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Photo du rédacteurCristina Moscini

Courrier du Foie


Chaque mois, je réponds aux questions sobriété posées en stories sur ma page et mon instagram !



« Y a t’il seulement les fraternités qui fonctionnent ? Parce que j’ai beaucoup de difficulté à adhérer au mouvement. »

J’ai arrêté de consommer sans fréquenter de fraternité. Un peu parce que c’est arrivé comme ça, et aussi parce que j’ai arrêté au tout début de la pandémie, quand on confinait les commerces et lieux de rassemblements. Alors, c’était fermé.


J’aurais pu faire des rencontres en ligne, car NA et AA offrent sur leur site tous les liens vers des réunions en vrai ou en virtuel selon la région, mais je ne l’ai pas fait.


Je crois pas que c’était par préjugé (on rapporte parfois le côté religieux des AA, mais j’ai parlé à des personnes sobres de toute autre confession spirituelle qui affirment bien aimer les rencontres quand même), mais je crois que, bien personnellement, mon désir d’arrêter de boire en 2020 était jumelé à mon désir d’isolement (on a été servi en esti côté isolement, lol). J’ai donc mis l’idée de rencontres anonymes de côté, et j’ai plutôt joint des communautés en ligne (l'application I Am Sober et la page et le groupe Facebook Wassobre), où j’ai pu à la fois observer les questions posées par les autres qui répondaient aux miennes, trouver des ouvrages de référence sur le sujet, et poser mes questions, interagir quand je le voulais et que je le feelais comme tel. Parce que des fois, cheminer sobre, c’est apprivoiser l’animal pas toujours social qu’on est, sans lubrifiant. Et, aussi, les rencontres « plus en vrai » peuvent sembler plus imposantes sur notre mood. Mais, je persiste à dire, que devenir sobre, c’est d’apprendre à se choisir au lieu de la substance, pis apprendre à tracer notre chemin, même si ça sort des sentiers battus. Trouver notre rythme et le respecter.


Donc, oui, il y a d’autres chemins que les fraternités qui fonctionnent, même à bout de clavier. Il s’agit de trouver la recette qui nous convient.

*


« C’est tu dur de supporter sa belle-famille à jeun ? »

Ça ne peut s’appliquer à moi directement, bien sûr, parce que mon chum imaginaire est orphelin des deux bords, chanceuse que je suis ! Mais j’essaie de répondre à la question plus largement, en supposant le climat sous-jacent ici : Qu’est-ce qu’on fait pour supporter les gens qui nous énervent dans des situations sociales ?


Règle primordiale du sobre ou du buveur abstinent en public : Ne jamais avoir les mains vides. On me l’a dit en début de sobriété et c’est vrai. Un brunch familial d’allure inoffensive, par exemple, peut virer en angoisse et palpitations. Nos mains peuvent devenir agitées, on cherche à diffuser l’attention et les tensions, c’est beaucoup d’émotions volatiles et yé pas encore midi ! I got you. Prends deux verres à la fois, sans alcool bien sûr. Trois, même, pourquoi pas ? C’est party pour vous aussi après tout ! Alors, un verre pour l’hydratation (eau plate ou pétillante), un verre pour rester réveillé.e (thé, café, kombucha, boisson vivifiante) et un pour le fun (un smoothie, un jus vert, un Shirley Temple, un Yop, esti !).


Règle numéro deux : Crissez votre camp quand ça vous le dit. Tolérer, c'est tellement 2019. Y reste sept ans avant que la planète explose, est-ce judicieux de laisser Josette dire que votre dinde est trop sèche, ou que « voyons donc, pas capable de prendre juste un verre » ? C’est rare que je conseille aux gens de dire ‘Fuck off’, mais sans le dire, vous pouvez, avec gentillesse et respect, ramener la conversation sur des eaux plus plaisantes, et chasser de votre vie les belliqueux qui semblent prendre plaisir dans votre dépit.



On ne vous reprochera pas de dire votre vérité, c’est dans savoir comment le formuler. ‘Je ne bois plus parce que j’aime mieux avoir le contrôle sur ma vie’ se dit plus aisément que ‘Je bois pu même si je devrais, pour endurer votre conne de face, Josette’, vous en conviendrez…


*


« Es-tu à jeun totalement (ou tu t’abstiens d’alcool uniquement) ? »

On me demande parfois si j’ai juste arrêté la boisson, ou si je consomme d’autres substances. À cela, c’est vraiment à chacun de trouver leur recette, y en a qui prennent du CBD pour dormir ou qui fument un peu weed, ou qui vont boire un verre à l’occasion. Je parle et j’écris principalement sur la boisson, parce que c’était ma matière forte, comme on dit, dans tout l’univers de la consommation. Quand je prenais des drogues, c’était pour amplifier mon alcool. Je ne peux m’expliquer scientifiquement pourquoi un drogué va tripper sur la drogue, et qu’un alcoolique va tripper sur l’alcool; qu’est-ce qui fait qu’ils vont consommer la même chose dans un party et que chacun développera une dépendance sur l’une ou l’autre de ces substances. Je sais que pour moi, boire était le chemin le plus facile d’accès pour m’intoxiquer : c’est disponible partout, très encouragé, rarement puni même pris en excès, pas illégal, relativement pas cher (mais qui finit par être cher), et j’aimais le feeling et sa durée. Aussi, si vous buvez un verre à 10h30 le matin, on vous regardera quand même moins croche que si vous faites une ligne chez Cora entre deux cantaloups fatigués. Donc pour moi, ça ne ferait aucun sens de sniffer ou fumer sans boire. Ce serait comme frencher sans fourrer. Oui, je compare consommer à la sexualité. La relation entre un dépendant et sa consommation est fucked up à ce point-là. (Dans mes premiers textes de sobriété d’ailleurs, je décrivais le sevrage des premiers temps comme une rupture amoureuse, c’est dire…)


J’aime être sobre parce que ça s’appelle sobre. Pour moi, c’est plus sécuritaire, d’autres n’ont peut-être pas la même fragilité que moi, et bien leur fasse. Pas de jugement ici.


