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  • Photo du rédacteurCristina Moscini

Les contes de la mise en garde


On ne s’est jamais autant intéressé au leg d’un artiste que quand celui-ci se fait accuser d’agression.

Mais qu’adviendra t’il de sa carrière ?, disent-ils, alors que personne n’achetait ses albums depuis presque deux décennies.


On n’a jamais autant déployé de forces policières pour aller s’inquiéter de la santé d’une victime, comme pour l’agresseur Manson, il y a quelques jours.


Peut-être voulait-on garder en vie ce gibier de potence jusqu’à son procès ?

Pourquoi est-ce facile d’envoyer une escouade instantanément chez un accusé, pour des raisons aux hypothèses discutables, alors qu’il est difficile pour une victime d’abus d’obtenir de la protection, même lorsqu’elle prend le risque de sa vie d’aller en demander au poste de police ?


Je compare, bien sûr, des cas séparés. Ces deux cas reviennent en mémoire, un aux États-Unis, l’autre au Québec, dans les deux dernières années, où les manchettes déploraient ces femmes qui ont demandé de l’aide directement au poste de police contre leur agresseur présentement en état de nuire, et que les forces de l’ordre ont laissé de côté, au péril de leur vie dans ces deux cas, quelques heures, quelques jours plus tard.


À qui réserve t’on les traitements de faveur ? La grosse escouade de protection luxueuse comme celle à Manson. Où faut-il s’inscrire pour y avoir droit ? Est-ce l’empathie qui a fait arrêter les policiers, vers le chemin de la prison, au Burger King pour apaiser la faim et la soif du tueur Dylan Roof, qui venait d’abattre ses victimes dans une église ?


Je ne lis pas tous les commentaires, mais je me demande : Est-ce qu’on menace de mort sur internet aussi les agresseurs et les violeurs ? Est-ce qu’on promet de les tuer au bout du clavier ? Ou c’est seulement aux victimes que ça arrive quand leur plainte est faite publique ?


Est-ce qu’on juge la vie d’un accusé X aussi sévèrement qu’une personne X qui porte plainte ? L’agresseur est un philanthrope connu. La victime aurait déjà couché avec plusieurs garçons. Un saint. Une putain.


Le public, nous là, la plèbe, ce n’est pas les tomates pourrites qui nous manquent aux mains. Quelle est cette gêne à pourfendre une personne accusée de viol ?


« Oui mais d’un coup qu’il est innocent ! »


D’accord. Fonctionnons ainsi.


Serait-ce possible, dans ce cas-là, de se retenir de télégraphier notre fiel à une victime que nous n’avons pourtant jamais rencontré, « d’un coup qu’elle dise vrai »?


*


De failles en failles, de Rozons en gambadance dans les champs de la liberté en respirant de trop près même les pivoines, aux Salvails humant le grand air en savourant les grands espaces, on n’a pas besoin de la tête à Palpineau pour comprendre que le pouvoir l’achète en liasses, cette liberté. Cette impunité.


Dans ces quelques cas, la majorité virtuelle se met d’accord sur ces quelques crosseurs qui n’ont pas écopé. Mais comme cette majorité s’en retourne vite à sa besogne ! Les victimes pourraient encore avoir des bleus sur la plotte sans avoir eu justice que la populace, elle aussi, passe au prochain appel.


Victimes par deux fois. Par leur bourreau et le système.

Pas un bon siècle pour la justice.

Et si on n’attendait pas du gouvernement ? Si, mettons, comme la journée Bell cause pour la cause, genre une compagnie privée comme Vidéotron ou Costco, tiens, donnerait cinq cennes à chaque texte/commentaire qu’on efface sur la toile qui injuriait une personne qui a pris son courage à deux mains pour dénoncer ?


Et si avec cet argent-là, on formerait des équipes tactiques indépendantes pour aller donner des coupoings* dins gosses aux agresseurs dénoncés ? Genre une fois aux deux heures, tous les jours, pendant des mois, des année, jusqu’à temps qu’ils dénoncent d’eux-mêmes leurs crimes. Pas attendre une condamnation qui ne viendra peut-être jamais.


Osti, viens-je d’inventer la mafia par accident ?


*L’orthographe est tirée de l’annonce de vente de Ballon coupoin usagé que j’ai vu passé sul’ net voilà deux ans et je suis maintenant incapable de retourner à « coup de poing ».


Mais mettons.


Qu’est-ce qu’on dit à quelqu’un qui voudrait dénoncer ses abus ?


Va voir la police !

*Mais ils ont perdu mon rape kit / Ils ont ri de moi / Ils ne m’ont pas prise au sérieux.

Dénonce quand même !

*Mais quand j’ai eu le courage de le faire, on m’a dit que j’aurais pas dû attendre avant. Que maintenant il était trop tard.


Pas grave, dis-le !

*Mais j’ai pris une tribune où je me sentais en sécurité en dénonçant sur les réseaux sociaux, par manque de confiance en le système judiciaire, et on me reproche de ne pas avoir été voir la police.


(Je préviens tu-suite que ce texte n’apporte malheureusement pas de réponse.)

Mais, han. Ah, certes on a l’air fou dra là, mais peut-être qu’un jour, ma future petite-petite-petite-petite-petite-petite fille, quand elle va savoir comment on traitait les victimes d’abus en 2021, elle va rire, rire, mais rire, dans son enclos à bétail avant d’être électrocutée entre deux accouchements forcés.

*





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