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Photo du rédacteurCristina Moscini

Le dating sobre – Partie 3 : Quoi faire si ça presse ?


Interlude…

Dans mon dernier texte, je voulais conclure ma, ahem, trilogie de textes sur le Dating sobre, mais j’ai plutôt pris la tangente d’un sujet bien peu parlé en dehors des cercles de dépendants en rétablissement, soit les 13e étapeurs.


Quand j’ai découvert l’étendue de cette problématique - en gros, des ‘dividus qui ciblent délibérément des personnes qui viennent d’arrêter de consommer depuis peu de temps en se présentant à eux en figure d’aide ou d’accompagnement de sobriété, pour masquer leurs fins de concupiscence, j’ai pas trippé.


La première image qui m’est venue est un bully qui fesse sur quelqu’un qui est en béquilles, quand il lui avait proposé de l'aider à traverser la rue.


C’est injuste, inégal, de se présenter sous de fausses intentions, à quelqu’un d’aussi vulnérable et fragile qu’est un dépendant qui vient à peine de se séparer de sa substance.


Je vais prendre le temps d’expliquer comme ‘faut pourquoi c’est dangereux.


On parle pas d’un Jean-Steve qui propose de t’aider dans ton devoir de math en espérant que tu veules bien un jour le frencher. (Même si on ne devrait pas se présenter sous de fausses intentions jamais, vous comprenez l’tableau.) On parle d’une personne qui t’a spotté, dans le pire moment de ta vie, qui sait que tu es dans une période la plus facilement exploitable, pour en retirer bénéfices. Vous êtes pas tous les deux dans la même classe, dans le même cours de mathématiques 416; y en a un à terre, et y en a un debout.


Ce n’est pas un tableau dans Mortal Kombat où vous startez tous les deux avec full de rouge sur votre ligne de vie. C’est toi vide et l’autre plein. Et l’autre plein vient te voir parce que tu es vide. Comme un p’tit daim blessé d’la patte qui va pas pouvoir se sauver ben ben longtemps avant de s’échoir et finir, genre, métaphoriquement, le cul plein de dèche. Métaphoriquement.



Le terme « 13th steppers » vient de la 13e étape, une étape qui n’existe pas dans les fameuses 12 étapes des meetings Anonymes. Une pléthore de memes circulent en ligne, sur comment il est drôle d’abuser de la naïveté d’une personne nouvellement sobre, dans le but d’avoir, en général, des relations sexuelles sans lendemain. La page 12 Step Humor donne une idée... Ce texte, en anglais, en lien ici sur Rehabs, l’explique aussi.



Comme le terme vient de la nomenclature NA et AA, on pourrait être tenté de se bousculer au portillon pour aller défendre ces populaires institutions mondiales. « Ça ne m’est jamais arrivé, alors ça doit pas exister » n’est pas l’attitude à avoir.


Même s’il est certainement possible qu’une jeune personne en début de sobriété ne se fasse pas accoster et clin d’oeiller par une personne plus expérimentée, c’est quand même très réel, et très alarmant, qu’encore une fois, le premier réflexe est de protéger l’institution qui protège les offenseurs, au lieu de protéger ceusses qui en souffrent.


Cibler une personne en position d'infériorité dans le but de l'exploiter pour gain personnel est fâcheusement problématique. Si quand des personnes fragilisées ou marginalisées nous signalent des zones qui leur sont dangereuses, on ne les entend pas, c'est de consentir à la pérennité des comportements transgressants. Il m'apparaît essentiel de comprendre ça.


J’ai écrit une multitude de textes sur les abus sexuels, sur un autre blogue avant celui-ci, depuis sept ans, en suivant les échos de l’actualité toutes ces années, riches, malheureusement, en événements scabreux. Le parallèle ici est qu’à chaque fois que j’écrivais sur les dénonciations, à chaque fois que j’essayais d’ouvrir un sujet épineux, de donner une voix à des victimes qu’on n’écoute jamais assez, y a toujours eu quelqu’un pour défendre l’autre côté. Immanquablement. À quelque part, ce n’est que le reflet de la société qui encourage, hélas, de tels comportements. Mais moi, je ne les encourage pas, ces comportements-là, et mes quarante-sept lecteurs non plus.

J’ose espérer que sur mon petit crisse de blogue, les gens pourront continuer de suivre, commenter, partager leurs expériences en toute sécurité, avec le respect et l’humanité inclus.


Alors voilà, dans ce présent texte sur le Dating Partie 3, il me brûlait de mettre quelques caisses de Carling à l’heure, et informer de potentielles personnes en début de sobriété de stratagèmes déjà existants, et déjà tabous.



Mais ‘sont pas tous comme ça, Crostina…

Je l’sais ! Et c’est ça la bonne nouvelle !



Voici maintenant, tam-ti-di-dam...


Quoi faire si ça presse de dater, quand on est sobre

Pour vous faire un recap’, je suggère les lectures de Dating Sobre 1, et Dating Sobre 2 sur ce blogue.


Une constante dans les indications avant d’entrer en relation pour les nouveaux sobres, c’est qu’il faut prendre son temps.


- Pas avant un an de sobriété !

- Achète-toi une plante et prends-en soin !

- Si t’as pas tué ta plante, trouve-toi un animal de compagnie, et prends-en soin !

"Et seulement là, tu auras obtenu assez de points pour te mettre en couple"...


Prendre son temps.

Et prendre soin.


Pas très excitant pour une personne dépendante, quand on est habitué de toute-tu-suite-tabarnaquer notre vie, et quand la destruction, la nôtre souvent, mais aussi celle de notre entourage, nos plans, nos relations, est omniprésente et en offrande constante devant l’autel de notre vice. Mais c’est la poche de gruau nature de vérité : le secret de dater sobre, c’est de prendre son temps, et de prendre soin, de soi surtout.


