Avant de travailler avec Abaka, je ne connaissais pas grand chose à l’utilisation des fibres naturelles dans la mode québécoise. Ayant grandi à Beauport, où il n’est pas peu commun de voir son voisin arroser son asphalte en plein été avant d’y parker son pick-up et son quatre-roues, l’écologie est arrivée sur le tard dans ma vie. Il y avait aussi le cliché dur à faire partir de la-hippie-avec-sa-robe-de-jute-qui-fait-des-bracelets-d’amitié-avec-des-cheveux-recyclés quand je mentionnais à mes compatriotes qu’apparemment il était possible de fabriquer du linge de façon éco-responsable.
Les temps ont changé depuis. On sait qu’en tant qu’individu on ne tient pas grand place devant les grosses corporations. Mais si on a un dollar, on peut choisir où mettre son dollar. À qui donner notre piasse, autrement dit. On dit qu’acheter, c’est voter. On a vu ces reportages scabreux de compagnies de vêtements à grande distribution déchiqueter en lambeaux avant de jeter des tonnes d’articles de la saison dernière. Pour s’assurer drastiquement que ces vêtements non-vendus n’aient pas de deuxième vie. Ou même de première, dans ce cas-ci ! On voit chaque année le nombre de blessés dans les marées humaines de clients au Black Friday pour économiser sur l’achat d’une télé dernier cri. On déplore le statut des esclaves-employés qui travaillent dans des conditions horribles pour nous fabriquer le ipad qui nous permet, bien ironiquement, de poster ce statut-ci, de partager cet article-là qui les dénonce. Comment guérir de cette éco-anxiété dont nous sommes témoins et, malheureusement, participants ? La réponse revient dans les choix qu’on fait, en tâchant de diminuer notre empreinte écologique. Me voilà informée, c’est bien beau, mais vous ai-je dit que je trippais à mort sur les peignoirs à motifs en polyester ?
Consciente mais pas aidante, je dormais au gaz à effet de serre, comme on dit ! Non seulement j’étais coupable de succomber à des achats impulsifs (cycles de Lune, infolettre aguichante d’une grande compagnie qui fabrique en Chine, motif trop cute d’encore un autre osti de paréo que je ne porterai que deux semaines dans toute ma vie & autres patentes savoureusement décourageantes), mais je me retrouvais à accumuler du linge, sans grande qualité donc difficile à redonner en friperie, en braderies ou en switch’n’bitch, et qui, la plupart du temps, était mal ajusté.
Une journée, alors que j’étais occupée à avoir chaud (tsé que les fibres synthétiques ne respirent pas et transforment le corps (entéka le mien) en une swamp tropicale dès que la barrière du 22 degrés celsius est franchie), Mario & Karine, les propriétaires d'Abaka, me proposèrent une robe pour animer l’événement qui avait lieu à leur atelier le soir même. Je m’en souviendrai toute ma vie.... (pour le reste de l'article, cliquez ici.)