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  • Photo du rédacteurCristina Moscini

Le clown le plus drôle du monde

Dernière mise à jour : 1 sept. 2021




Des préjugés tenaces contre la sobriété, il y a celui qu’en devenant sobre, on perd l’inspiration (référez-vous à ma théorie Jameshetfieldienne ici). Il y a aussi le préjugé qu’on devient moins bon dans le social ou en mode performance de prestidigitateur des planches.


C’est faux.


Sans être la Poune de mon époque (*tousse* c’est peu dire !), j’ai quand même à mon actif étonnamment des années d’expériences scéniques, filmiques, artistiques dans le baluchon. La plupart, par des occasions que j’ai crée, et d’autres parce que j’étais au bon endroit au bon moment, pour soit jouer Prostituée #1, Blonde du héros, Prostituée #2 qui meurt, Blonde du héros qui meurt. Sur scène, j’ai été payée pour animer, me déshabiller, lire de mes pouèmes, lire de mes contes, chanter, et même conter des jokes.


Je l’ai fait, la plupart du temps, paquetée.


J’ai eu incroyablement de chances et d’occasions pour une quelqu’une qui ne possède pas de formation professionnelle en arts de la scène. Des occasions que des plus expérimentés que moi ne trouvent pas tous les jours. On pourrait penser qu’il y aurait eu en moi un minimum de reconnaissance de me retrouver dans des environnements professionnels de niveau. Pas tant, apparemment. Pour la majeure partie de ma vie jusqu’à il y a un an et demi, j’étais persuadée que le meilleur de moi-même n’était qu’accessible qu’une fois imbibée. Comme Popeye et sa canisse d’épinards, je me cachais des bouteilles partout aux gigs où j’étais attendue, engagée, et je buvais jusqu’à temps que ma vue se trouble. Pour le stress, tsé.


J’ai jamais connu la Poune, mais pas mal sûre que pour avoir duré aussi longtemps, ‘a se sifflait pas du Sauvignon twist cap à même la bouteille, quand le régisseur venait la voir pour lui dire « Stand by 15 ».

Et pourtant, je m’en venais, chambranlante, aussi confiante qu’un bulldozer pour zozoter des phrases que j’avais désapprises, pour trébucher des pas que j’avais chorégraphiés, pour m’enfarger dans les fleurs de ma brassière.


On n’est pas meilleur en boisson. On n’est pas plus drôle, plus sensible, plus songé. Regardez-moi tout le monde, z’est moi le clown le plus drôle du monde, disait Homer (Simpson, pas l’Iliade) avec un abat-jour sur la tête. Mais ça fait pas tant rire tout le monde, finalement. J’ai longtemps pensé que oui, parce qu’en étant à côté de mes pompes, ça m’évitait de chausser mes bottines de responsabilités. De me chausser d’une plus véritable confiance en moi, en fait. Imposteure, mascotte, michèlericharde ? Un peu tout ça qui résonnait fort à travers une salve d’applaudissements minces.


*


Pas plus tard qu’en fin de semaine passée, on m’a engagée pour animer un festival de musique sur ambiance de camping kitsch et de Noël du trailer park. Ça a super bien été. Une de mes gigs les plus considérables depuis la pandémie, depuis ma sobriété.


M’a vous confier rien qu’un n’afffaire (Yvondeschampisme) : asti que c’est facile animer à jeun. Je veux dire, qui aurait pu croire que c’est simple de lire nos propres cartons quand on n’a pas la vue embrouillée ? Qui aurait pu penser que ce serait aisé d’enligner deux, trois blagues quand on n’a pas la yeule mauve foncée de nos pires idées ? Pas la Crostina du passé.


Noël dans le Parc est un festival qui existe depuis plusieurs années, ils faisaient ces jours-ci leur première édition à Saint-Élie-de-Caxton. Même équipe, nouveau lieu, nouvelles ressources. Dans un festival, tout peut mal aller, et le reste se tient à bout de bras par ceux qui déconnent pas trop. J’étais contente de pouvoir intégrer cette bande solide pendant trois jours où on m’a fait énormément confiance pour animer la foule, présenter la vingtaine d’artistes programmés. L’équipe technique m’a même demandé le deuxième soir de faire un éloge sur scène à la mémoire d’un de leur coéquipier récemment décédé. C’était délicat. Ça m’a secoué qu’on me confie quelque chose d’aussi important, d’aussi personnel. Et je l’ai fait avec toute la sensibilité disponible en mon pouvoir. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser dans les jours suivants, à comment cette situation ce serait déroulée si je buvais encore. Je ne pense pas qu’on ne se serait risqué à me demander une intervention aussi fragile. Tu demandes pas à une clocharde l’écume en bouche et toton sorti de rendre hommage à quelqu’un qui t’est cher en tentant d’élever les esprits. Je me serais plantée lamentablement. On m’aurait envoyé au cachot pour dégriser comme le soldat romain au nez le plus rouge des Astérix de Ciné-Cadeau.


Tout ça pour dire que, en étant sobre, je peux désormais accueillir les opportunités qui me sont offertes, et pour une fois, leur rendre toute la justice, toute la balance de beauté de bon temps renvoyé, de confiance, au possible, pour faire vibrer un boute d’univers dans le bon sens. Pour cette fois. Et, en espérant, les prochaines aussi.


Pas pour vous dire quoi faire, mais si vous pensez arrêter de boire, y a l’application I Am Sober et le groupe Wassobre qui m’ont beaucoup aidé.


*


Pas pour vous influencer, mais je vends maintenant des t-shirts de sobriété comiques pour financer mon blogue indépendant. La pré-vente se termine le 12 septembre. 30$ + 8$ de shipping. T-shirt noir unisexe 100% coton sérigraphié à la main de façon équitable à Saint-Élie-de-Caxton par Tommy G. Sérigraphe, grandeur Small à 2XLarge.


Modèle 1. « Fraîche comme une tite crisse de fleur sobre », design derrière et petit logo devant.

Modèle 2. « Je bois pu, mange-moi le cul», design derrière et petit logo devant.


J’ai pas encore de boutique web, alors passez-moi un courriel à : cristina.moscini@gmail.com pour confirmer commande & paiement, pis merci !

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