compte que quand ça ne fait plus, il faut penser passer à autre chose.
Parfois plus facile qu'on pense (Je pensais arrêter pour deux semaines, je ne m’étais pas mis d’objectifs. J’ai bu mes deux dernières bières québécoises à la Saint-Jean. Et puis, le temps a passé, pour me rendre compte que ça ne me manquait pas tant.)
Retrouver des plaisirs égarés, de lecture, de musique. Des passe-temps qui prennent le bord, parce que - l’alcool - devient l’activité.
Avoir beaucoup de fun, sans oublier sa sacoche !*
*[NDLRS : Je seconde ici le plaisir de se réveiller le matin avec tous les mêmes morceaux de la veille, soit : mon cellulaire, mes clés, ma carte de débit, mon foie, ma dignité, mes bobettes, mon pancréas, mes cheveux (mes vrais ou mes perruques), mes molaires, mon sens de la répartie, mon swag. (P.P.S. Soyez rassurés, je les ai tous retrouvés successivement sur St-Joseph Est, drà' là où je les avais échappés...]
Et depuis, c’est comment la vie sans boisson ?
C'est s’offrir une vie qu’on ne connaissait pas, et qui ne peut pas être pire que celle d'avant. Même si on est dans la rue, même si on est malade. Ça peut juste être mieux.
« C'est se rendre compte que les problèmes semblent souvent bien pires. On peut avoir peur de faire face à nos problèmes en étant à jeun, parce qu'on croit ne pas avoir assez de force. Mais au contraire; en étant sobre, on est mieux armé pour y faire face. On prend une minute pour se recentrer, pour se mettre en mode résolution, et puis on y va. Pour régler nos problèmes, au lieu d’éviter toujours, au lieu de mettre un plaster temporaire.»
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SE SERVIR DE L’EXPÉRIENCE DE DAVID, SOBRE DEPUIS 11 ANS ET 10 MOIS.
CONSEILS :
Arrêter de consommer pendant une pandémie (Lol).
Se tenir dans des sous-sols d’église, c’est-à-dire dans les fraternités anonymes, parce que c’est scientifiquement démontré que c’est ce qu’y a de plus efficace pour demeurer abstinent, de se trouver un réseau social d’abstinents aussi en rétablissement. Et peu importe lequel; on peut aller aux Alcooliques Anonymes, Narcotiques Anonymes, Cocaïnomanes Anonymes, Gamblers Anonymes... L'idée, c’est plus de se retrouver avec des gens qui partagent nos obsessions et nos compulsions, et qui arrivent à les gérer.
Avoir des modèles de gens, de personnes qui vont bien, malgré leur dépendance.
En gros, aller se chercher de l’aide, et même si on a l’impression d’être différent, ben, se rappeler qu’on a une chose en commun, et qui est cette propension, à s’étourdir et se détruire par l’obsession et la compulsion, peu importe la substance ou la dépendance.
S’investir corps et âme dans de nouvelles passions, ou de vieilles passions abandonnées. Tout ce qui peut nous amener une certaine satisfaction, plaisir, ou désir aussi, donc ça peut être évidemment dans l’art, dans le sport, dans le sexe, dans les projets de rénovation de maison, peu importe ! L’idée, c’est de s’occuper.
« Moi, dans mes premières années, en fait, je les ai consacrées beaucoup à l’écriture et à la marche, chu vraiment pas un crinqué de la randonnée à aller se prendre en photo au haut d’un monticule ou d’une montagne, mais j’ai pris des marches dans le quartier comme un fou. Quand la soif me prenait en début de soirée, je mangeais des pommes et je marchais. Donc peut-être que ça m’a sauvé la vie ! En tout cas, ça m’a occupé, et quand on est occupé, on boit pas, et on ne consomme pas d’autres substances récréatives ou destructrices.»
En somme, David conseille de se garder occupé, investi, car comme il dit : « Il y a un point commun chez presque tous les dépendants; c’est une belle grande sensibilité, on est des humains vulnérables. Et probablement que c’est dans cette vulnérabilité que s’est garrochée notre dépendance. Donc, il faut prendre soin de soi, pas juste se priver des plaisirs qu’on avait par la consommation, parce qu’on n’est pas des caves non plus, han ? Si on se torchait, c’est parce qu’on y trouvait un certain plaisir ou un certain apaisement. Ben, y faut réussir à mettre du plaisir et de l’apaisement autrement dans nos vies ! Parce que si on est juste dans la privation, ça va tenir un boute, mais ça risque de lâcher, et de lâcher fort le moment venu. »
*
LES CONSEILS & LE POINT DE VUE DE LUX, 8 ANS DE SOBRIÉTÉ :
L'ÉVANGILE SELON SAINT-DRY :
« Chaque party deviendra pour toi un Bring Your Own Canada Dry : Pendant longtemps j'ai traîné un 2 litres de liqueur dans tous les partys. Vers 2h du matin, c'est moi qui payait la tournée ! Mais voilà. Ça peut être du jus, du kombucha, de l'eau pétillante, un mix de tout ça. L'idée, c'est d’avoir toujours un truc à boire. Pour trinquer solidairement, mais sobrement. La plupart du monde se rendra même pas compte que tu bois pas d’alcool si t'en parles pas. »
MODE D'EMPLOI DE LUX :
Pour répondre aux questions :
- Han, tu bois pas ?
- Non.
Voilà. Pas besoin de justification.
- Han, pourquoi tu bois pas ?
- Parce que.
Avec un beau sourire ça passe toujours bien. Et là, t’enchaînes avec un compliment :
- Mais c’est ben beau ta rooooobe !!!!
Diversion garantie.
Si la personne t’offre une bière :
- Non merci.
Beau sourire.
Ça fonctionne encore mieux quand t’as déjà un verre à la main. On répète : Toujours avoir quelque chose à boire.
Les bières sans alcool :
Il en existe maintenant une très grande variété, quelle chance nous avons ! Se rappeler que : 0.5% n’est pas sans alcool. 2% non plus. Ça peut vite se transformer en béquille et te faire replonger. C'est une fausse bonne idée. 0% ou moins de 0.5%. Faut vraiment rester attentif*. Mais sinon voilà : Vous faites peut-être partie comme moi des gens qui tolèrent la 0.5% sans rechuter. On n’a pas tous la même tolérance au risque. And it’s ok. Aussi, mettons qu'on parle cash... Un 6 pack de Bud Prohibition 0% va te coûter 15$ environ au dép. Un 2 litres de Canada Dry : environ 2,50$. Lol.
