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Photo du rédacteurCristina Moscini

Courrier du Foie – Avril



Chaque mois, je réponds aux questions relatives à l’alcoolisme et la sobriété, dans le spectre de ma connaissance de soûlonne en rétablissement. Suivez-moi sur Instagram & ma page de Rédaction sur Facebook pour avoir accès aux prochaines questions posées.




« Le pink cloud : qu'est-ce que c'est et comment le gérer ?»


Le terme pink cloud est utilisé dans le langage de sobriété ou rétablissement comme cette période où tout est donc beau, toute se peut, et qu’on est donc invincible. Familier ? Le site Healthline le décrit mieux que moi :

Si vous avez récemment commencé votre processus de rétablissement en cessant de consommer et que vous vous sentez plutôt bien, vous êtes ‘probablement’ sur un nuage rose…


Dans la plupart des cas, vous venez juste de traverser le sevrage, ce qui a probablement impliqué pas mal de détresse physique et émotionnelle.


Soudain, vous commencez enfin à vous sentir vraiment, vraiment bien. Vos yeux s'ouvrent sur les grandes choses de la vie et vous attendez chaque jour avec enthousiasme et espoir. (Contrairement à attendre chaque soir avec désespoir en s'auto-commanditant derrière la cravate une bonne trente-douze de Pabstoune Bloue Ribbone, avalée amèrement, en faisant rouler vos R comme Plume Latraverse, quand vient le temps de faire rimer Marde avec Pot d'moutarde...)


Le ‘nuage rose’ peut ne pas se produire exactement de la même manière pour tout le monde, mais les sentiments et expériences communément vécus incluent :


  • Sentiments d'euphorie et de joie extrême;

  • Une perspective pleine d'espoir;

  • Positivité et optimisme quant à la reprise en main de votre vie;

  • Un état d'esprit calme ou paisible;

  • Confiance en votre capacité à rester sobre;

  • Préoccupation pour les aspects positifs du rétablissement;

  • Engagement envers des changements de style de vie positifs;

  • Augmentation de la conscience émotionnelle;

  • Une tendance à négliger le côté dur inévitable nécessaire pour maintenir la sobriété.



Bref, comme Icare, on vole de nos ailes de kombucha peut-être trop proche du soleil...


Mais ça, c’est typique d’une personne dépendante : quand ça va ben, ça va ben EN CRISSE. Et, physiologiquement, c’est normal de se sentir énergisé pour la première fois depuis longtemps, puisqu’il n’y a plus de substances nocives qui intègrent régulièrement notre système.


Le nuage, c’est de l’espoir physiologique, qui selon moi, est nécessaire pour cheminer en sobriété. Comme un boost qui se crée en notre corps et esprit pour amener de la perspective positive à ce que l’on vit, qui peut être franchement tumultueux. À tous niveaux.


Mais ça peut être dangereux aussi.


Comme tomber en amour.

Quand l’infini des possibles soudainement nous apparaît coulé et aplani comme une nouvelle asphalte lisse de notre volonté, on peut avoir tendance à faire des excès de vitesse.

Après tout, nous sommes des dépendants, pas reconnus comme étant des modèles de mesure, de modération.


Le toute tu-suite tabarnak embarque...


On guérit ? On guérit EN TABARNAQUE.

Enweye les jus verts, le work out le matin, enweye changer de job, de ville, de coupe de cheveux, de régime alimentaire, on devient expert en tout ce qu’on a déjà haït, on règle des problèmes latents avec l’énergie du Dieu de la Colère. Appelez-moi Solution.


Le pink cloud arrive et part à des moments différents pour chaque soûlon. Généralement arrive après quelques semaines du début de notre arrêtage de consommer (donc juste après le sevrage) et part après quelques mois.


Sur Healthline toujours, la Docteure Cyndi Turner affirme que ce serait une fois le pink cloud passé que le ‘vrai’ travail de sobriété commence :


« Le rétablissement demande des efforts chaque jour pour mettre en place un mode de vie équilibré, utiliser d'autres capacités d'adaptation, réparer les relations et planifier l'avenir. La phase de nuage rose n'est pas durable, elle peut donc créer des attentes irréalistes qui préparent les gens à la rechute. »


Alors, faut-il tenter de l’éviter, ce nuage ?


