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La fin du girlhood

  • Photo du rédacteur: Cristina Moscini
    Cristina Moscini
  • il y a 5 jours
  • 5 min de lecture

« J'ai connu la puberté à l'époque où les cordes du g-string à Christina Aguilera étaient célébrées, mais que les adolescentes qui les portaient se retrouvaient renvoyées à la maison, pour ne pas déconcentrer leurs camarades de classe, en s'habillant trop sexy. Mais dans le doute, et à choisir, il valait mieux être un ti-peu trop guidoune, qu’un ti-peu trop pognée. À l'époque où l'ultime tare aurait été d'être traitée de P.D. Pas  déniaisée, il fallait porter nos jeans aussi basses que notre résistance. »

 

C’est un extrait qui ouvre mon livre S’aimer ben paquetée, publié en 2023.

 

J’y faisais ensuite le lien vers la consommation précoce d’alcool et drogues, mettant en contexte le climat de prédation, de coercition que les jeunes subissaient – dans mon cas raporté dans les années 2000 – et subissent encore.

 

Si vous êtes de la génération des milléniaux, on a dit de vous dès la puberté que vous étiez une génération hypersexualisée.

 

Par qui ? Était-ce des ados qui nous vendaient des g-strings chez La Senza Girl ? Était-ce des ados dans le haut des tours de compagnies de production américaines qui ordonnaient aux popstars à peine majeures de se trémousser en tube top dans les clips de leurs chansons écrites à double sens par des adultes ? Était-ce des ados qui nous prenaient par le bras et nous renvoyaient à la maison car une camisole à bretelles spaghetti portée en juin était jugée déconcentrante ?

Il y a vingt ans, les adultes trouvaient les ados juste trop sexys. Et c’était de notre faute.

 

Aujourd’hui, les médias crient que les « ados ne fourrent plus », bon, ce n’est pas rapporté tel quel, mais on recense la baisse d’activité sexuelle chez les jeunes comparativement aux décennies précédentes. Ils sont plus casaniers, prudes, ils ont peur d’être cringe comme nous on avait peur de pogner une MTS en loafant le cour d’éduc pour aller au powa chez Chabot. Semble t’il que ce n’est pas encore satisfaisant à en comprendre les médias.

Plus d'un article sur le sujet...
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Par chance, les grandes marques populaires de vêtements font de leur mieux pour arriver à conformer les jeunes (filles) vers ce look sexy qui ne peut toujours pas être porté dans les corridors d’une polyvalente.

 

Cette semaine, une campagne du magasin Garage soulevait des questionnements moraux sur le message envoyé d’une collection de gilets courts « Looks better when wet » et de mini shorts moulants.

La collection en question.
La collection en question.

Quand les compagnies se font reprocher d’être sexualisées, depuis les derniers dix ans, on entend sous toutes sortes de déclinaisons le même message : « C’est de l’empouvoirement ! C’est de reprendre le pouvoir sur sa sexualité. Achetez notre linge, parce que vous ne pouvez pas faire ça avec d’autres guenilles, cosmétiques, parfums, etc., que les nôtres ! »

 

Bon. Deux affaires.

 

La première est que, depuis la pandémie, un changement profond de société s’est opéré qu’on continue de découvrir aujourd’hui.

 

Ce changement est un désir de plus en plus pressant de se conformer. Est-ce d’avoir été confiné et de ne voir la vie passer qu’en vitrine de notre cellulaire, voir la montée des influenceurs ? Ce désir de conformité coïncide avec une montée du conservatisme moral et politique.

La créatrice de contenu @Bimbo University fait un édifiant topo là-dessus...
La créatrice de contenu @Bimbo University fait un édifiant topo là-dessus...

Une montée de la droite bénéficie de l’uniformisation de ses sujets. On dira ce qu’on veut de la droite, mais ils sont soudés en esti par rapport à la gauche qui, par souci certes de se rendre imputable de leurs actions, leurs mots, leurs choix, finit souvent par se distraire et se diviser, réduisant son pouvoir d’action politique, son pouvoir d’action sociale et la solidité de sa communauté. « On est d’accord sur X, Y, Z, mais on diverge sur W, alors on se sépare, on dissocie ! », fait qu’en bout de compte, ceux qui profitent qu’on se servante-écarlatise le bonnet gagnent du territoire.

