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Photo du rédacteurCristina Moscini

Du indie sleaze au #cleanliving : Étude légère sur la déchirade


De Dionysos le bat à l’air, cruche de vin d’une main et grappe de raisins dans l’autre, à Redfoo qui se clanche des shots en spandex fluo dans les clips de LMFAO, il s’est passé un monde de tendances et de courants accentués vers les vices et plaisirs nocifs.



Avec ma jeunesse qui s’étiole pour mieux s’enligner vers la sagesse (merci beaucoup), j’ai pu moi-même remarquer les courants sociétaux (martal, marteaux ?) de mon adolescence à l’âge adulte.


Ainsi jeune puberte, on disait de mes congénères en string et jeans taille basse que nous étions une génération de dépravés, hypersexualisés, qui se droguent et se soûlent de bonne heure. Les films les plus payants à l’affiche étaient des comédies de party (des déclinaisons d’Animal House, 1978), où les fontaines de dèche et les grand-mères qui fument au bong étaient le pinacle de l’air du temps.



Dans les revues de mode, on copiait le look de Kate Moss à la sortie des bars, bas de nylon troués, mascara coulé. Les Paris, Lindsay, Nicole de ce monde avaient leur mugshot assortis, il nous semblait que même dans les plus hautes sphères d’élite, ça fêtait fort, ça se déchirait solide.


Puis, le temps a passé.


Les douchebags attachants de Jersey Shore ont encaissé leur 4%, Amy Winehouse a gratté sa dernière gale (rip), Zooey Deschanel est arrivée dans le paysage habillée comme une chaste poupée victorienne et lentement, le trash s’est dissipé pour faire place à une nouvelle ère bien plus candide.



Les Jägerbombs ont été effacé de l’ardoise de la buvette pour faire place aux jus verts.

On est passé de vouloir être le plus décâlissé de la pièce à vouloir être la personne la plus sérieuse de la planète. Notre langage s’est policé, nos habits se sont rapiécés, on a fermé les clubs pour ouvrir des microbrasseries où vous pouvez apporter votre bébé, on écoute un podcast et puis on va se coucher.


On se croit souvent unique, mais bien souvent, on se retrouve être le produit de notre époque. Ça ne veut pas dire que la dépendance et l’abus ont disparu, mais depuis quinze ou vingt ans, il y a eu un assainissement du panorama qui a certes permis beaucoup de belles choses.


D’abord, on reconnaît maintenant que juste 1 consommation par semaine n’est pas sans danger. On voit naître un marché de produits sans alcool sur toutes les déclinaisons. On s’étudie, on se thérapise, on veut se guérir et corriger le passé alors que dans les décennies passées – n’en déplaise à ceusses qui ont pu profiter de ce déséquilibre – une agressivité vitriolique flottait un peu plus impunément dans les airs et dans les lois. Et qu’obtient-on de ce progrès ?


Une tendance au #cleanliving de la personne qui se lève tôt, s’entraîne, composte, recycle, médite, journalise, mange une pomme et fait une série de posts là-dessus (moi la première).


Si certes les modèles de santé mentale et physique sont plus que jamais mis de l’avant, est-ce que ça ne marginalisera pas davantage les gens qui souffrent dans la dépendance ?


D’intuition, je crois que si j’avais été en période de forte consommation et que les héros de l’heure eût été Greta Thunberg au lieu de Courtney Love ou les gars de Jackass (mettons), ça aurait peut-être eu un effet justement, de renfermement dans mon cynisme et ma bouteille. Qu’en-dehors du bar, y aurait jamais personne d’autre qui se dévisserait autant, ou qui comprendrait, cet attrait, que j’ai, à abuser des « bonnes » choses.

C’est pourquoi j’essaie, dans mon pamphlètage de sobre ici, de ne pas tomber dans l’absolutisme de la sobriété. J’essaie, et je crois qu’on devrait essayer, de garder un discours toujours inclusif, pour hameçonner le plus de drogués pis de soûlons possible de notre bord (lol) sans que trop d’élitisme ne déborde dans les propos de cette belle petite crisse de vie toute propre qu’on s’est bâtit, même si on en est bien fier (avec raison).


Je vois l’hiver et ses mois « dry-ci, dry-ça » arriver, les défis #sansalcool et tout, c’est peut-être une expérimentation pour certains, peut-être les préliminaires d’une longue relation de sobriété pour d’autres. J’espère garder une ligne inclusive sur ce blogue, de ne pas tanguer vers ce penchant hermétique d’une vie que j’ai choisi pour me sauver.


Car même si présentement, se sauvegarder en santé est en vogue, c’est dire qu’on est à quelques autres années près que la déchirade revienne alors à la grosse mode, qu’on commercialisera de nouvelles drogues, toujours plus d’adon, qu’on réussira à nous faire acheter d’autre boissons, pour essuyer les pertes accumulées, de tous ces damnés buveurs de Perrier.



Santé !


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