*[NDLRS : Pour ma part, je le sais en masse que je ne serais pas capable de boire juste un ti-peu comme le petit oiseau fin et délicat annonceur de printemps que je ne suis pas. Je suis une sarfe auto-proclamée et célèbre pour toujours commander et boire deux verres en même temps. Boire était une compétition contre la modération que je gagnais (perdais) tout le temps (au frontibus ET au neztibus) ! À quelques mois de sobriété, je n'en ai d'ailleurs pas encore ressenti l'envie, de ce qu'on appelle le « boire pour le plaisir ». Les seuls moments où l'idée d'alcool en moi m'est venue, c'était pour me punir la gueule au gallon de Wallaroo Trail en passant devant le dép' parce que j'étais fâchée à cause du pu de wifi chez nous (entre autres). Relire le chapitre sur les pulsions, passez Go, et réclamez 200$...]
Les soupers de famille :
C'est tricky.
Mais ça se fait.
Encore une fois, arrive avec ton breuvage. Tiens-toi proche de la cuisine. Si possible, aide à faire le service. Assure-toi que la place où tu seras assis.e aura un beau verre du jus que tu auras apporté. Si les coupes sont remplies d'avance, spécifie que tu n’en veux pas.
- Han, tu bois pas?
- Non. Merci.
- Pourquoi?
- Parce que.
Beau sourire.
- Hey c'est donc bin beau votre nouvelle déco dans le salon !
(See what I just did there.)
L’argument : « Non, chuis sur les antibiotiques ! » est à éviter. Sinon, t’as 3-4 matantes qui vont te poser des questions et tu t’enfonceras à l'infini dans un vortex de mensonges*. »
Au bar :
Tu commandes une sans alcool.
All is fine. La barmaid t’apporte une belle Stella Artois. ‘Est à 2%, la tabarnak. Pis est déjà ouverte obviously. 10$ dans le drain. Pis la barmaid, elle, 'a pourrait pas s’en câlisser davantage. Paie-bois-décrisse. T’es dans un bar pour boire, anyway ? Right ?
Ce que tu aurais pu faire au moment de commander :
- C'est quoi t’as sans alcool ?
- Haaaaaa... J’ai juste d’la Stella Artois...
- Ah, y en font d’la 0% ?
- J’sais pas...
- Peux-tu checker, svp ?
Si elle gosse, la barmaid, n'insiste pas. Call un Canada Dry. Vous allez tous passer une meilleure soirée. Un madné' aussi, on finit par toutes les connaître, les sortes. On sait que Grolsch fait d’la 0%. On sait qu'y font d’la Radler 0% ET de la 2%. L’emballage est presque pareil. C'est vraiment gossant. On sait que mononcle Gontran* a cette habitude de distribuer des chocolats au cognac après le souper ? Donne-les à ton voisin, y va être content.
Ça m'amène au point suivant.
« Tournée de shooters ! »
Tu vas voir que ton voisin va être content en tabarnak de boire ton shooter.
« On porte un toast ! »
- Chic, j'ai justement mon verre de Canada Dry !
« Mon chum m'a laissé, I'm a mess ! »
Laisse ton ami.e boire son soûl. T’es pas obligé.e de boire par compassion. T’avais justement apporté ton eau pétillante. Ta présence should be enough. (Pis c’est peut-être mieux de rester sobre.) Ça évite de finir par aller péter les fenêtres de l’ex*. Genre.
*[NDLRS : J'aurais bénéficié d'eau dans mon vin justement, quand venait le temps, aux occasions de mine basse & coudées hautes de l'une de mes consoeurs, de leur apporter mon support. Combien de rituels de sorcellerie paquetée et de poulets sacrifiés sur l'autel d'un saligaud qui avait brisé le coeur à mon amie se sont avérés être une monumentale et désastreuse brosse rurale ? Combien de vaccins contre le tétanos auraient pu être évités si seulement j'avais pu rester un peu présente d'esprit pour une amie en peine ou en besoin d'assistance ?]
« Hey, bravo, t'as gradué, faut fêter ça ! T'as publié ton livre, faut fêter ça ! T'as passé à travers ta journée, faut fêter ça ! »
Vois comme tout est sujet à récompense. Et que la récompense, c'est dans le champagne, la bière, le vin. Tsé qu’une fête, ça peut aussi être un gâteau avec un verre de lait ? Han ? »
La récompense, autrefois en alcool, maintenant ça peut aussi être de te payer un recueil écrit par un ami, ou... que sais-je ? De toute façon, tu en auras les moyens, en ne buvant plus. J’dis ça d’même !
*
CONSEILS DE KIM, SOBRE DEPUIS 1 AN ET 7 MOIS :
Attention, plus aucune excuse pour les sautes d'humeurs !
Aussi, tes ami.es qui t'encourageaient toujours à prendre le plus de shots seront ceux qui te hurleront par la tête lorsqu'ils te verront arriver avec un shot (de jus de canneberge, pourtant) : « NONNNNNN, TU PEUX PAS BOIRE D'ALCOOL ! »*
*[NDLR : De mon expérience, même si toute récente, j’ai effectivement constaté à ma grande surprise que mes plus grands amis de boisson sont devenus mes plus grands supporteurs ! Quelle belle et étonnante découverte, que ces alliés de sobriété, même s’ils continuent de se paqueter ! Et aussi effectivement, il peut être tentant d'excuser certains comportements parce qu'on était en boisson. La sobriété force à assumer qui on est, au coeur. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'on est souvent une pas mal moins pire personne à jeun que câlissement su' à brosse.]
*
CONSEILS & TÉMOIGNAGE DE JASON, SOBRE DEPUIS 4 ANS :
« Personnellement, j’ai plus de 4 ans d’abstinence et de rétablissement et comme j’œuvre dans un domaine où la fête est fortement encouragée, j’avais plusieurs craintes à l’égard des situations sociales où la consommation est courante.
D’abord, plusieurs personnes abstinentes dans mon entourage ont décidé de faire un changement de cap et d’opter pour un mode de vie où la consommation est quasi inexistante. C’est d’ailleurs une approche que plusieurs « sages » me proposaient d’avoir. Or, j’adore ce que je fais dans la vie et plusieurs amis d’enfance ont le coude léger, il était donc hors de question pour moi de faire ce virage à 180 degrés. J’ai plutôt opté pour l’approche « hardcore » de l’abstinence.
