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  • Photo du rédacteurCristina Moscini

La paix à coups de pied dans les côtes

Dernière mise à jour : 17 juin 2020



On a reproché aux militants, manifestants, d'avoir recours à la violence. Ce sont alors les manifestants qui sont violents, dans l'ensemble. Pourtant, on utilise l'expression "mauvaise pomme" ou bad apple pour décrire la violence dénoncée d'un policier exposé. Curieux de voir que contrairement au dicton, personne ne semble avoir peur qu'une pomme pourrite pourrisse tout le panier. All Cortland are bad apples.


On attribue pourtant le même caractère de quelques manifestants et pilleurs à l'ensemble des militants. On peut comprendre alors le sentiment d'injustice amplifié. Citoyens, et figures d'autorités ne seront pas jugés de la même façon. Si la raison n'est pas entendue, est-ce que la violence est notre planche de salut ?


Le 6 juin dernier, Greg Conn filme un incident dans une station service de Phoenix en Arizona. Une femme blanche invective une jeune femme autochtone en lui disant "de retourner dans son pays". La bonne femme sourde de l'ironie et carburant à sa propre imbécilité poursuit sa tirade en s'approchant de l'inconnue qui ne lui a rien fait ni adressé la parole et puis la pousse. La jeune femme se défend en lui administrant un soufflet pour lui renligner le Metamucil. La raciste, démontée, quitte le commerce quelques instants plus tard.


Que serait-il arrivé si la jeune femme ne s'était pas défendu ? Est-il raisonnable de penser qu'avec force de mots, de douceur, de patience, on aurait réussi à faire entendre raison à cette raciste exécrable ? Et comment arriverait t'on à dénoncer ces actes sans avoir à les filmer ?


L'extrait intégral :


Le privilège blanc est bien réel, quand l'époux de la femme en question, Tamara Harrian, explique que sa femme souffre de problèmes de santé mentale. Aren't we all, Bob ? La maladie mentale a le dos large. On ne "devient" pas raciste suite à un incident d'entrée par effraction. Quel tabarnaque de tissus de mensonges outrageux. Câlice, une descendante de colonisateurs qui est entrée par effraction sur le continent des Premières Nations a l'audace, l'audace ! L'AUDACE. De s'attaquer à une innocente. Et ensuite de se faire excuser par son Bob en glissant ça sous le couvert de choc post-traumatique. On connaît la recette du président voisin : Blanc = Maladie mentale, et plus la mélanine augmente = Terrorisme.



Je ne suis pas une personne violente de nature. Je fais même tout pour éviter les confrontations quotidiennes. C'est sur quoi je travaille, mais ça sera pour un autre dossier. Tout ça pour dire que de hausser le ton, d'exprimer de la colère, de la violence, me débecte au plus haut point. Enfant, alors que mon pacifisme était encore dans ses bourgeons, y avait un petit gars qui nous crissait des mottes de neige par la tête, à moi et mon amie, tous les matins sur le chemin de l'école. J'ai essayé de lui dire d'arrêter. J'ai changé mon trajet. J'ai retardé puis devancé mon départ pour l'éviter. Mais toujours, il nous retrouvait, et il nous balançait des balles de neige. Petits cailloux en boni.


Un matin, j'étais fatiguée. Épuisée plutôt, à chercher des moyens de m'esquiver, de raisonner. J'ai fait volte-face jusqu'à lui et je l'ai frappé. Je l'ai frappé avec mes poings de neuf-dix ans. Je l'ai frappé jusqu'à ce qu'il tombe par terre. Je lui ai crissé des coups de bottes Sorel dans les côtes, dans le cul, dans les jambes. En lui criant "Tu vas-tu arrêter ?", il répondait "Non !". Alors je frappais, encore, dégoûtée, horrifiée. Je l'ai kické jusqu'à ce qu'un voisin sorte de chez lui (un adulte) et nous crie d'arrêter.


Le lendemain, le lanceur de mottes de neige était encore là. Mais cette fois, il était devenu mon ami. Il me racontait ce qu'il avait eu à Noël, il voulait me rendre service, il voulait savoir si j'avais besoin de quoi à l'école, il voulait être mon ami. J'avais gagné un sbire.


*


Est-ce que l'humain est conditionné à n'obéir qu'à la violence, ou sa menace ?


Quand je pense à la madame Tamara, je me dis qu'à part manger une claque sur la yeule, y a pas grand chose qui pouvait être fait pour elle.


Quand je pense au petit gars, j'aurais vraiment aimé ne pas le battre. Mais peut-être qu'il me crisserait encore des cailloux pis des mottes par la tête, 22 ans plus tard, si je n'avais rien fait, ou continué sans succès de "régler ça avec des mots".


Quand je pense aux manifestants, de par le monde, je vois des bâtisseurs de révolution. Les fenêtres brisées, les chars en feu, c'est peu cher payé pour des siècles de carnage institutionnalisé.




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