En question ouverte sur mon Instagram, (suivez-moi ici), je demandais quels sujets vous aimeriez voir plus développés, et le dating sobre est l’un des sujets qui est ressorti quelques fois.
En complément, je recommande de lire l’article Sexe soûl vs sexe sobre que j’ai publié il y a quelques mois, complémenté avec l’expérience de quelques autres personnes sobres sur le sujet.
Quand on parle de dating, de fréquentation, c’est plus que l’univers de la sexualité charnelle. On parle d’avoir quelqu’un en face à face, et savoir ce qui se passe avec cette personne, pendant qu’on se fourre pas.
Pour bien comparer, il faut tout d'abord se rappeler, et être honnête vis à vis nous-même, par rapport à notre façon de consommer des relations avec l’autre, quand on buvait :
Est-ce qu’on était vorace ? Est-ce qu’on sautait des étapes ? Est-ce qu’on s’est forcé dans des climats sexuels par peur de dire non, ou tout simplement par ennui, par peur d’être seul.e ?
Plusieurs raisons nous poussent à chercher et trouver la compagnie de l’autre, que ce soit pour quelques mois, quelques jours, quelques heures, quelques, ahem, minutes.
Si je me remets en contexte, quand je buvais, les périodes de temps où j’étais célibataire et que je « datais » n’ont pas été les moments les plus marquants ou intéressants de ma vie. Avec le recul, je me rends compte que j’ai embarqué dans des fréquentations avec beaucoup d’indolence, et pas de véritable passion qui me faisait friser le string dans le cul.
Je me souviens d’aller chez un gars que je fréquentais, d’arriver chez eux et de clancher les bouteilles de vin jusqu’à temps qu’on fourre. Pourtant, j’étais venue pour ça, on le savait, je le savais. J’avais mis ma belle jupe, ma 'tite lingerie, mes beaux cheveux, un peu de parfum dans le creux de mes totons, comme un cadeau en attente de se faire déballer. Et puis l’enfilade des heures concluée par une baise anonyme me voyait repartir au tôt lendemain avec un maigre sourire sur mon visage pas démaquillé. Fourrer, forniquer, faire la bête à deux dos, c’est le fun, non ? C’est supposé être entraînant, stimulant. Mais je m’imposais tout cet alcool pour meubler le vide où l’absence de chimie se faisait assourdissant, où les conversations, pourtant jamais vraiment défaillantes, n’arrivaient jamais à m’attraper la fleur du cœur et me convaincre que je vivais un moment spécial, inoubliable. On fourre, par hygiène de vie. On s’astique chacun son tour, et on fait semblant que c’est là quelque chose de grandiose, par un jeudi tiède où même la lune oublie de briller.
Lentement, je me suis rendue compte que ce qui m’excitait le plus c’était l’idée de me soûler. J’ai déjà, dans un précédent texte sur ce blogue, décrit mes rapports d’alcoolique comme des trips à trois, parce que même avec deux humains dans le lit, l’alcool était présent dans mon corps, dans mon esprit, bien que trop. Et dans ces situations de « date » ou de plans cul, plutôt, je prenais mon pied, je me désinhibais de mon ennui qu’en calant de longues gorgées sans reprendre mon souffle. Je calais, des bouteilles, je calais dans le sofa, je calais dans le lit.
Et même les fois où c’était particulièrement le fun, avec un quelqu’un avec qui ça cliquait, quand on sortait, jamais je n’avais de quoi à dire ou à offrir à part que de courir au prochain verre et hoqueter que je m’en allais le sucer dans son char. On ne devient point la cochonne de son village avec des promesses moins claires ou expéditives.
Alors, le dating en étant sobre. Qu’est-ce qu’on a plus sincèrement à offrir ? Est-ce qu’on demeure autant téméraire ? Parce qu'on pourrait être tenté de se dire "qu'est-ce que les autres ont à me donner", alors qu'on devrait réfléchir à ce qu'on a, nous, en-dedans de soi dans le moment. Et est-ce qu'on est véritablement fringant, ou juste paqueté ? Ça dépend de chacun.
Beaucoup de nouveaux sobres célibataires se disent terrifiés de recommencer à dater, mon intuition féminine me dit qu’il y a une partie de ça qui est dû au concept vieillot que l’on doit aller jusqu’au bout avec un gars, s’il nous a payé un repas, une pinte, une gomme balloune, une clope. Il faut se mettre en tête qu’on a le choix de dire non, bye, adios, sayonara mon gars, si jamais ça clique pas.
Moi, j’étais terrifiée de ne pas trouver de connexion avec un partenaire. Mais la nature qui a horreur du vide travaille au corps ce sentiment, littéralement, et quand j’ai pu enfin me sentir férale à nouveau post-sevrage, c’est fou comment j’ai pu me convaincre que j’étais en symbiose à ce moment-là, avec mes contreparties masculines rencontrées sur un proverbial comptoir de bar… à jus.
Donc, pas de stress à ne pas pouvoir trouver votre fréquence ou votre prince charmant en étant abstinent.e. C’est absolument normal en début de sobriété et même des mois, années durant même, de vouloir prendre son temps, de retrouver ses repères, dans notre corps, notre esprit; ça prendra le temps que ça prendra ! Mais quand viendra le temps où vous sentirez que vous êtes prêt.e, le cerveau (et là je tiens ça de nulle part, svp ne me citez pas là-dessus) envoie de semblables endorphines au corps qu’aux mamans lions qui les empêchent de manger leur progéniture : vous allez vouloir de l’autre, même si c’est un.e cave, votre nature animale prendra le dessus sur le cérébral… au moins le temps d’un coït complété. L’important, c’est de jouir librement, communément et tirer son coup correct de temps en temps. Après, ça réfléchit mieux, à tête reposée, puis sans s’en rendre trop compte, on aura déjà avancé, un peu…
Et on ré-apprendra alors, à rembarquer sur la bicyclette des relations.
Dans un texte qui suivra le mois à venir, j’irai plus en profondeur sur le étape par étape, quand on « date » pour le vrai de vrai en étant sobre, prenez ceci donc, comme une genèse, dans la grande odyssée du fourrage et fréquantage, une fois débrossé.e.
Encore temps de réserver votre place au théâtre : https://bordee.qc.ca/piece/saimer-ben-paquetee/