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  • Photo du rédacteurCristina Moscini

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la sobriété* (*et vous l’avez demandé).

Dernière mise à jour : 20 févr. 2021



En story sur ma super page Facebook de Rédaction (que vous devriez suivre par cet hyperlien), je sondais les internautes variés d’âge et de genre sur quel aspect de la sobriété intrigue.


En 24 heures, mon onglet à réac’ a reçu un éventail de pistes que je m’en vais éclaircir avec un grand plaisir de sobre ici :

« La pression sociale, du genre : Hein tu bois pas, comment tu fais pour avoir du fun dans ‘vie ? »

- Francis


Les réactions sont positives quand on annonce qu’on arrête de boire. Surtout quand on avait un problème, vous allez plus probablement rencontrer les réactions de gens soulagés. Ça peut piquer l’orgueil, même, de voir votre entourage quasiment sortir ballounes et petits chapeaux en chantant Il était temps, cuillère à bois en flagelle-cuisses et dansant le rigodon de la salvation. De voir vos amis vous appuyer à ce point, ça pourra même faire un effet interne du genre « My god, j’étais rendue si pire que ça ? », mais c’est du bon, c’est du positif. Ça montre qu’on tient à vous au fond, et qu’on devrait tenir à soi.

Si vous croisez une personne (et vous en croiserez) qui vous met la pression pour « en boire juste une », dites non et passez au sujet suivant. Lux donne de très bons conseils là-dessus dans le Guide du Nouveau Sobre, également sur mon blogue.


« Le sevrage » c’est comment ?

- Maryse


Ya rien de plus difficile que la première semaine, les premiers jours, le premier mois. Après, on devient plus fort, un peu... J’en parle beaucoup dans ce blogue alors je vais vous référer à l’onglet « Boisson » sur ce site !



« Est-ce que tu t’abstiens également des autres drogues ? »

- Samuel


À chacun de vivre sa sobriété ou son abstinence à sa façon. Dans mon cas, l’alcool était ma dépendance principale. J’ai eu la chance de ne jamais être perméable aux drogues au point d’en vouloir quand y en avait pas alentour, et les autres substances ont toujours été des outils pour amplifier mon buvage. Donc pas de boisson, pas de dope, même pu de mélatonine, parce que sans alcool le sommeil m’est redevenu le fun, facile, régénérateur et ininterrompu. J’essaie très fort que ça n’ait pas l’air d’une vantardise, mais c’est véritablement ainsi que ça s’est développé pour moi.


« Comment fait-on pour ne pas trouver le temps long en sobriété ? Comment trader le loussage de la soupape après une journée épuisante pour autre chose qu’un verre ? Surtout à l’ère du jour de la marmotte ! »

- Valérie


En effet, on a l’impression de retrouver des heures sur l’horloge en ne buvant plus. D’abord, parce que virer des brosses, ça prend du temps. Même si souvent agréables, les gorgées à accumuler doivent se faire une à une pour se rendre à l’état magique. Dans mon cas, j’aimais tellement ça que boire était l’activité principale, fuck la raquette, fuck le parchési, boisson all the way et je courais à coups de talons dans le cul vite vite vite vers la cirrhose avec un enthousiasme déchaîné. Et non seulement les heures que ça prend à se mettre dans un état second - on peut penser aux soupers au resto qui s’éternisent et qui deviennent « politiques » une fois que tout le monde a la gueule mauve et parle sur le bout de la langue alors que tout ce qui a été demandé était « la crème brûlée ou le brownie au sapin beaumier ? », spectacle un peu lourd dans les yeux d’une waitress qui veut juste closer malgré ces sympathiques ivrognes qui tipperont à 30% et plus pour excuser leurs débordements (réflexe d’alcoolique s’il en est un) - mais aussi aux heures que ça prend à débrosser. Donc oui, en sobre, on *trouve* du temps, mais attention, ce temps-là sera des heures où vous serez en pleine forme et en pleine possession de vos moyens !


C’est pas, genre, tiens, v’là quatre heures de plus par jour où tu feeles tout croche et que t’as le goût de mourir à côté de la bol. C’est plus, voici du temps qui te revient où ça va peut-être te tenter de faire la cuisine, de te ramasser, de te crosser, d’aller marcher, de peinturer, rénover, ou ben ce que tu voudras : t’en auras l’énergie !


Le réflexe également du verre après la job se perd. Dans mon cas, j’ai trouvé le bonheur en étant travailleuse autonome et le détachement en pandémie; je n’ai donc plus d’horaire et je n’ai plus le sentiment de l’inéluctable passage à l’abattoir de petit bétail en moulée capitaliste que je vivais quand j’étais sur un payroll avec un horaire où j’étais obligée de rentrer le lundi, de m’excuser pour aller pisser, de me faire remplacer et demander la permission pour des congés. L’indice de bonheur a augmenté de façon exponentielle en changeant cette condition de travail pour moi, ipso facto (tipsy facto ?), je ne ressens plus le besoin de rageusement caller une bouteille et demi de blanc dès que j’ai terminé ma journée. Chercher la raison pourquoi on boit peu amener des belles réponses parfois, et nous mettre sur les pistes de notre élévation personnelle.*

*Oui, vous lisez un pamphlet communiste qui vend du chakra de contrebande, me voilà démasquée.