Je continue donc d’avoir une vie festive, mais sans lendemain de brosse. Il y a beaucoup d’avantages à ne pas consommer, en commençant par la santé, le portefeuille et l’estime personnelle. Au diable la petite grosse avec une « push-up bra »* au coin du bar, elle trouvera bien un autre poisson dans l’aquarium ! »
*[NDLRS : Me considérant moi-même comme une petite grosse avec une push-up bra, je réfute absolument ce témoignage, et tous seraient chanceux qu'une petite grosse en push-up bra s'assoit sur eux autres, en finissant leur gâteau de fête. I said what i said.]
Il faut savoir que faire le « party » sobre, c’est :
1. Entendre plusieurs fois par soir « Hein, tu ne bois pas... Je ne sais pas comment tu fais ! » Avouer être sobre lors d’une soirée en 2020 peut sembler aussi farfelu que d’entendre Michel Louvain sortir du garde-robe lors d’un spectacle dans le fin fond de la Beauce conservatrice dans les années '70. Mais en réalité, l’abstinence et le rétablissement tiennent sur 3 grands principes : l’honnêteté envers soi-même, l’ouverture d’esprit et la bonne volonté. Voici 3 valeurs que tu as probablement « on top » de la majorité des pèlerins présents dans ton party. Bref, tu es un esti de guerrier et sois fier.e !
Combattre ses démons et accepter que le « boire contrôlé » n’est pas une option pour toi, ça prend de l’humilité et pour ça, tu es probablement plus fort que le n’importe quel gars sur la sauce au Shaker.
2. Entendre 482 fois la même joke ! Tu vas découvrir au fil du temps que tu es plus patient.e que tu ne le crois. Endurer du monde chaud alors que tu es à jeun va te faire réaliser à quel point le monde autour de toi peuvent avoir un mental de Viet-Cong. Tu risques d’entendre 482 fois la même joke dans la soirée, et le problème c’est que ça vient de ton meilleur ami. Cette situation, tu peux la prendre de 3 façons différentes :
Tu fais ton hypocrite et tu « rigoles » 482 fois.
Tu fais sentir à ton ami qu’il est cave et qu’il se répète. Peut-être qu’il va t’envoyer promener, ou peut-être que tu auras semé une graine et qu'il te rejoindra dans ta sobriété.
Tu sacres ton camp ! Tu peux faire le party sans « closer » le bar. Personne ne t’oblige à rester quand le QI général descend en bas de celui de Vanier*.
*[NDLRS : La maison d’édition Crostina Moskounni tient à se dissocier des propos tenus contre ville Vanier. On aurait pu utiliser ici tout autre quartier crado-fantomatique dépeuplé de tout intérêt culturel, là où l’intelligentsia locale est grugée sur l’os comme une aile de poulet en spécial à l’achat du pichet de draft tiède. N'importe où d'autre, sincèrement...]
3. Être le chauffeur désigné : Il y a une certaine fierté à savoir que tes amis sont retournés à la maison en sécurité. Cependant, j’avoue, ce n’est pas toujours évident de se sortir du rôle de chauffeur de taxi. C’est pourquoi j’ai appris à mettre mes limites. Si tu es capable de dire haut et fort que tu es sobre, tu es certainement capable de t’affirmer et de dire à tes amis que ce soir, tu n’es pas un taxi et qu’ils doivent planifier leurs déplacements. D’un autre côté, si tu as un chum brosseux qui a une Porsche, voici ta chance. Si on te demande d’être le chauffeur désigné, tu peux en retour exiger le modèle de voiture dans lequel tu souhaites reconduire tes amis !
4. Les bières sans alcool (bis) : Personnellement, j’ai vu au fil des 4 dernières années l’offre de bières sans alcool croître de façon fulgurante. Tu as maintenant des stouts, des lagers, des IPA et des trucs pas buvables aux fruits à ta disposition. Faut croire que depuis que j’ai arrêté de boire, les compagnies de bière ont vu leurs chiffres d’affaires affectés. J’aime bien dire qu’ils se sont adaptés à moi.
5. « Enwoye » juste une ! Tu auras toujours un chum chaud qui te suppliera d’en boire juste une avec lui. NE FAIS PAS ÇA !
J’ai comme dicton, une c’est trop et 1000, jamais assez.
« Ne tombe pas dans le panneau, car chaque fois que tu plieras sur ton honneur, le retour à la sobriété sera plus difficile. Puis sérieusement, veux-tu vraiment te lever avec une gueule de bois, ton char au bar, pogné dans la chambre de la petite chubby avec une « push-up bra » qui était au coin du bar ?* »
*[NDLRS : Au nom de toutes les petites chubbys de coin de bar, continuez votre épivardage de façon éhontée et fière, car crapauds et princes et autres créatures vous attendront et c'est à vous de choisir ! Merci de votre attention.]
« À toi, nouveau sobre, je sais que ce n’est pas toujours facile, j’ai failli flancher quelques fois au cours des années, mais crois-moi, le jeu en vaut la chandelle ! Oui, j’ai gardé mes vieux chums de brosse mais j’ai aussi découvert des gens formidables qui ne consomment pas avec qui je peux exprimer mes émotions, sans filtre houblonné. Salut les peureux ! »
*
L’EXPÉRIENCE DE MICHAËL, SOBRE DEPUIS 2 ANS :
« Généralement, les gens sont plus que d’accord et admiratifs avec le fait que je ne bois pas.
Les remarques sur l'idée que je devrais recommencer sont venues de gens plus âgés (60 ans et +) et étaient adressées sous forme de blagues. Considérant ma volonté plus grande que les remarques de ces personnes là, j’en avais plutôt rien à criss’ à part que de rire d’une joke bien formulée.
Ça m’arrive encore quelques fois de me faire offrir des shots ou des verres dans une tournée. Quand ils sont déjà servis et que je les retourne, j’ai droit à beaucoup de respect, voire même souvent des excuses. Je me rends quand même vite compte que c’est pas un gros problème quand l’offrant prend conscience que ça en fera plus pour lui, et que du même coup sa bonne conscience d’avoir voulu m’inclure est assouvie.
En général, ma sobriété est assez bien vue et même félicitée (on est quand même pu en 1950)*.»
