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  • Photo du rédacteurCristina Moscini

Q&R entre Cristina et Cristina

Dernière mise à jour : 16 janv.


Depuis le début de ce blogue, mais plus encore, depuis la sortie de S'aimer ben paquetée (le livre & monologue tiré de mon cheminement de l'alcoolisme à la sobriété), il m'arrive qu'on me pose des questions personnelles à moi.


Bien que je ne possède pas les réponses universelles aux maux de la dépendance, je m'engage ici à me poser les questions les plus fréquentes, et, vu qu'il n'y a personne alentour, d'y répondre aussi.


*En passant, si vous voulez me posez une question en vrai, l'occasion sera rendue possible exclusivement après la représentation du 11 mars prochain de S'aimer ben paquetée avec Ariel Charest. Soyez-y. Billets ici.


 

Cristina : Cristina, pourquoi as-tu choisi d'arrêter de boire ?


Cristina : Wow, on va dans le vif du sujet direct, han ?


Cristina : J'aurais pu te demander comment ça va, mais je le sais déjà. Mais pour la forme, merci d'être là, comment vas-tu ?


Cristina : C'est gentil. Je vais bien, merci ! Pour répondre à ta question, j'ai arrêté de boire parce que j'étais fatiguée d'être maganée, ou maganée d'être fatiguée, mets-ça dans l'ordre que tu veux--


Cristina : Le premier c'était mieux.


Cristina : ...ok. Bref, c'est une fatigue vraiment discernable je dirais, qui englobe tous les lendemains de brosse, toute la lourdeur qui s'est accumulée sur ton chemin. T'es tannée de pu respecter tes limites. T'es tannée de pas pouvoir te faire confiance pour accomplir ce que tu voudrais, ce que t'aurais voulu. Tu te reconnais plus, physiquement comme mentalement. T'es une étrangère dans ton propre corps au point où ça te dérange pu de te laisser mourir.


Cristina : *dark*

Cristina : Je te le fais pas dire. Faque tu décides d'essayer ça. T'as le sentiment que même si vivre à frette ça va être souffrant, ça peut pas être pire que la souffrance que tu souffres actuellement.


Cristina : "Souffrir des souffrances souffrantes", c'est pas un passage de ton livre, ça ?


Cristina : T'as l'oeil. Mais ta façon de t'autopromotionner est tellement pas subtile que ça me surprend que t'aies pas souligné que notre livre est disponible en librairie et en ligne au prix de 15,95$.

[Crédit Jean-Marie Lanlo]


Cristina : J'avoue.


(Cristina part se remplir un café.)


Cristina : Comment tu t'es rendu compte que l'alcool était devenu un problème ?


Cristina : Très tôt. J'veux dire, comparativement au nombre d'années que ça m'a pris pour décider d'arrêter. Dès mes premières brossinettes (petites premières brosses), je savais que j'allais juste boire plus et plus souvent aussitôt que je serais capable de sortir de la bière au dép' et être capable de sortir sans fausses cartes.


Cristina : Ça a été le coup de foudre ?


Cristina : Tu dis ? Pour moi, il n'y avait pas d'état humain plus noble que l'ivresse. Être soûle me plongeait dans une illusion de confiance, de chaleur, d'amour et d'estime qu'il me faut désormais apprendre à rebâtir en à jeun et en pour le vrai, maintenant dans la trentaine avancée...


Cristina : ...


Cristina : J'pensais que t'allais dire que je fais pas mon âge.


Cristina : Non, je t'ai vu le matin, t'as exactement l'air d'avoir 36 ans.


Cristina : Pff. Sentiment réciproque ici.


(Cristina réarrange ses cheveux. Un ange passe.)

[Archive de Cristina sur la brosse.]


Cristina : Est-ce que c'est vraiment dur, les premiers temps à jeun ?


Cristina : Toute devient une "première fois". Je pense que si on regarde ça de cette façon-là, en observateuse de notre propre vie, en évolution, ça devient moins épeurant. Moi j'ai downloadé l'appli I Am Sober dès le Jour 1. Ça m'a beaucoup aidé. Je suis pas quelqu'un de groupe, finalement. Malgré qu'on aurait pu me retrouver en train de chanter des comptines à boire bras-dessus, bras-dessous avec des inconnus dans n'importe quelle taverne, j'ai découvert ma véritable nature de fauve introvertie, de recluse qui protège farouchement son intimité--

Cristina : C'est bien tes totons ici, qu'on voit sur ton Instagram ?