La clé, c'est d'apprendre à fonctionner et à apprivoiser le "petit à petit". On peut, à notre rythme, réintégrer les tâches d’adulte qu’on a pu mettre de côté dans nos phases de consommation, soit :


  • Aller travailler;

  • Maintenir nos responsabilités de tâches ménagères chez soi;

  • Interagir avec notre partenaire, enfants, amis, chat, chien, tamagotchi;

  • Se commettre de façon conforme à notre programme de sobriété, que ce soit thérapie, réunions, communautés, etc.


Le retour à la réalité peut ne pas être sexy, mais esti, ça fait partie de la vie. Et même si on peut être tenté de s’écrier « How can i live, laugh, love in these conditions ? », il est important de se rappeler qu’une bonne majorité des dépendants retournent à la substance dans les premiers 90 jours d’abstinence.

Comment passer à travers le pink cloud ?


  • Comprendre que ça fait partie des phases et identifier d’avance ce qui risque de se passer en nous.

  • Admettre que tout ce qui apporte un grand high, peut aussi nous laisser un gros down s’il nous est enlevé.

  • Développer notre habileté à cheminer petit à petit plutôt que de all in-er, plein-cul-iser les étapes de notre vie...

  • S’informer. Les ressources sont à bouts de doigts; googlez vos sentiments, quelqu’un, quelque part a déjà écrit là-dessus c’est garanti.

  • Chercher l’aide professionnelle. Si vous êtes cassé, des communautés d’entraide en ligne existent, j’en parle 33% du temps, faisez vos recherches, comme on dit.

  • Journaliser nos humeurs. La meilleure façon de garder une perspective sur notre évolution.

  • S’imaginer dans six mois, avec des étapes d’objectifs réalistes : Tu veux un château ? Ok. D’abord, ça te prends un permis de la ville. Après, un contractant instruit en architecture féodale. Après, quelqu’un pour t’anoblir parce que tu veux pas un château sans être un sieur ou une sieuse de quelque chose. J’entends par là, que peu importe le plan, écris-lé, fais pas juste le dire.

  • Donne-toi des mini petits crisses de buts. Pis fais-les. Tu vas t’habituer à garder les promesses que tu te fais.

  • Médite. De la façon que tu veux. Marcher dehors sans wifi peut être une sorte de méditation. Dormir 9 heures par nuite peut être une sorte de méditation. Commets-toi à une routine en laquelle tu as confiance et qui te reconnecte sur toi.

  • Trouve du support. Parle de ce que tu vis à des gens qui en sont à la même étape (I Am Sober, Wassobre, etc.)

  • Développe le self-care. Néglige pas l’impact de bien manger, bouger, dormir, boire de la câlice d’eau. C’est téteux, ça me fend le cul d’être devenue la personne qui dit aux autres de boire de l’eau pis de chercher l’équilibre, mais crisse, ça sauve des vies.


Se rappeler que la guérison n’est pas linéaire : c’est normal de ne pas feeler 100% du temps au top, mais une heure de marde, une journée de marde ou une semaine de marde ne mardit pas la vie au complet.

En somme, le pink cloud est une étape à accueillir avec gratitude et espoir planifié pour ce qui s’en vient. Tenez bon, vous le regretterez pas !



Bon avril !



*Une question seulement ce mois-ci car j’en avais long à dire. Hésitez pas à commenter pour les sujets à amener dans le Courrier du Foie du mois prochain !




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Telle la Lise Watier de la sobriété, je développe mon empire de coton avec des nouveaux sacs réutilisables de sobriété ! Wow ! Lien BOUTIQUE.


Deux modèles, l’un avec Livres & Tite Tasse « Party sans substance, Réveil sans souffrance », et l’autre avec un Pissenlit qui dit « Dans les craques du trottoir, il pousse quelque chose comme l’espoir ».


Sérigraphiés à la main à l’encre à l’eau à Saint-Élie. La merch de boutique que je promouve, est l’outil qui me permet de donner du temps à ce blogue et d’écrire sur ma sobriété, alors si ça vous a aidé, considérez un jour ou un autre de peut-être faire cadeau d’un sac pour quelqu’un, ou un t-shirt pour vous, ou de partager cet article sur vos réseaux ! Merci !

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