Même en étant sobre, les mémoires d'alors reviennent parfois se recomposer en quelques strophes...
[Être paquetée]
...dans un bar qui sent la pisse autant que le parfum et qui joue une toune de MGMT que je connais pas, dans des speakers qui grichent comme si c'était eux qui avaient bu ce soir-là. Ce qui m'empêche de m'effondrer dessous le bar sont mes avant-bras soudés sur le comptoir collant des dix milles pintes renversées avant moi.
Et apparemment je suis encore capable de lever la main, parce que je viens de commander une tournée de shots avec laquelle j'aurais pu de faire mon épicerie au moins demain. Et de demains en lendemains, je me condamne jusqu'au prochain jeudi. Je bois l'ennui, je bois le souci, avec rythme, avec soif, avec entrain. Chu mêlée comme un jeu de cartes et on pourrait conclure que j'aime ça, de proche comme de loin.
On est à une heure que quand on se croise, ami de gars comme amie de fille, on se donne un bis sur la bouche, comme deux aïeuls pas certains de leurs chevilles, lentement, bringuebalants, mains et doigts plantés dans les épaules comme des souches.
Viens-tu danser ?
On fait alors des ronds de jambes.
On se délie les membres.
On s'invente une nouvelle classe.
On se ritamitsoukasse.
Séquence manquante.
Je saigne du nez.
Je sais pas danser.
Semelle de pied, pas chassé, plancher : peut-être même pas dans cet ordre annoncé. Des flaques de large et de rouge qui mouillent ma robe raptée dans un rack à rabais du H&M. Acheter à plein prix aurait réduit mes moyens pour boire autant que j'aime. Je suis vulgaire, je suis banale reine du polyester. Et même quand le crayola me décore de cramoisi dans mes crevasses quand je ris, c'est à crédit.
Pas chic, pas clair, pas cher.
J'essaierai pas de le dire trois fois.
Je me nettoie le visage, autant avec ma bière qu'avec ma bave et j'ai foi encore en une nuit pleine d'espoir.
Je porte en mon coeur une lueur qui veille tard.
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