Par contre. Je recommande vivement, parce que c’est si plaisant, la sobriété de toute substance altérante. Même si c’est encore relativement nouveau pour moi, 23 mois plus tard, j’apprends encore à découvrir la personne qui se trouve, sous les couches d’abus de toute sorte et toute la consommation dans laquelle j’ai grandi et bâti mon identité.


Je sais que si je m’autorisais à consommer ‘un peu’, je déraperais dans le temps de le dire. Parce que je trouverais moyen de me convaincre plus facilement en fille un peu pompette, un peu gelée, qu’en fille qui dit non à toute. Alors je dis non. À toute. Comme une estie de fraîchiée pognée du cul. Non merci, Jean-Guy. De nada, Nadia. Je me connais. Je me suis vue faillir, flancher dans le passé, dans mes belles promesses de soûlonne. Je connais la déception des matins parce qu’on a exagéré, qu’on s’était dit que, mais que finalement que... C’est donc ainsi que je me tiens loin de tout, même de la mélatonine osti, et des plats avec réduction de brandy (je sais, c’est poussé loin), pas parce que je crois qu’il y a risque réel de rechute, mais je veux même pas me donner un ti-crisse de filet de chance que peut-être que. Que ça donne le goût puis l’excuse, pis paf ! Je me truste juste pas, pas même avec un filet d’air.


Je veux tuer comme un feu de marde qu’on étouffe avec une catalogne en plomb, toute pulsion de destruction qui s’acharnerait à vivre en-dedans de moi. Parce que c’est pas du plaisir, l'alcoolisme ambulant, c’est triturer notre mort comme une plaie ouverte, c'est narguer notre santé pour des secondes qui s’évaporent et c'est gambler notre chance au bonheur pour des dérives de misère. La mort de la substance vaut ma vie à moi.


Alors, je ne consomme ni drogue, ni alcool. Et je m’en porte super bien. Et je ne suis même pas si dramatique que ça dans mes métaphores.



*



« Je rêve que je bois, même si j’ai arrêté. Pourquoi ? »

C’est une question que je vois souvent, et que je me suis posée plein de fois. J’apporte ici mes hypothèses seulement, qui sont celles d’une personne non-certifiée en onirisme, mais qui a googlé et lu sur la signification des rêves depuis de nombreuses années.


En gros, bien des chances que ce soit le cerveau qui « delete » des fichiers non-utilisés. L’inconscient, les mémoires, le symbolisme, ça mêle et ça sort pour créer des trames narratives pendant qu’on dort, et bien que dans le jour, nous soyons clairs et affirmés dans notre choix de sobriété, le cerveau du rêve n’a peut-être pas encore fait sa mise à jour iOs 47.


Aussi, ça dépend des autres éléments du rêve, quelles étaient vos émotions ? Étiez-vous heureux, anxieux, honteux ?


Un rêve qui revient parfois depuis que j’ai arrêté de boire est que je suis dans un party et je me rends compte que je suis déjà genre à mon troisième verre, je ne me souviens pas d’avoir bu avant, mais j’ai visiblement recommencé. Se produit alors un sentiment de panique car j’essaie de voir un calendrier dans mon rêve ou chercher la date qu’on est pour « faire du sens », et comme je n’y arrive pas, je me réveille habituellement dans ce bout-là.


Les cauchemars ont aussi une fonction bien particulière, celle de nous réveiller le corps pour aviser d’un danger ou d’un inconfort : besoin de pisser, mauvaise position, difficulté de respirer, bruits, etc. Pour se tirer d’un rêve et revenir au monde éveillé, il faut des émotions si puissantes que le cerveau ne catche plus qu’il se trouve dans un rêve, et qu’il pense qu’il vit ces émotions pour le vrai de vrai.


Ces émotions vives sont souvent celles dites « négatives », soit la colère, la tristesse, la peur, le dégoût, la honte. Pas jojo, mais ça réussit à nous arracher des bras de Morphée.


Alors, le cerveau, cave comme il est, se dit peut-être : « Bon, faudrait que je réveille Aurélie, elle est en train de se donner un torticolis virée de même pis faudrait aussi qu’on aille pisser… Qu’est-ce que je fabrique pour qu’elle se réveille au plus crisse ? Ah, elle a arrêté de boire ! Je vais lui passer des images d’elle qui a recommencé, ‘a va feeler cheap, triste et honteuse, ça devrait marcher. ‘A va peut-être feeler comme de la marde en se réveillant en comprenant pas pourquoi, mais au moins elle se sera pas pissé dessus en dormant, j’ai donc faite ma job !».


C’est à peu près cette extrapolation qui me sert de conclusion, quand je rêve que je bois, même si je ne bois plus.


Vous ne pouvez pas prouver que c’est vraiment ainsi que ça se passe, mais on ne peut pas non plus prouver que c’est pas pas exactement ça aussi, tsé... Je vis bien avec ça !



*


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BOUTIQUE

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