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Photo du rédacteurCristina Moscini

1er décembre, joyeux Noël.

Dernière mise à jour : 23 mai


À cette période-ci de l’année habituellement débutait ma période de brosse des fêtes. Un beau gros nuage blanc que je me versais comme de la vodka ou du cognac dans mon café ou mon jus en me levant, pour aller regarder la petite crisse de neige qui tombe de par ma fenêtre. Il tombe dans mon cœur comme il tonne sur la ville, disait à peu près (pas) Verlaine.


Pour éviter les bleus, pour amplifier le festif, pour chasser la grisaille, je mettais un peu d’Irlande dans ma tasse, un peu plus de bulles dans ma flûte, et cela parfois devant l’air déconcerté de mes amis alternant leur regard entre l’horloge antéméridienne puis mes yeux déjà glossys, et mon rire un cran trop taquin pour l’heure encore toute jeune.


C’est la fête. C’est Noël. Yippee ki-yay, straight no chaser. Et jusqu’en janvier, impunément.


J’appréhendais, je buvais.


Pour fuir une nature mélancolique (peut-être), me doser de Bing Crosby, de Ginette Reno, de Fernand Gignac, avec du vin, du fort, et toutes les substances buvables me travaillait l'agréable.


À tous ceux qui cachent leur bouteille dans le deuxième tiroir au bureau. Je vous vois, je vous entends.


Cette année, c’est différent.


Pour tout le monde.


Les partys se feront à la cachette comme au temps de la prohibition, où les familles s’éternueront dans la bouche comme pour défier la mort. Les rassemblements auxquels on va pourtant de reculons sont enfin déconseillés.


Peut-être est-ce l’occasion de saisir le début d’un verre limpide, finalement ?


Je bois pour me lubrifier la vie sociale.


Voilà une occasion de prendre le temps de ce confinement pour se ressourcer. S’endurer, à frette, imaginez-vous.


On n’est peut-être pas son meilleur compagnon, mais qu’est-ce qu’on peut perdre en ne se torchant pas ? Jamais dans l’Histoire, quelqu’un a regretté de ne pas se réveiller magané.e.


La neige tombe aujourd’hui. Mais elle fond. C’est une neige annonceuse que je me dis. Avant le programme principal. Elle met la trame d’un hiver qui s’installera, cruellement pour certains, jusqu’en mars, même avril quelque fois.


La pression des fêtes porte à boire. L’argent, les cadeaux, les réunions, les familles, l’inéluctable passage du temps de ces nuits de carnavals d’excès. Les cauchemars d'abus, de gavage de tout.


Mais c’est pas obligé d’être comme ça.


Cette année, je boirai pas, parce que je veux m’avoir de mon bord. Je veux lutter sur mes deux pieds contre ce que je ne veux pas. Contre ce qui mord le corps et l’esprit. Je veux être réveillée pour voir l’univers lécher la fumée de la cheminée. Je veux voir le feu crépiter sans s’éteindre, et je veux mes charbons attisés. Je veux me réveiller avec autre chose que la mort en bouche et le dédain au ventre.


Je veux,

devant un ciel gris

le voir à moitié blanc

plutôt qu’à moitié noir.


Et pour moi, l’harmonie sera quelque chose qui s’entend autrement qu’au tintement du verre trinqué.


Santé !


Découvrir I Am Sober.

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