*[NDLRS : On sent le contraste ici avec le témoignage amené par Jason, que l’annonce de sobriété peut créer une onde de choc, en 2020. De mon expérience personnelle, j’ai vécu les deux, tout dépendant à quel groupe je l’annonçais. Plus les gens m’ont vu souvent paquetée comme un âne, la boule sortie avec un abat-jour sur la tête en me prenant pour Jefferson Airplane, plus ils encourageaient ma décision. Moins ils connaissaient ma réelle propension à faire semblant de branler deux bizounes imaginaires dans les airs en public après trois bouteilles, moins ils comprenaient mon désir de devenir sobre. Ça a peut-être quelque chose à voir, cette corrélation…]
« Je sais pas trop quoi donner comme conseil. Je joue beaucoup de fierté par rapport à ma non-consommation, et c’est assez facile pour moi. »
La raison étant que j’ai associé ma consommation à tellement de choses négatives. Des comportements de merde, des choses que j’aurais fait différemment, des moments que j’aurais plus pris le temps de savourer et pour lesquels j’aurais aimé garder un souvenir lucide, une mauvaise lecture émotionnelle des choses, un feeling physique d’ostie d’shit, des journées de gueule de bois sacrées d’in vidanges, du cash disparu que j’aurais pu investir sur des projets dont je rêve et etc, etc, etc.
« Assez que je m’en suis mis à avoir un dégoût de consommer. En plus, j’me sens très high on life (et encore plus depuis que je ne fume plus de pot ni de tabac). Ça, ça peut être un bon conseil. J’ai beaucoup contrebalancé en fumant du pot en sacramant, pis ça m’a downé pas possible (déjà que l’alcool me downais beaucoup). Mais ça, c’est une autre histoire, le pot, ça m’isolait dans ma tête. Bref, en lâchant tout ça j’me suis sorti d’une dépression qui m’a durée facilement cinq ans. Depuis que j’suis sobre j’suis câlissement high, ce qui m’enlève le goût de recommencer quoi que ce soit parce que c’est comme si j’étais sur un autre trip que je considère pas mal mieux. Ça reste que j’ai pallié dans autre chose quand même. Je me dope beaucoup à la course, mais là-dessus, chacun sa soupape. »
*
CONFIDENCES DE CATHERINE-ANN, SOBRE DEPUIS 17 MOIS :
« J'a parti une pages de memes* sur la sobriété (c’est souvent axé sur les fraternités parce que j’en suis), et j'écoute des podcasts. Ce qui revient, c'est que c’est correct de s’en aller quand t’es tanné.e. De prendre un break dans le milieu. Faut pas mettre de l’énergie à essayer d’être la personne que t’étais dans les partys avant, mais trouver la place de celle que tu es maintenant. »
*[NDLRS : Lien ici pour la page OK.Sober de Catherine Ann. Je vous encourage également à découvrir les podcasts Wassobre!]
*
MICHÈLE, anciennement aux prises avec ses dépendances
Pu jamais ?
« Il y a des gens qui ne croient pas qu'un alcoolique puisse être capable de se modérer à l'occasion, mais moi j'y crois. Si la personne a changé de mode de vie complètement et qu'elle s'est guérie du mal intérieur qui l'amenait à consommer, oui, selon moi c'est possible. Je l'ai expérimenté, et présentement je n'ai jamais eu envie de rechuter, parce qu'aujourd'hui je suis bien avec moi-même. »
En perdre un peu, pour se retrouver
« Ce que j'ai remarqué, c'est que quand j'ai arrêté de boire, beaucoup de mes anciens « amis » se sont désintéressés. L'affaire, c'est que pour réussir à arrêter de consommer, j'ai dû changer une partie de moi, non seulement sur ma dépendance à l'alcool et mes fréquentations, mais mon côté « party » et dépendant affectif qui faisait que je ne pouvais jamais rester seule. Je passais mon temps à sortir et rechercher la compagnie d'autrui. »
Bref, j'ai dû renaître et devenir une autre personne, mais une personne dans laquelle j'allais être bien et me sentir comblée afin de ne pas retomber dans les mauvaises habitudes.
« Je suis devenue une fille très sportive (nouvelle dépendance pour me défouler et me sentir bien), je suis devenue également une fille avec plusieurs centres d'intérêts, ce qui n'était pas le cas avant, excepté la musique. J'ai dû découvrir un tas de choses jusqu'à temps de me trouver des centres d'intérêts suffisants pour stimuler mon bonheur, que je ne trouvais pas ailleurs que dans l'alcool. Je suis atteinte d'un TPL diagnostiqué à l'âge de 19 ans, et je me bats chaque jour pour être sobre et heureuse. »
CONSEILS DE MICHÈLE EN VRAC :
Trouver des fréquentations qui n'ont pas besoin de l'alcool à chaque fois que tu es avec eux.
Déménager dans un endroit sain où il fait bon vivre*.
Trouver un travail que tu aimes et qui ne te stresse pas.
Faire du sport, bien manger et bien dormir.
Partir à la recherche de centres d'intérêts en voie de devenir des nouvelles passions, si c'est possible.
*[NDLRS : Le 'où il fait bon vivre', pour moi, ça a été Saint-Élie-de-Caxton en Mauricie, et je le recommande chaudement même si je ne suis plus chaudaille. Une terre d'accueil qui, tranquillement pas vite, a, pour moi, entraîné la sobriété dans ses effets secondaires. En fait, tout petit village aux grands espaces a de bonnes chances de vous attraper le coeur dans leurs filets cousus de mailles aux dorures brodées de bienfaisance. S'autoriser à changer de vie, faire des choses que l'on pense qui ne nous ressemblent pas. Pour ce qui est de 'faire du sport, de bien manger et de bien dormir', mon moi intoxiqué vous aurait envoyé chier royalement haut et fort et drette-net-sec avec ce genre de propositions. Croyez-moi, je vivais comme bien d'autres alcooliques fonctionnels : sur un deathwish avec des pulsions d'auto-destruction quotidiennes. Mais, la sobriété DONNE de l'énergie qu'on ne croyait pas avoir, ça DONNE de la volonté qu'on s'ignorait et ça ENLÈVE le goût même, de se détruire le corps en ne buvant (et en ne mangeant) que de la scrap au-dessus d'une poubelle en feu, en ne dormant jamais plus de quatre heures par nuit, et en étant soûle comme la Pologne au petit matin. Oui, je vous avoue là z'ici mon véritable passé de princesse, et je vous prie de contenir votre immense jalousie, merci.]
*
Un buveur. Tantôt un homme sensé, parfois un imbécile, présentement une bête. C'est l'histoire de ma vie.