« L’aspect créatif (est-ce que la sobriété rehausse vraiment la capacité à créer, tout en maintenant d’autres occupations) ? »

- Jeff


Ah, ce cliché Hemingwesque que l’alcool donne de l’inspiration ! J’y ai longtemps cru. Que la boisson me donnait des pouvoirs magiques, de la répartie, du verbe dans mes phrases, des idées de concept me venaient pour des spectacles, des textes, des événements. J’avais même établi (très scientifiquement), que ma créativité était à son peak après 2 pintes ou 2 verres de vin, mais qu’y fallait pas que je dépasse sinon, ça devenait de la bouette. Des auteurs ou artistes appellent ça la « zone ».


Y a certainement quelque chose, oui, c’est vrai. Le cerveau est plus détendu, on redescend dans notre corps, on se sent plus concentré, inspiré.


Par contre, la plupart du temps, je me relisais en débrossant par après, et mes coups de génie de coin de comptoir valaient rarement de stopper les presses.


Créer sobre vous apporte la constance. Je sais que si je m’assis devant mon ordi par exemple, un texte va sortir. Contrairement à auparavant où l’inspiration m’allait et venait comme une muse évanescente et fatiguante. Je suis davantage en maîtrise de mon chemin de pensées. De cette façon, j’en comprends que l’inspiration n’est plus quelque chose de rare à attraper et qui se fait en devant me transformer l’état. Ces idées, cette créativité est en nous, elle demande juste à sortir.


« Est-ce que tu manges tu saucisson au cognac ? Du bouillon de volaille au vin blanc ? »

- Daniel Pinard


Je pourrais, mais je le fais pas. Pour deux raisons : J’ai perdu l’appétit de plusieurs aliments qui se mariaient (trop) bien avec l’alcool. Je vois plus le plaisir, par exemple, de manger des huîtres, certaines charcuteries et fromages fancys, ailes de poulet ou jalapeno poppers en étant bien à jeun ou en accompagnant ça d’un jus de pomme.

Certains épicuriens trouveront les accords parfaits même avec des produits sans alcool, mais je me suis découverte moins foodie que je ne le pensais. J’ai connu d’excellentes tables et le plaisir gustatif du gras et du sang salé qui coule et s’avale avec un montrachet, mais c’est comme si sans l’ivresse accompagnée, je ne ressens plus l’appel d’une certaine décadence rabelaisienne dans les plats. Aussi, deuxième raison, une superstition un peu niaiseuse puisque je sais très bien que l’alcool en cuisson s’évapore, j’ai quand même (un peu) peur que mon corps détecte l’alcool et y prenne goût. Ce serait plutôt dans une gymnastique mentale perverse, mais pas impossible connaissant ma longue et fougueuse relation avec la boisson, j’aime mieux juste pas. Pour l’instant.


Même qu’au début de ma sobriété, je rêvais parfois que je buvais ou que j’avais bu, pour me réveiller troublée, déçue de moi même si ce n’était qu’un rêve. Récemment, j’ai commencé à refuser les verres même dans l’onirique ! Si c’est pas de la progression…



« Les dates ? »

- Sara


Sur les applis de rencontres, quand on annonce qu’on ne consomme pas, pas du tout, parce qu’on a une dépendance, y a certainement une aura de drapeau rouge qui s’érige autour de nous. Les inconnus peuvent alors me percevoir comme une fille à problèmes avec risque de rechute. Risque de rechute, c’est inévitable, au même degré que tout humain, mais je vis beaucoup moins de problèmes que dans le temps où je buvais « socialement ». Mais bon, si Aurélien_27 ne me comprend pas, il n’a qu’à swiper de l’autre bord. Je ne m’en porte pas plus mal.


« Fourrer à jeun genre, c’est comment ? »

- Andrée-Anne


C’est différent ! On est présent à chaque seconde, versus un nuage flou de baisodrôme où on aurait pu vous fesser avec un madrier direct dans la plotte que vous n’auriez rien senti et qu’à la fois vous en auriez redemandé. Et cette présence est à double tranchant, car si l’alcool maquille le manque de chimie entre deux êtres, la sobriété c’est comme fourrer sans filtre. Ça s’apprend. Un peu freakant. Comme les premières fois à l’adolescence, car y a certainement une redécouverte, pas toujours gracieuse et pratiquée, mais sincère sinon. Je travaille alors sur mes cavaliers de danse, j’apprivoise, je m’apprivoise aussi. Mais c’est du travail, pour une quelqu’une qui, peut-être, fourrait depuis longtemps sur le pilote automatique du last call sans grand investissement transcendantal.


*

J’en parlerai davantage dans mon monologue S’aimer ben paquetée, en plus d’autres choses, qui sera lu par l’excellente Ariel Charest au Théâtre la Bordée le 6 mars prochain. Vous pouvez déjà réserver virtuellement ici. C’est gratuit.



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