(Cristina considère la photo d'un oeil navré.)


Cristina : Y ont tellement peu de likes, que je considère cela comme un post d'introvertie... Alors je disais, les communautés en ligne, pour moi, c'était un win-win; l'accès à des ressources et conseils extérieurs sans à avoir à sortir de chez nous.


Cristina : C'est quoi le plus gros changement de ta vie, maintenant que t'es sobre ?


Cristina : Je peux me faire confiance pour mener à terme ce que j'ai à coeur de faire. Que ce soit des projets artistiques, des objectifs de santé, d'organisage de ma vie. Ma santé physique et mentale et financière est beaucoup meilleure depuis que je flambe pu mes maigres dollars dans l'industrie du lubrifiant social. Mon discours interne est beaucoup plus doux. Parce que tsé, pu boire, c'est l'occasion de travailler sur soi, nos autres bebittes. De pu se positionner en pauvre petite victime, on a tous tendance à faire ça, c'est humain; c'est moins épeurant de se dire que les conséquences et échecs qu'on subit ne sont dûs qu'au sort cruel et arbitraire du destin que nos mauvaises décisions et inactions... Disons, que, quand tu commences à te donner une chance, miraculeusement, le vent te pousse un peu plus dans le dos et un peu moins dans la face. On a plus d'options et de pouvoir qu'on pense, sur notre propre vie. Même si vous êtes une p'tite mottée de Beauport avec des bottes qui prennent l'eau qui a dû faire faillite pour 8000$ et qui ne possédait pas même un rideau de douche en son nom. Se repartir, se refaire, se donner notre chance, s'essayer de s'guérir, ça se peut.


Cristina : C'est visé, comme exemple.


Cristina : "Par exemple", oui.


Cristina : Est-ce que c'est dur, les sorties, quand le monde boit autour ?


Cristina : Souvent, si t'es juste un ti-peu patiente, le monde va te rappeler ben vite pourquoi t'as arrêté, seulement avec le fil naturel des choses. C'est pas tout le monde qui boit qui a automatiquement un problème, bien sûr, mais il est dans nos moeurs de tolérer l'excès. Pour être franche--


Cristina : Puisqu'on se connaît !


Cristina : Pour être franche, je ne sors que très peu. Je vais seulement là où j'ai envie d'être. Ou là où je suis payée. Les temps sont durs pour les travailleurs autonomes allergiques au gluten. C'est épouvantable l'inflation, l'autre jour à l'épicerie, huit piasses pour un--


Cristina : Mais les sorties ?


Cristina : Oui, donc, c'est Kim Catrall, Samantha Jones de Sex and the City qui disait en entrevue l'année dernière "Je ne veux plus endurer rien qui ne me plait pas, même pour une heure. Rien." Et je trouve ça bien inspirant. Ce qui me portait à boire, parfois, était de devoir endurer des environnements qui m'étaient - pour une raison ou pour une autre, inconfortables. Je m'efforce de faire table rase de ces scénarios, et je ne m'en porte que mieux, et je conseille à tous de faire semblablement ! N'oublie pas : Ceusses qui ne respectent pas tes limites sont ceusses qui profitent que tu n'en aies aucune.


Cristina : C'est de Samantha Jones aussi, ça ?


Cristina : Non, j'ai vu ça sur Tiktok.


Cristina : Évidement. Cristina, merci pour ton temps. À part ton livre, où est-ce qu'on peut te suivre ?

Cristina : J'ai été au Prédrink Podcast récemment, l'épisode 30 est maintenant en ligne sur toutes les plateformes de podcasts.


Aussi, il y a des dates de S'aimer ben paquetée à venir, avec Ariel Charest, elle est bouleversante, je vous encourage d'aller la voir.

Cristina : ...Ce sera de passage à Drummondville, Lachine, St-Camille, Shawinigan et Terrebonne, ensuite en reprise à Québec du 4 au 15 mars. Ah, aussi, je ressortirai mes paillettes burlesques le temps d'un numéro au cabaret-bénéfice de La Bordée le 13 février prochain, les billets sont en vente sur leur site. Merci beaucoup !

Cristina : Merci à toi !

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