- Barney Gumble, en citant Othello
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CRISTINA, SOBRE DEPUIS 6 MOIS :
Les avantages de l'arrêtage de boire ont pas mal été dits ci-haut. Et même si certains points semblent revenir, c'est parce que c'est vrai. Et des fois, même si on se fait dire la même christie d'affaire 1286 fois, c'est peut-être la 1287e fois qui va rentrer. Donc, oui, arrêter de boire, ça fait du bien. Le même bien que ça fait que d'arrêter de tous les jours te verser du vinaigre blanc dans ta plaie ouverte sur le genou.
Si je m'adresse ici à la buveuse hardcore que j'étais, il s'en faudrait plus que de témoignages aux garanties de ciel bleu, et de bonheur qui goûte bon le lilas frais pour me faire changer de ma trajectoire drink 'n' destroy.
Rehab is for quitters, que j'ai déjà lu sur un t-shirt aux alentours de 2009. Je trouvais ça ben hot. Culturellement, je crois que cette mode est en train de s'estomper, si on écarte les frénésies de Tide Pods et autres challenges de sniffage de condom. En général, les plus jeunes que moi ne semblent pas voir l'intérêt de se péter la face en buvant avec autant de ferveur, même s'ils auraient autant sinon plus raison pourtant, avec le climat actuel, d'hurler "No future" avec leurs stries de vomi de bile crachée dans les rues en flammes de notre présent. Mais, je ne crains pas pour trouver relève, même si j'ai accroché les patins de mon pancréas et de mon foie fatigués; il y aura toujours des jeunes âmes en mal de vivre pour trouver l'ivresse et vouloir y rester. Je ne les blâme pas.
Si je m'adresse à des buveurs aussi dévoués que je l'étais, arrêter n'est même pas quelque chose d'envisageable. À la lie, à la mort. Quand on est alcoolique de vocation, on a fait la paix déjà croit-on avec l'idée que c'est ce qui nous tuera. Y faut ben mourir. Iglou, iglou. Mais si vous êtes rendu.e à lire jusqu'ici, d'abord merci, et aussi, dois-je avouer qu'est arrivé maintenant la chose la plus incroyable que je pensais vivre, dans tous les effets annoncés sur la sobriété : j'ai autant de fun à jeun.
Non, attends 'peu. Je passerai pas pour une crisse de menteuse icitte. Reformulons ça : Mes meilleures brosses, mes plus gros fous rires éthyliques sont quelque chose du passé que je n'aurai jamais réussi à retrouver dans mes dernières années, mes derniers mois de consommation, peu importe la quantité de mers et merlots avalés. Il faut savoir faire son deuil de l'époque des partys underground cools & branchés chez Hortense et des soupers de fondue qui finissaient en joyeuses orgies sataniques chez Hildegarde. Mais depuis quelques temps, je me surprends à nouveau à rire, déconner, faire rire mes amis comme je le faisais dans ma prime en étant ben sobre. Ça, c'est une christie de surprise. Un beau plus. Et j'aurais eu beau continuer à me torcher, amplifier la dose, changer de substance, pour finir dans un téléfilm d'après-midi qui s'appelle Spirale infernale (The party never stops, 2007, 4/10), à un moment donné, à force de consommer régulièrement, the thrill is gone, comme disait B.B. King Can de Wildcat. Ce qui serait mentir, ce serait dire que j'avais du fun encore à me soûler goulûment, toujours avec la soif et l'espoir pourtant que ce fun allait embarquer au fond du prochain gin tonic double.
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On peut boire pour toutes sortes de raisons, les conséquences restent les mêmes, souvent. Je me souviens d'être allée ivre morte dans un cours de claquettes, car l'anxiété seule me faisait trembler de trac à l'idée de pratiquer cette discipline nouvelle devant tant d'inconnus. Donc, pour diminuer, me disais-je, cet irrépressible tourment, je n'aurai qu'à boire jusqu'à ce que la gêne se dissipe. Ni vue, ni connue. Incognitaude. Je suis rentrée dans la classe chaude raide, en retard, en sentant comme un fond de barrique, attirant, évidemment, toute l'attention sur moi. Le souvenir de la face à ma chum qui semblait dire tendrement "What the fuck ?", et les autres élèves qui furent troublés par mon comportement, qui, initialement, j'aurais voulu fondu à la masse. Curieux choix, l'ébriété, comme camouflage. En infiltration, James Bond encaisse mieux les martinis shaken not stirred que moi, il faut croire.
J'aimais ça boire. Tout du rituel me plaisait. Je me trouvais fancy à 19 ans de m'acheter du vin de la SAQ et de le déboucher seule. Je me trouvais distinguée de commander tous les cocktails de la carte à 17 ans pour être une adulte savante sur la différence entre un Dirty Martini, un Singapour Sling, un Cosmopolitan, un Tom Collins et une quille de Carling. Je buvais toutes les christies de bières à la macédoine de légumes et houblons impossibles en ne recrachant jamais dans le seau des connoisseurs. Je n'ai jamais gaspillé. Je me trouvais évoluée en jasant d'apérol local et d'alcool de griottes à la mords-moi le bat, en feignant intérêt ou distinction, alors qu'en vérité ne comptait pour moi que le nombre de rasades envoyées au fond de mon infatigable gosier. Je buvais en tabarnaque peu importe où j'étais reçue, je finissais les verres des autres dans les partys où l'alcool était limité. Le Diable de Tasmanie dans une robe à paillettes trop serrée. Je traînais une bouteille dans ma sacoche aux fonctions où il n'y aurait pas de service de bar. Je buvais sur l'heure du midi quand j'haïssais ma job. Je buvais quand je voyais mes meilleurs amis. Je buvais quand j'allais dans des partys d'inconnus. Je buvais au restaurant au point de moins manger pour pouvoir boire plus. Je m'achetais toujours ce qu'il y a de plus cheap comme vêtements, souliers, shampoing, tampons, épicerie, savon. Pour pouvoir me laisser aller le luxe de l'alcool, des sorties. Des trous dans les bas et des bottes qui prennent l'eau à l'année.
Mais des épopées de millionnaires naufragés.
Des couronnes d'or sur mes dents noires.
Des colonnes grecques et des lions de marbre dans mon abri de plywood.
Une vagabonde au Frontenac. Rouler avec un pare-brise opaque.
Les paliers d'enfer ne résonnaient pas assez fort dans mon ivresse sourde.
