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  • Photo du rédacteurCristina Moscini

Le célibat de la guérison



On a souvent l’impression que tout le monde est en couple. Tous, autour de nous, ont chum, blonde, époux, partenaire, douce-moitié, avec qui ils partagent la vie comme l’épicerie, les photos de s’en sont allés aux pommes comme les étapes de l’existence humaine, telles que télégraphiées par les grandes industries publicitaires et sociétales depuis des décennies de domesticité inculquée.


Du moins, c’est comme ça que je le perçois, de par ma lucarne de célibataire, heureuse depuis quelques années. Et je le vis bien sans avoir à m’expliquer si ce n’est d’une Jacynthe de temps en temps qui me dit « de ne pas m’en faire, qu’un jour je vais trouver le bon », mais Jacynthe, je ne cherche pas, je repousse. Encore aujourd’hui nous est martelé l’idée du 2 pour 1, dans nos objets de consommation et aliments qui sont pesés, pensés, mesurés pour deux. Capitalisme oblige. Dans mon cœur et mes cuisses de socialiste, la réalité est toute autre.


Je vois les désavantages pour une fille dans dans mon spectre de relation hétéro et monogame, et je cauchemarde fiévreusement à l’idée de recevoir un texto quotidien me demandant « Qu’est-ce qu’on mange ? ». La charge mentale ne m’intéresse pas du tout, partager mon espace domestique non plus, la jalousie, la concupiscence, le bruit des ronflements, chier pendant que l’autre se brosse les dents ou vice-versa, ou juste l’idée d’un beau brummel qui ne s’en va pas après avoir grugé mon nénuphar, déboîté mon vestibule et déchargé sa glorieuse load m’angoisse. Il y a des gens pour qui ça fonctionne et je les félicite. Mais je ne suis pas construite de ce bois. Et je ne pense pas que leur type de bois devrait autant être établi comme celui à choisir, viser.


Je suis le contraire d’une incel. Je suis une volcel, une célibataire volontaire. [Cue : All by my self d’Eric Carmen] Sans farce, je me réclame du célibat, j’exige farouchement qu’on me crisse la paix et que l’on n’entre pas dans ma vie sinon selon mes conditions d’un châssis charnel ouvert quelques heures le temps de réchauffer les couvartes et puis bonsouâre, par des cavaliers (pas toujours) judicieusement triés sur le volet. Ton grand-père pis ton mononc’ Claude m’appelleraient « une femme moderne ».

Je mène ma vie avec la liberté des ‘90s dans un monde encore étonné de la liberté sexuelle des femmes, trente ans plus tard.

Encore sidérant pour quelques bienpensants et peureux.ses professionnels de l’autonomie, du romanticisage indépendant.


Et l’amour, là-dedans ?

J’ai certainement été amoureuse, plusieurs fois. À des degrés de fracas différents. Quand je pense à l’idée de me mettre en couple, je deviens carrément épuisée. J’ai eu le sortir magané de quelques relations, assez pour associer (à tort, je sais) le couple à un abattement, un aboutisme, un élancement des muscles, du cœur. Comme un déménagement. Je vois l’amour à deux exactement comme aller donner un coup de main à déménager et charrier des boîtes.


J’ai aimé mal. Comme plusieurs personnes mais pas tout le monde, mon langage d’amour est dans les actes de services, dans le don d’affaires comme du temps, de l’affection, de la soustraction de moi-même pour additionner l’autre. Je m’arracherais un poumon pour que l’autre en ait un troisième de spare. C’est loin d’être sain. Ce n’est pas le mécanisme à choisir pour une relation fonctionnelle, stable. Je suis souvent sortie de relations brûlée physiquement, émotionnellement, sans savoir pourquoi. Comme si j’avais déménagé d’un troisième étage dans un escalier en colimaçon, pendant une canicule où y pleut. Alors quand on me parle d’amour, j’ai encore le réflexe de penser qu’il me faudra charrier des boîtes alors que l’amour, ce serait que quelqu’un en traîne pour nous aussi.


Recevoir, ce n’est pas quelque chose qui est aussi aisé que ça quand on n’a pas appris le langage. Mais tant que les blessures d’hier ne seront pas réparées, tant que nos traumas n’auront pas été guéris par de tendres couches de Myoflex™️, de réflexion, de développement personnel, faire entrer quelqu’un dans notre vie, vivre à deux, est une mission laborieuse, périlleuse, et absolument pas nécessaire.


Mes fréquentations ont changé en devenant sobre. De plus en plus, au lieu de faire entrer un partenaire avec comme critère « Pourquoi pas ? », dorénavant, c’est davantage en me demandant « Pourquoi ? ». C’est une leçon qui s’est apprise à force d’effort, d’observations, d’expériences. C’est en fourrant qu’on devient fourregeronne.


Et la leçon la plus importante : C’est encore impossible de dé-fourrer quelqu’un. Alors pour l’amour, de grâce, soyons sélectif.ves. Pour le grand bien de nos âmes et du bagage à y accrocher ou non.


Il en va de notre croissance personnelle, et de nos futurs voyages au Ikea.



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Photo couverture par Paul Di Giacomo

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