Alors, maintenant, disons, que vous avez trouvé votre nouvelle moitié, vous vous plaisez bien. Peut-être que vous vous bécotez déjà aussi, ou plus si affinités...


Comment on fait réussir une nouvelle relation en demeurant sobre ?


J’ai des couples d’amis que les deux sont devenus sobres, dans ces cas-là, tout va comme sur des roulettes au kombucha, pas de danger de ne pas être sur la même longueur d’ondes, à ce niveau-là.


J’en ai d’autres que seul un des partenaires ne consomme pas et que l’autre oui, et ça peut fonctionner aussi.


« Quand ma blonde s’en vient trop pompette, souvent, je vais faire d’autre chose, et elle sort avec ses amies. Mais quand on est juste les deux ensembles, c’est peu probable qu’elle boive autant que je le faisais. », me disait un sobre.

Dans un cas comme celui-là, ce serait fonctionnel avec un partenaire qui boit, mettons, de façon occasionnelle, plutôt que virer des cuites au whisky à 9h le matin, et sniffer d’la pinotte dans les toilettes du Québec Broue, à l’ombre d’une machine à sous, exemple au hasard.


C’est certainement plus facile d’être en couple avec quelqu’un qui ne consomme pas, ou peu.


Ça peut nous apparaître étrange, à nous dépendants, de voir quelqu’un boire un verre de vin au souper, puis une bière en soirée et que ça en demeure là, mais ça existe. Pour eux, les pas dépendants, c’est nous qui sommes étranges, de pas savoir s’arrêter. Bizarre, han. Le monde à l’envers, je vous dis, au pays des non-dépendants, y se mettent des chapeaux dans les pieds, et les hamburgers mangent le monde



Alors, votre couple est nouvellement formé. Félicitations, chin-chin de Perrier…


Pour qu’un nouvel amour fonctionne, le sobre doit, et là c’est plate à dire, être centré sur soi. Au début, du moins. Puisque les personnalités dépendantes se limitent rarement qu’à la substance et dégoulinent dans leur comportement, on va être tenté en début de relation de s’épuiser à tout donner, tout faire, tout dire, tout promettre pour plaire à l’autre. On croit à tort que c’est là nos meilleures chances pour que cela fonctionne. C’est faux !


Qu’est-ce qui arrive quand on suit ce pattern : On s’épuise, on en vient à développer une rancœur que l’autre ne « donne » pas autant que nous ou qu’il ou elle ne semble pas aussi éperdu.e, et rapidement, on perdra le goût de cette course que l’on s’est fixée. On devient perdant d’un sprint qui aurait dû être marathon. Pour avoir été lapin sur le speed plutôt que tortue sur la camomille.


Qu’est-ce qui peut arriver aussi, c’est que l’autre personne déchante, quand on n'aura plus la force de donner 10000% dans une relation, quand on voudra reprendre un rythme de vie plus naturel, parce qu’on aura prétendu être sur une autre fréquence, pour se présenter plus attrayant, plus ouvert, ou plus fonctionnel que l’on est, surtout.



Dans tous les cas, rusher n’est jamais une bonne idée. Et s’oublier non plus. Pour que ça fonctionne, on doit développer une fermeté de notre « noyau » principal, éviter de s’effriter pour un oui ou pour un non.


Et c’est re-poche à dire, mais c’est pas tout le monde qui va vouloir de ça, quelqu’un qui sait et fait respecter ses propres limites.


Raison de plus alors, de ne pas céder à la pression de plaire : vous pourriez vous garder occupé à singer dans ce nouveau couple aux concessions qui vous pèsent lourd, pendant que d’autres candidats plus adéquats pour vous pourraient passer, un peu plus tard. Il n’y a pas d’urgence. Ne soyez pas pressé de montrer à tout le monde que vous êtes un work in progress.


En écriture, quand on est persuadé qu’on tient une histoire finie, un script, et qu’on veut le faire lire, il y a un dicton qui dit : Don’t rush to show people you suck.

J’applique ça au développement de soi.


C’est correct d’être encore un brouillon.

Pour travailler vers l’impeccable, l’équilibre, ça demande du temps et de la compassion. Et beaucoup de ce travail là, pour en arriver aux coucher de soleil shiny, ça demande du travail à l’ombre.


Le meilleur service que vous pouvez vous rendre, avant d’entrer en relation est d’attendre, et, si les moyens vous le permettent, de consulter en thérapie.


Devenez la personne que vous voudriez dater, et n’espérez pas que quelqu’un vienne vous sauver, vous soulager. Parce que c'est pas la job à votre prochain chum ou prochaine blonde de vous guérir.


Et travailler sur ce qu’on a à offrir, ça oblige d’abord à se remplir la tinque. Pas avec de la boisson, pas avec du gaz, mais avec de l’apprentissage et de la connaissance de soi, et de l’empathie.


Les princes, princesses, et créatures charmantes, ne sont pas en voie d’extinction, ils vous attendront, quand vous serez prêt, pour le vrai.


 

Des communautés en ligne gratuites existent, il y en a plusieurs faciles à trouver. En voici quelques unes :


Sur Facebook :

Le groupe @Wassobre (de la page Wassobre). À la fois podcast, communauté de questions et réponses, on se partage les ressources entre dépendants.


La page @Communauté Sober et Sober Curious, pour les personnes sobres ou en voie de le devenir.


En application gratuite : @I Am Sober.

C'est l'outil qui m'a permit de cheminer quand j'ai arrêté de boire. Ya un des onglets dans l'application qui permet de poster et commenter sur les progrès de d'autres personnes qui ont arrêté en même temps que vous, donc très motivant de communiquer avec des gens rendus aux à peu près mêmes étapes.

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