 

Pour en revenir aux g-strings…

 

Les ados d’aujourd’hui ne l’ont pas facile. Dans mon temps, pas de réseaux sociaux pour se faire cyberbullier, fallait ce soit en personne, impossible de sous-traiter des insultes à chatGPT. Aussi, on avait des boutiques spécialisées pour faire « nos premiers pas » si on le désirait vers cette féminité coquette qu’on pourrait ou non adopter une fois adultes. Lipsyls Bonne Bell, boutiques Junior de d’autres marques pour adultes, magazines spécialisés pour les douze à dix-sept ans. Aujourd’hui, la part de marché et l’avidité des compagnies est tellement grande, qu’on a scrappé l’intermédiaire et attiré des jeunes filles de neuf, dix ans comme clientèle du Sephora. À payer plein prix pour des formules de cosmétiques adultes, de vêtements, de fragrances. Ke-ching. Mais c’est la fin du girlhood. Les jeunes filles passent d’enfant à femme, sans lay-over. Lien direct. Plus payant.

 

La trad wife, la pilates princess, la old money blonde, sont des micro tendances adoptées par des milliers de jeunes filles en Amérique et en Europe qui sans s’en rendre compte viennent effacer la diversité des styles, genres, et silhouettes durement gagnée autour des années 2010. On n’en reverra plus des campagnes de Dove avec des « femmes ordinaires ». Le bourrelet est disparu depuis 2020, les modèles blondissent, minicissent, font enlever leurs tatouages, leurs perçages, même le fameux West Village de New York, autrefois lieu central des artistes de la contreculture est devenue une frat house du mid-westcriblée de normies ! 

Excellente analyse de @sarahfromnewyork

Ce n’est pas de démoniser « un » style, mais de lever le flag du danger qu’il n’y ait « qu’un » style désormais. Où sont nos marginaux, si nécessaires à notre évolution, si nécessaires à la survie d’une société qui historiquement raffole du fascisme ?

 

La deuxième affaire, est que de s’offusquer que des jeunes femmes découvrent leur sexualité en s’exhibant la bedaine dans son nouveau top, peut envoyer aussi le message contraire, que la nudité est invariablement sexuelle, que les vêtements qu’on porte nous rendront responsables des actions des autres, du harcèlement, des agressions, et qu’encore une fois, c’est la faute des maudites jeunes filles ! En plus de se garder un genre d’autorité en enlevant toute agentivité aux jeunes filles, jeunes femmes et jeunes personnes qui font le choix conscient de s’habiller en guedaille, because, brat summer is always a slay, entécas les baddies se comprendront. 💅✨

 

Bref, il est important d’enligner nos flèches sur ceusses qui profitent des corps des femmes et des filles. Les corporations. Les médias qu’ils engagent pour véhiculer leur marchandise, les influenceurs et porte-paroles qu’ils paient cent fois plus que les employés qui les fabriquent.

 

En ces temps de crise d’identité sociale, il est important de laisser la porte ouverte à la liberté d’expression qui passe entre autres par le linge qu’on choisit de porter à tous les jours. Et de demeurer vigilant face au conservatisme caché derrière « la bonne morale ».

 

Car ça commence par le linge, après ça ils en viennent à qui vous frenchez, si vous décidez d’avoir des bébés ou pas, comment vous vous identifiez, pis à quelle heure le souper ?


 INVITATION SORTIE

Photo Émilie Duchesne
Photo Émilie Duchesne

🎙️🌓𝑨̀ 𝒍’𝒂𝒖𝒃𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒍𝒂𝒔𝒕 𝒄𝒂𝒍𝒍𝒔, c’est un chronologie de nouvelles tirées de ma vie des années 1990 à 2020, vers et hors les comptoirs de bar. Pour régler les comptes lyriquement avec l’alcool. Une lecture-performance simple, en solo, qui invite au partage authentique que j'ai très hâte de présenter...


𝐒𝐇𝐀𝐖𝐈𝐍𝐈𝐆𝐀𝐍 – 29 MAI

Factrie 701 en 5@7


𝐌𝐎𝐍𝐓𝐑𝐄́𝐀𝐋 – 5 JUIN

La Livrerie à 19h


𝐐𝐔𝐄́𝐁𝐄𝐂 – en juin

À annoncer sous peu…


VOUS ÊTES UNE PETITE SALLE, UNE LIBRARIE, UN CAFÉ ?

Et vous voulez m’inviter à lire mes affaires ?

Commentez ci-dessous et on jase !

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