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Photo du rédacteurCristina Moscini

L’hyper vigilance me mange le bonheur

Dernière mise à jour : 6 oct.


 

C’est quand la dernière fois que vous avez été soulevés de bonheur ? Combien de temps approximativement durent vos joies ? Et combien de temps durent vos angoisses ?

 

C’est la question que je me suis posée quand, pour un bref instant, je me suis mise à rêver positivement de la suite d’un projet qui me tient à cœur. Pendant quelques secondes, je me suis surprise à sourire, tournoyer dans la cuisine comme une enfant qui n’a jamais été oubliée dans un parking, et même glousser en m’imaginant une réussite encore fictive qui me comblerait de félicité.

 

Puis le naturel m’est revenu.

 

Comme une douche sèche et sévère, je me suis ramenée à la raison, en me disant qu’il était bien plus probable que rien de tout cela n’arrive, que je continuerais perpétuellement d’en arracher et que la facilité, le succès, n’étaient non seulement pas des choses qui m’étaient dûes, mais des éventualités que je ne pouvais posséder que si je les dérobais. Que j’étais delusional, delulu comme on dit dans la langue yassified.

 

D’où ça vient, cette marde psychique ?

 

L’hyper vigilance est un mécanisme de défense souvent crée en état post traumatique, ou mettons à la suite d'épreuves éprouvantes éprouvées. Il devient comme une seconde nature pour des individus de se protéger en non seulement scannant tout danger et issue négative à tout événement ou éventualité, mais de prioriser ces scénarios sur toute autre possibilité de résolution. La négativité, le pessimisme, la misanthropie seraient les suites de cette hyper vigilance.

 


Dans les plus, l’hyper vigilance permet de reconnaître les patterns d’une rapidité remarquable. On nous dira perspicaces, ou vifs d’esprit ou rapides sur la gâchette. C’est cette manie qui nous aura sauvé en détectant les micros expressions sur un visage potentiellement nocif, les changements de ton dans une discussion quelques coups avant le tonnerre, ou même juste un changement de vibe dans une pièce. On sait accommoder les humeurs de chacun, on sait presque toujours quoi dire pour désamorcer, on semble s’entendre avec tout le monde, de l’extérieur, la vie sociale est un bocal d’eau douce dans lequel on nage allègrement.

 

Dans les moins, on devient parfois l’oiseau de malheur du groupe, on prédit la fin des relations, les problèmes à venir avant qu’ils arrivent, on devient archi careful du langage qu’on emploie, on veut pas que le monde pense qu’on pense que ce que le monde pense qu’on pense qu’on pense, en y pensant ! Le bonheur apparaît suspect même quand innocent, on le vire sous toutes ses coutures à la recherche d’un fil à tirer jusqu’à le découdre et le dissoudre, pour finalement, force de manipulations et revirements, se donner raison.

 

Bref, c’est une torture dont il est difficile de se défaire.

 

J’associe malheureusement encore parfois, le bonheur à l’insouciance, et l’insouciance à l’irresponsabilité, et l’irresponsabilité à l’immaturité, de, par exemple, mes ivresses passées. Avant les quatre années passées à écrire sur ce blogue, il y en a eu vingt autres que j’ai passé en éternelle quête d’ébriété.

 


Pour moi qui ai commencé à consommé au début de l’adolescence, j’ai, bien rendue dans l’âge adulte, encore de la misère à vivre pleinement, sécuritairement, le sentiment de joie, de carefree attitude. Chaque fois que je me laisse aller, mon mécanisme starte sans que je m’en rende compte pour recommencer à me serrer la vis, me ramener à l’ordre, de façon permanente.

 

Mais comment laisser l’hyper vigilance derrière ?

 

J’apprends à me donner grâce par petits morceaux en me disant que de le reconnaître est une partie du progrès de fait, que l’apprentissage se poursuit.

J’envie toutefois les gens qui semblent goûter plus qu’une minute par mois à l’insouciance que c’est d’être tout sourire sans savoir de quoi sera fait l’avenir. Mais je me dis que je ne sais pas au fond, vraiment, de quoi le bonheur des autres est fait, et chronomètralement parlant, combien de temps il s’accroche aux parois de nos instants.

 

Il n’y a pas de tigre dans ta cour…

 


Un livre qu’on me recommande souvent qu’une de mes chums me parlait donnait l’exemple de l’anxiété pour le cerveau de la vue d’un tigre dans notre cour. L’anxiété, ou l’hyper vigilance que je nomme comme cousine de, ne ferait pas la différence entre un danger réel et imminent et celui qui serait imaginé, anticipé, angoissé, cauchemardé.

 

Si vous êtes aux prises avec une hyper vigilance, mettez vos suggestions de lecture ou d’ouvrages en commentaire ci-dessous, et dans tous les cas je nous vous souhaite que le tigre se fasse chaton de temps en temps.


D’un coup qu’il serait bon de se surprendre à rêver de façon ininterrompue, de la faveur des charmes d’un demain dans l’absence de peur, et dans l’abondance de bien...


 

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