L’alcool m’a sauvé la vie, jusqu’ici…
- Cristina Moscini
- 28 juil.
- 3 min de lecture

Dans une entrevue au podcast Call Her Daddy, l’animateur et Queen of drag RuPaul Charles affirmait en ces mots « Thank God for alcohol and drugs ! », en ajoutant que s’inhiber de substances à certains moments de sa vie a agi comme une couverture avant de trouver une voie vers la guérison et le rétablissement. Et c’est un avis que je partage entièrement.
L’alcool et la drogue m’ont aidé à passer au jour suivant, à une époque où je ne me sentais pas la force d’affronter la vie à jeun.
Certaines périodes de ma vie ont pu être traversées grâce à l’engourdissement que je m’administrais. Grâce ou malgré. C’est là qu’on peut faire débat.
Mais il faut reconnaître, même du haut de notre guérison, qu’à certains moments de notre vie, on n’avait pas les outils pour assimiler la souffrance quotidienne.
Ainsi, comme RuPaul, avec qui je partage aussi un amour des chevelures volumineuses et talons hauts seyants, je me vois affirmer que l’alcool m’a sauvé la vie, à une période où j’aurais préféré me l’enlever.

Même si une centaine de textes sur ce blogue décrivent avec moult détails comment la boisson c’est du poison et patati, je n’aurais pas pu devenir sobre sans user d’alcool à ce point dépassé.
Pendant des années de ma vie, le courage que ça prenait de me faire lever de mon lit, me laver la face pour aller puncher in, je le trouvais dans la récompense de l’ivresse qui venait de plus en plus tôt et de plus en plus fort.
Me soûler, c’est ce qui me permettait de porter le masque opaque au courant de la journée, de quelqu’un qui n’avait pas des idées suicidaires, quelqu’un qui ne fantasmait pas de se jeter devant un autobus ou en bas d’un viaduc.
Arrêter frette net sec dans cette période-là, pas certaine que je serais encore là aujourd’hui pour en parler. L’alcool était un plaster sur une plaie béante et purulente. Pas efficace ou santé sur le long terme, mais le mieux que je pouvais utiliser selon mes connaissances.
Quand je dis que l’alcool m’a sauvé la vie, c’est que ça m’a gardé en vie jusqu’au lendemain. Ça a gelé mon mal assez longtemps pour m’empêcher de me faire trop de mal.
Ce que je ne savais pas, par contre, c’est comment ça devient moins souffrant en soustrayant pour de bon les substances.
Il faut une confiance folle et absolue pour arrêter de consommer. C’est un peu pourquoi j’écris encore à ce sujet, chaque texte étant comme une saucette pour ceusses hésitant encore à y plonger vers cet autre côté de la bouteille. Là où le plancher est enfin stable, là où l’enfer a un peu plus de misère à nous retenir.
Mais quand on tient bon, on commence à comprendre à quel point les substances nous affaiblissent en même temps qu’elles nous « aident ». Comment c’est d’emprunter avec un intérêt trop élevé. L’alcool sauve, mais à quel prix ?
Et l’ultime point est que, la décision, la grande décision que c’est que d’arrêter de boire et de vivre à jeun, c’en est une qui se travaille sur le long.
Oui, on peut dire que notre Jour zéro est arrivé un mardi, tout subitement, comme ça, même pas un 1er janvier ou à un chiffre rond, mais ce n’est jamais vraiment sorti de nulle part, spontanément.
C’est une décision qui bourgeonne à cachette, quasiment, en-dedans de nous, d’un trop plein à l’autre, d’un excès à un autre. On se dit, qu’à un moment donné, ce serait bon d’arrêter, d’essayer au moins, de se relever. Puis vient un matin, où le soir d’avant où on aura bu sera le dernier.
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Mon livre S’aimer ben paquetée fait part en détail de mon cheminement de l’alcoolisme au rétablissement, disponible en ligne et en librairie, format papier et numérique.