Mais j'aimais l'ivresse. Beaucoup. Mes premières semaines de sobriété, je les ai vécues comme une peine d'amour. L'alcool m'avait accompagné depuis la jeune adolescence dans toutes mes joies, dans toutes mes peines. Dans mes fêtes, dans mes deuils, dans mon lit, dans mes hontes, dans mes mots, dans mes rêves embrumés, mes cauchemars étouffés. J'ai des séquences de vie qui ne sont qu'un long nuage d'appellation d'origine incontrôlée, car je les ai confiées à la boisson. J'étais à laisser les clés de char de ma vie à l'abus en me câlissant bien de la destination. Être à jeun, c'était une nudité en plein jour en pleine salle de classe. À force, donc, de sortir de chez nous et de revenir presqu'à chaque fois paqueté, on a de bonnes chances de se perdre en cours de route (littéralement et figurativement). Outre les effets physiques et psychiques de l'abus d'alcool, c'est son identité qu'on dilue. Je suis les liquides que j'ingère. Je parle vodka, je crie bière. Si Roger Tabra avait su lire dans les lignes du foie il aurait lu dans le mien : Boisson. Je me définissais par elle. Je me fondais dans la boisson. Je m'y suis effacée, masquée, j'aimais m'y croire hors d'atteinte à travers l'épaisseur de la bouteille. Clowneries, pathétiques pantomimes, personnages exubérants, fables d'exagération, Randy Quaid dans Le sapin a des boules (National Lampoon's Christmas Vacation, 1989, 8/10)... On n'est plus le personnage principal de notre propre vie; on devient une sorte de rôle de soutien. Support humoristique, anecdotique, essoré de toute consistance.
Crédit Frank Lam
Il y a des soûlons braillards et des soûlons comiques. Je crois que les soûlons comiques peuvent souffrir plus longtemps parce qu'ils rendent ça plus difficile de leur démasquer l'abîme, et qu'ils sont légèrement plus supportables en société que leurs contreparties ou confrères, consoeurs colériques, ou chigneuses au vin triste. Même si parfois bien agréables et créateurs de futurs bons souvenirs, ces prestidigitateurs improvisés funambules de fil de soirées, ces solutionneurs d'ambiance de party, sont rarement pris au sérieux. Pagliaccis de petits whiskys. C'est peut-être aussi, une ruse d'alcoolique, de s'arranger pour minimiser les dommages de nos excès. Oui, je suis tombée, déboulée par terre devant tout le monde, mais j'ai dis TA-DAM ! à la fin. Donc c'est plus comique que épouvantable. Pour l'instant. Mais ce que j'ai compris sur le tard, est que sortir n'est pas obligé d'être une performance. Oui, vous êtes drôle, mais personne n'exige de vous une représentation chaque fois que vous ouvrez la djeule autrement que pour boire une gloue. Ou, si c'est le cas, changez de gang au plus crissant.
Apprendre la sobriété c'est découvrir que les gens vont commencer à vous traiter différemment : mieux. Tsé, comme dans Cyrano De Bergerac. Ben, Cyrano il pense qu'il est so ugly et que les gens l'aimeront pas tel qu'il est au naturel. Il utilise Christian comme un masque, une face à présenter au monde. Parce qu'il le juge plus beau, plus acceptable. C'est un peu comment j'utilisais la boisson. "C'est un rot, c'est un hic, c'est un cap (de bière en spécial) !..." J'étais persuadée qu'être perma-chaudaille me rendait plus agréable aux gens, plus intéressante. Plus tolérable, docile, affable. Moins sauvage, moins dans ma tête. Une version de moi que j'aimais mieux. Une fois sevrée, je me découvre encore de jour en jour, et je constate que ma personnalité reste vulgaire, tonitruante, joviale as fuck, comme disait Shakespeare. Italienne un peu, bref. Je n'ai plus à blâmer l'alcool pour ces éclats de comportement, mais apprendre à les apprivoiser et les cataloguer (à tort ou à raison, mais plus certainement à tort) sur mon bagage génétique et mes racines spaghetti. (Mamma mia, les clichés !) Mais, plus sérieusement (ou si peu), quand on apprend à s'affirmer et être à l'écoute de nos vibrations, très rapidement, l'écho qui nous est retourné est favorable. J'ai vu la confiance des gens de mon entourage augmenter en peu de temps, j'ai vu des gens être fiers de moi. Des gens qui je l'ignorais jusqu'alors, tenaient à moi. C'est une étonnante découverte pour mon vieux coeur Esstra Dry.
Je sais pas si j'ai véritablement vécu un moment de déclic, touché un fond de baril, pour prendre cette décision que j'ai prise au printemps dernier. Tom Waits, questionné sur sa sobriété, a déjà dit simplement J'ai assez bu. J'ai peut-être finalement compris ce que je recherchais dans l'alcool, et accepté que ce n'était pas sain. Mais, je continuerai de reconnaître le plaisir de l'ivresse englobante qui m'a porté pendant près de vingt années, le deux-tiers de ma vie presque. Être soûle, c'était porter un manteau de fourrure pendant que tout le monde se les gèle. C'était arriver dans un party avec une majesté inventée dans le mouvement, et la grâce d'un petit éléphant dans un monde de bibelots de cruauté. L'alcool me permettait de me récompenser et de me punir selon un ordre savamment calculé avec l'adresse d'un trapéziste manchot. Ce n'était plus boire, c'était se crisser des volées. Accoutumée aux réveils douloureux, à la félicité qui revient après avoir avalé le deuxième et troisième verre, enfin. Aux rires de gorge dans des restaurants vides, aux embrassades nocturnes dans les parcs humides, aux ballades en taxi la tête frottée par le vent froid d'une fenêtre ouverte, au sol qui tourne sous mes pieds et à ma houle de plancher de bois, flottante. J'ai vécu auto-anesthésiée pour m'empêcher de souffrir des maux que je ne faisais qu'accumuler comme des vides sur ma galerie.
