De honteuse à horny (pour soi-même)
- Cristina Moscini
- 24 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 mai

J'avais un drôle de feeling, un peu plus bas que la cage thoracique, comme entre le ventre et le coeur.
Comme un genre de chatouillement léger. Un vertige, petit. C'était inconnu, mais tout en moi, nouveau. Les coins de ma bouche se frisaient tu seuls.
Qu'est-ce qui m'arrive ?
C'est comparable à se sentir horny, mais je je ne pensais à personne d'émoustillant (comme Luigi). Je ne faisais que penser... à moi, et ce qui s'en vient, pour moi.
Voyez, dans les derniers mois j'ai non seulement bricolé des nouvelles autobiographiques intimes de mon cheminement de l'alcoolisme au rétablissement, mais j'ai aussi pris les devants et décidé de m'autoproduire une petite tournée, mini, de rien, de lecture-performance de mes récits, dans les galeries et librairies des villes avoisinantes.
Le tout s'en vient dans quelques jours. J'en suis à bidouiller des détails, et c'est là que ça m'a pris. Cette chaleur. Cette horniness éhontée. De quessé qu'elle est ?
Eh bien, j'ai découvert que cette sensation était la fierté.
Pour soi.
J'étais contente de moi. De mon petit crisse de travail qui vient à point.
Immédiatement déçue de moi-même par la suite, que d'être fière me soit si étranger au corps tabarnaque, après 5 années de sobriété maudit crisse, on pourrait penser que je me tappe dans le dos de façon plus efficace.
Mais reste-t-il, lucille, que de RESSENTIR avec le corps au lieu de RECONNAÎTRE rienque avec la tête, est encore pour moi, un apprentissage.
Ça faisait de moi jadis quand j'étais plus en moyens, une cliente très perspicace sur le fauteuil d'une psychologue. "Je reconnais que je ressens ceci et cela à cause de ci pis ça" est une chose, mais FEELER pour le vrai, comme on le psalmodie dans les blogues d'alcoolique en rétablissement (allo!), c'est, euh, différent, comme y disent.
J'ai passé le deux tiers de ma vie à avoir honte d'où je venais, de qui j'étais, de ce à quoi je ressemblais. Avoir le sentiment que c'était pas assez, l'impression que c'était basse classe, basse étagère, le ressenti d'un destin rienque bon à ramasser la poussière.
Et puis y a 5 ans je me suis mise à me projeter dans l'avenir avec la détermination d'une cokée qui fait le ménage à deux heures du matin en écoutant Sandstorm de Darude sur repeat (pas de jugement we've all been there ou presque).
Une détermination, une volonté tenace de vouloir toute tu suite tabarnaque (comme on dit). Et quand les accolades viennent, chanceuse que je suis j'en ai déjà reçu quelques unes, ben c'est pas assez, c'est pas toute, pis faut penser à ce qui s'en vient, comment payer le prochain loyer, pis le prochain projet.
Se projeter.
Dévorer les obstacles, qu'on arrive au dessert.
Oublier de déguster.
Accomplir au plus crisse.
Pis oublier d'être fière. In peu. Temps en temps. Rienque pour ben faire.
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Je sais que je ne suis pas la seule comme ça. Et si tu lis ça, c'est le temps d'être fière.
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⚡️🎙️🌓 À l'aube des last calls, c'est une une chronologie vers et hors les comptoirs de bars récitée de façon bien simple dans un partage littéraire et authentique par son autrice, moi-même, qui livre sans tabou son parcours de l'alcoolisme au rétablissement.
Une plongée lyrique des années 2000 et ses quatres litres de draft aux lumières tamisées des tavernes jusqu'à la clarté de la promenade de la rivière du Saint-Maurice des années 2020. Une invitation à une levée de voile humoristique et crue sur les mystères de fonds de bouteille, et du travail sur soi quand on en ressort, de cet autre côté...
𝐒𝐇𝐀𝐖𝐈𝐍𝐈𝐆𝐀𝐍 – 29 MAI
Factrie 701 en 5@7
𝐌𝐎𝐍𝐓𝐑𝐄́𝐀𝐋 – 5 JUIN
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𝐐𝐔𝐄́𝐁𝐄𝐂 – 13 JUIN
À annoncer sous peu…