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  • Photo du rédacteurCristina Moscini

D'étincelle et de feu

Crédit photo Le Nouvelliste


Moins de 48 heures après un des plus beaux moments de ma vie, j'ai perdu mon logis.


[*J'aurais aimé faire un billet juste sur mes impressions de mon voyage à Québec pour aller voir S'aimer ben paquetée, j'en ferai un dans le futur, mais l'univers avait quelque chose d'autre à l'horaire avant, hélas.]



𝑫'𝒆́𝒕𝒊𝒏𝒄𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒆𝒕 𝒅𝒆 𝒇𝒆𝒖...

J'entends la scie des pompiers fendre la face de mon bloc. Par la fenêtre, les intermittentes bleues et rouges, les sirènes, la boucane. J'ai la chance d'avoir une amie voisine de la rue d'en arrière, pour voir ce qui se passe.


Cette nuit, je regarde mon appartement brûler.


Les flammes se crachent par poffes, violentes, projetées hors les murs, les tisons dansent dans le ciel par grappes de centaines, les curieux s'amassent, dans le bas de la rue, et documentent, écrans sortis, le brasier qui fait rage, grand, rouge et pas tuable.


Je marche alentour, ébahie, réveillée, sortie d'un sommeil lourd que je récupérais de Québec d'où j'arrivais. Mon bagage n'était même pas défait.


Je gère mes pas entre les ruisseaux d'eau qui se créent dans ma rue. Trois boyaux arrosent le bloc en continu, mais ça ne suffit pas. Je tousse des morceaux de fumée. Je me dis que j'aurais dû mettre des bas avant mes bottes enfilées dans la hâte, la frayeur.


Je fais mon chemin jusqu'à l'un des agents, donne ma déclaration.


C'est juste du matériel.
Oui. C'est vrai.
Qu'est-ce qui s'est passé ?
Je me suis réveillée, par la fenêtre de cage d'escaliers derrière, c'était orange. Les flammes étaient déjà prises par en-bas.
Au feu ! qu'un voisin crie. Une fois, pis deux, pis trois. Je pogne mon cell, mon chargeur, mon laptop, mon portefeuille, mon bagage pas défait et je sors.

Je laisse tout derrière de ce que j'ai pu accumuler en une vie de fille qui n'accumula pas grand chose, et je laisse l'incendie dévorer mon passé, matériel.


*


La veille, je revenais de la première d'un spectacle qui m'est cher. Un show de théâtre que j'ai écrit, très personnel, et qui est joué de façon très puissante.


On pourrait dire que je flottais, heureuse d'une finalité artistique sur une série d'épreuves, l'alcoolisme et la sobriété, qui se soldait en bout de course par un beau succès.


Aujourd'hui, je ne porte même pas mon pyjama préféré et c'est maintenant mon seul et unique. Je n'ai plus de maison. Le bloc est à terre. Disparu.


C'est fou pareil.

Le bon yieu donne.

Le bon yieu prend.


Je ne sais pas encore c'est quoi la leçon tout là-dedans.



 

Aujourd'hui, je suis hebergée chez une amie en attendant de me reloger. Je suis en recherche active d'un appartement dans Shawinigan. J'ai des amis de Mauricie qui ont pris l'initiative de starter une levée de fonds pour m'aider à me remettre sur pied et me relocaliser dans une réalité de loyers qui ont monté en flèche depuis la pandémie. Comme une jeune femme seule qui se sentait (à tort) invincible, je n'avais pas d'assurances.


Si vous avez envie de partager dans vos réseaux, ou de donner quoi que ce soit si vous êtes à l'aise, c'est évidemment des temps durs pour tous, pour moi, sachez, ça fait toute la différence du monde.


Lien du gofundme : https://gofund.me/16f3e376



*




À lire dans Le Nouvelliste : Je suis égale dans cette catastrophe que tous les autres locataires qui ont dû être évacués la nuit passée et qui repartent à zéro (tous sains et saufs). Je remercie toutefois ici Le Nouvelliste d'être venu s'enquérir de mes nouvelles, en me prêtant tribune, comme ça, étant donné que je m'entretenais avec eux ya quelques jours seulement, pour un article sur mon arrivée en Mauricie... Merci beaucoup aussi à toute la générosité qui fuse de toute part. Vraiment, c'est surréel, mais je m'estime chanceuse. Merci ♥️


*


Le show de théâtre dont je parle

Crédit photos Lise Breton 1-6 / Nicola-Frank Vachon 2 à 5.


S'aimer ben paquetée : J'ai pu assister à la première le 28 novembre, c'était un show évidemment très personnel pour moi puisqu'écrit sur mon propre parcours entre l'alcoolisme et la sobriété, mais ça a connu un succès de triomphe avec une ovation debout pour Ariel Charest, sublime et foudroyante en interprète. La mise en scène efficace et captivante est signée Pascale Renaud-Hébert, la conception musicale et l'éclairage qui ne laissent pas indifférent et qui vous habite longtemps après la pièce, respectivement par Vincent Roy et Maude Groleau. C'est présenté au Théâtre La Bordée à Québec jusqu'au 16 décembre en 5@7.




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