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On a toujours des exemples de pires que soi quand on boit. Au moins, je suis pas comme el' gros Chabot, au moins je suis pas comme la tante à Steph et Élo, au moins j'ai pas le boire malin comme l'itinérant au coin de Dorchester et de la Couronne. Je me souviens de soirées dans un bar du Vieux-Port où j'aimais m'échouer. Mon amie y était barmaid, alors j'y allais souvent seule, après mon shift de jeune waitress, accoudée à éponger les alentours autant que le fond de mes verres. Il y avait une habituée à ce même comptoir. Une femme d'une trentaine d'années. Souvent seule elle aussi. Elle disait à qui voulait l'entendre (personne, mais elle le disait pareil) qu'elle était avocate. Ce qui était bien possible étant donné les quelques firmes d'avocats dans le quartier entourant le troquet. Elle disait aussi la gueule pâteuse qu'elle parlait "le chinois couramment". Crisse qu'on l'a rit longtemps. C'était dans la façon de le dire, je crois me faut-il expliquer, si vous n'êtes pas déjà en train de vous bidonner. Une femme habillée classe, bien portante, plus-que-pompette, qui parle trop fort et qui répète tous les soirs dans un bar vide qu'elle parle le chinois couramment. En articulant ses mots comme de la mélasse. En répétant une fois de plus pour son cabernet-shiraz décanté. Avec un peu trop de prétention dans les inflexions, telle une citoyenne du monde échappée dans le tonneau. Parler le chinois couramment. Ça me faisait rire sans bon sens. On se moquait doucement. Moi, par chance, je ne suis pas comme ça, que je me disais. Je ne parle même pas le chinois un petit peu, alors...
Je riais pour camoufler combien j'étais effrayée d'être moi-même une future avocate polyglotte de fond de taverne. On avait pourtant plus en commun que j'aurais osé me l'avouer. Qu'est-ce qui nous sépare, déjà, de la caricature du robineux alcolo avec son Jack dans un sac en papier brun et ses gants pas de doigts ? Qu'est-ce qui police vraiment les adultes dans leur consommation ? Quand est-ce que c'est trop, réellement ? Et qui va nous arrêter, même si on exagère ?
On boit parce que c'est là, en attendant la transformation, la transportation.
Et les heures passent, et on devient des créatures changées.
Papillon de jour, papillon de nuit.
De l'un, on fait des calendriers et des tatouages de cheville jolie, de l'autre, on en fuit l'horreur à en casser des lampadaires pour ne plus les voir. Comme le portrait de Dorian Gray, il doit y avoir une bouteille de moi intacte quelque part pendant que je m'enlaidis d'heure en heure, de brosse en brosse. Soudain, l'itinérant est mon meilleur ami. Soudain plusse tard, c'est l'itinérant qui me trouve dégoûtante. L'alcoolisme m'est une dégringolade merveilleuse où je perds de ma superbe en temps réel en échange d'une assurance aussi temporaire que fabriquée. Le fracas quand on touche le fond risque d'être assourdi par nos propres élucubrations. Et y a pas mal juste nous-même pour savoir quand se retirer, reconnaître que notre petite jument est pas ce qu'à déjà été, pas ce qu'à déjà été, pas ce qu'à déjà été...
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Goodbye, douleur... Une chose plaisante de l'arrêtage de boire est de cesser de ressentir de la douleur physique reliée à notre consommation. Souffrir des souffrances souffrantes en ouvrant la première paupière. Le coeur qui pompe du sang dans nos tempes, nos oreilles, nos sourcils. Les mains qui tremblent, les jambes engourdies. On s'est tous déjà dit Plus jamais !, la gueule mauve de fausses promesses, alors que le vague à l'âme nous met de la houle dans le talon dès qu'on franchit la limite du matelas pour se lever. Ça fait des mois que je vis maintenant sans nausées matinales. Que je ne m'endors plus toute habillée, pas démaquillée. Je ne me réveille plus avec des bleus sur le corps sans savoir c'est avec quels escaliers je me suis obstiné. Je ne suis plus morte de honte en regardant mes textos de la veille où chaque strophe se force, se tord, de faire rimer bizoune avec yolo. Je ne suis plus à ramasser à la petite cuillère, parce que je ne m'échappe plus sur le prélart de mon existence.
J'ai voulu arrêter aussi parce que j'étais rendue à boute d'être malade physiquement. Mon corps rejetait tout. Ma face, ma tête, mon ventre, avec une enclume accrochée à chaque partie. Et j'étais épuisée. Épuisée de courir, de masquer, d'engourdir, d'engloutir mes terreurs. Fatiguée de toujours stresser sur le volume de vin restant dans chaque coupe de mes amis et puis de la mienne, versus ce qu'il restait dans la bouteille à table, et les autres bouteilles après. Barney Gumble (oui, les Simpsons encore) l'exprime bien dans un épisode où il joue aux cartes avec Homer : J'ai peur qu'on va manquer de bière; après c'te caisse-là pis l'autre caisse, y reste pu rien qu'une caisse. C'est un peu pas mal ça : un souci lourd et constant. D'avoir peur d'en manquer, de reboire, de dégueuler, de reboire par dessus, de me péter des vaisseaux sanguins autour des yeux à force de vomir mon trop plein, trop de fois. Le front en sueur collé sur l'émail frette de la bol des grands châteaux. Brûlée de masochisme, ma carcasse ne tenait plus qu'avec du tape. Ça serait-ti pas simple d'être capable de se sentir bien sans toute la mascarade ? Sans toute la fanfare du foie en décomposition ? Oui, c'est certain. Mais je voyais ça comme impossible. Inimaginable. Mais, à m'ment donné, même la souffrance annonce son last call. Et si on peut attraper ce cadeau-là, de la sobriété, c'est trouver un baume d'amour dans le corps qui ne finit plus de donner. C'est 2 pour 1 tous les soirs, pis tous les matins aussi. Dans le sens que je récolte plus que ce que je donne en ne buvant plus. Je commence à gagner quelque part au lieu de toul'temps pardre dans toute.
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Digestif...
Si je m'adresse à des buveurs King Size comme moi, je voudrais vous dire que c'est pas long six mois, mais que ça fait toute la différence du monde. En peu de temps, j'ai appris que :
C'est possible de sortir de la maison (ou de l'appart, ou du manoir) sans revenir torché.
Ceux que je voyais arrêter de boire dans mon entourage ne fakaient pas d'être heureux après. Le bonheur, ça s'attrape avec la désintoxication naturelle. Comme une récompense de sevrage. On devient physiquement guilleret. Des estis de gazouillants de joie, même. (À différents degrés, j'ai calculé un indice de 83% de moins de misanthropie générale.) À un tel point que les rayons du soleil arrêtent même de nous juger en nous pointant de l'UV. Les ti-oiseaux cessent de nous chier sur la tête de façon synchronisée. Les écureuils finissent, eux aussi, de comploter sur notre mort. (Ou c'est ce qu'ils aimeraient qu'on croit.)
Avant, par exemple, j'étais rendue persuadée que j'étais un esti de tas de marde faisandé et une bonne à rien, juste capable de moffer ses projets caves pis rester pauvre. J'ai appris à être indulgente. À force de se lever avec la honte des lendemains de brosse, l'épuisement du temps perdu à récupérer, notre estime et notre rendement sont ras les chiottes, mais notre valeur reste inchangée. Se répéter ça, ma valeur reste inchangée, ça serait bon, et se dire qu'il n'est pas trop tard. On est tous riches d'un lendemain. On est tous un humain qui mérite de vivre jusqu'à notre mort, ou enfin, il ne sert à rien de précipiter notre trépas à travers l'adoption de comportements dangereux, pour se prouver qu'on ne vaut pas grand chose sinon une cirrhose.
Vos amis vous aiment et vont comprendre votre décision si vous voulez prendre soin de vous. Et si vous sentez qu'ils sont écoeurés de vous entendre parler de sobriété, startez-vous un blogue, écrivez-y un petit guide, #hashtaguez votre sobriété nouvelle sur tous les toits & plateformes; vous rebondirez sur des communautés qui vivent la même chose que vous, des gens qui sont passés par là et qui justement, aimeraient ça en parler. Pour évoluer, échanger.
La mode des IPA est surfaite; vous en avez goûté une, pu besoin d'en caler six mille huit cent treize autres. J'en ai pris des brosses au Sancerre, trinqué de la Belle de Brillet, vomi des bouteilles à 400$, bu des scotchs à m'en fondre les gencives, autant que j'ai sifflé des 12 canettes de Pabst Blue Ribbon et accepté trop de shots de Stinger. Dans l'abus, rien de nouveau sous le soleil des poisons plaisants. Du futur pepi qui coûte cher au bout du bill.
La confiance cachée dans le fond du shot de tequila avant de monter sur scène ou de faire un discours, ou pour frencher Jean-Marc, cette confiance là, you had it in you all along. Comme dans Basket Spatial (Space Jam, 1996, 10/10). On est souvent plus brave qu'on pense. Mais on ne s'en rendra jamais compte si on est toujours trop paqueté pour se rencontrer soi. (Honnnnn !)
La paix d'esprit vient avec la sobriété. Ça dissipe du nuage noir sur un moyen temps. Si vous êtes de nature empathique, vous buvez peut-être pour estomper l'angoisse ressentie en vous et autour de vous. En étant sobre, on retrouve un calme intérieur inespéré. Promis. Je vous entends déjà me dire, « Oui, mais Cristina, comment veux-tu ne pas boire alors que c'est la fin du monde partout au-delà de nos fenêtres ? ». Je vous répondrai que l'alcool ne sera désormais pour moi qu'un accélérant pour mes cocktails Molotov quand viendra le temps de monter aux barricades dans la révolte ultime de ce monde pourri. ;)
Vous allez, comme moi, retrouver votre taille de jeune fille et cesser de ressembler à Claude Blanchard. Le visage, également, se désériclapointisera garanti. Bonjour teint poupin, goodbye couperose et face de cuir ! En somme, une reprise de pouvoir sur soi. Et une réalisation que ces pouvoirs sont grands... Comme Klaus dans Umbrella Academy quand il arrête de consommer (sur Netflix, 9/10).
Retrouver cette confiance en son corps, se réveiller rechargé, ça donne une force, de pouvoir compter sur soi. On devient notre propre allié au lieu de notre propre ennemi. Vous vous regarderez dans le miroir le matin en disant « Bonjour ! » ou « Hello ! » if you speak in english, au lieu de « Pas encore toiii, câaaaaaaliceeeeu !!! »
La vie coûte moins cher d'Advil, de Perrier, de cockatiels. Sans commentaire.
Votre foie va vouloir vous serrer dans vos bras au lieu de vouloir vous sortir de la gueule.
Si on fait un film sur votre vie, ça va être trippant pour l'acteur ou l'actrice de jouer la passe de la remontée victorieuse après la descente aux enfers. Ça pourrait même lui faire remporter un Oscar, donc ça serait smatt de votre part d'arrêter de boire tu suite.
TOP 5 des trucs à utiliser en situation d'urgence quand vous êtes entouré.e de buveurs et que la tentation monte :
Buvez de l'eau. Beaucoup. Beaucoup d'eau. Ça aide ! (C'est documenté.)
Allez à la salle de bain. Pour pisser, parce que vous buvez beaucoup d'eau, mais aussi pour passer le temps un peu. Pour respirer et se clarifier les pensées. Le défi est de savoir rester juste assez longtemps pour avoir été capable de se recentrer, et revenir sans que vos amis pensent que vous étiez parti faire une crotte.
Gâtez-vous et commandez un mocktail de fantaisie. Ça peut être un Shirley Temple, mais de quoi de plus trippant qu'un Perrier. Bonus si ça vient avec un parasol. Le fun, c'est le fun !
Sortez votre téléphone et allez sur l'application gratuite I Am Sober et entrez en contact avec des communautés de nouveaux sobres qui sont rendus à la même étape que vous. In english, but ça marche et ça fait du bien voir qu'on n'est pas seul à travers l'écran.
Juste pour le fun, repérez d'avance les lieux de rencontres AA dans votre région et les dates. Si ce sont des rencontres en ligne, pourquoi pas se donner le droit d'essayer ? Ressources : ICI.
Ben oui ! Un sixième dans le Top 5. C'est montré comme je suis déraisonnable, que l'exagération m'est naturelle, que je sais pas m'arrêter, et qu'il est donc bénéfique que j'aille cessé de boire à outrance. Donc, dis-je : Si vous êtes pogné.e dans un bar ou resto ou party rempli d'amis ben chauds qui radotent, CRISSEZ VOTRE CAMP DÈS QUE ÇA VOUS CHANTE ! N'endurez pas. Non seulement ils ne vous en tiendront pas rigueur, mais bien possible qu'ils ne se rappellent même pas quand vous êtes parti.e. Aussi, comme le disait Paris Hilton en 2004 : Il n'y a jamais rien de bon qui arrive après deux heures du matin !
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Pour en savoir davantage, Bertrand est poète et romancier, on peut découvrir son récent projet sur les arbres de Montréal et se procurer ses oeuvres ici. Cindy a développé au cours des dernières années la plus importante chaîne de boutiques érotiques au Québec, Planet X, on peut également la suivre à travers ses chroniques radio. Pour ma part, vous pouvez me suivre sur Facebook. Merci à Geneviève Boivin pour la belle illustration du Guide. Merci à tous mes sobres demi-anonymes, et merci à vous d'avoir prêté l'oeil ou l'oreille, comme on dit. Petits trinques vont loin...