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  • Photo du rédacteurCristina Moscini

Courrier du foie – Mai



Chaque mois, je me fais un devoir de répondre à des questionnements relatifs à l’alcoolisme et la sobriété, du mieux de ma perspective d’alcoolique maintenant sobre. Pour accéder aux questions et sondages des prochains mois, suivez-moi sur Instagram ou sur ma page Facebook de Rédaction.



« Est-ce qu’on devient plate en devenant sobre ? »


C’est une question qui revient, des fois ouvertement, des fois un peu plus indirectement. En sondage, 66% de mes abonnés on répondu « Non » à Avez-vous peur d’être plate sans alcool ?, ce résultat étant partagé entre personnes sobres et qui consomment. Ce qui laisserait, un 34% de gens qui, effectivement, ont cette peur d’être plate sans alcool.

La réponse : Peut-être ben que oui, pis on s'en câlisse.

Si la définition d'être le fun est de débouler des escaliers en se faisant crisser dehors d'un bar, de pisser entre deux chars pendant qu'il fait encore clair, de montrer notre cul à des voyous, m'a vous dire : c'est pas une grosse perte. Si c'est d'être agréable de compagnie, être capable d'être à l'aise en public, avoir nous-mêmes du fun, ben, ça, ça changera pas en devenant un à jeun.

Mais autrement, devrait-on s’en inquiéter ? D’abord, quelle est-elle, cette peur ?


Ce qui est le fun pour moi, c’est que j’ai vécu les deux côtés de la Bleue-Dry, et malgré que j’ai passé beaucoup d’années imbibée comme une guenille de bar un soir de jeudi de paie, je m’en souviens encore très bien...


Les racines :

Il faut comprendre que l’humain est un animal social, et que l’alcool ma foi, sert de lubrifiant. Mais tel s’enduire d’huile à bébé pour bronzer sur un toit de tôle d'Arizona en juillet, les résultats ne viennent pas sans risque.


L’alcoolisme possèderait cette double nature liée et à des facteurs génétiques et à l’entraînement, alors si on se force à se clancher des quarante onces pour faire rire la compagnie, on risque de se brûler du chest jusqu’au foie, sur un moyen temps.


Quand je buvais, certains auraient pu me décrire comme un papillon social ou un animal de party, quelqu’un qui met de la vie* dans les bombances et autres crémaillères d’occasion. Si certains sont décrits comme qu’ils light up a room when they walk in, moi, j’agissais comme un feu de bengale un peu trop près des résidus de plastique inflammables : "Esti, ‘a va-tu tomber, ‘a va-tu pogner en feu ?" étaient le genre de questions que je laissais à l’esprit des hôtes qui avaient eu la témérité de m’inviter chez eux ben proche de leurs bibelots fragiles.


*Par ~mettre de la vie~, j'entends là, dans mes derniers temps surtout; déposer oralement quelques litres de bile dans la toilette de mes hôtes et différents taverniers de la ville et la province de Québec, ajouter quelques trous dans mes bas de nylon en pratiquant des gigues non-rémunérées, et interrompre le monde invariablement pour conter ma même joke de bizoune pour la sixième fois de la soirée. Bref, une vraie petite Mario Jean.


...Mais, quand je buvais pas, (phénomène très rare qui ne survenait que lorsque je débrossais d’avoir trop bu) on me disait alors le fameux : « Ben voyons, qu’est-ce t’as ? On dirait t’es pas toi-même, t’es ben plate ! »


Ah ! Comment fendre le cœur d’une si malhabile people pleaseure ! Et, telle la Pagliacci des pauvres, je rétorquai, quand on me disait d’aller me distraire un peu « Mais docteur, c’est moi qui dois distraire les autres, c’est moi, le clown éternellement embauché ! »...


N’est-ce pas terrifiant juste l'idée d’être rejeté des tribus où l’on croit mériter notre adhésion en procurant des risettes à tout bout de champ, comme un.e saltimbanque acharné.e ?


Donc, avez-vous peur d’être plate en devenant sobre, ou plutôt, avez-vous peur d’être rejeté si vous ne performez pas la danse de l’inclusion sociale ?

Avez-vous peur du rejet, de l’abandon ?


En buvant pas, avez-vous peur de vous retrouver… avec vous-même ?


Oups. C’est downant en esti.

«Comment faire alors si on pense vouloir arrêter de boire, mais qu'on a peur, un peu, de la réaction des autres ? »


Essayons la chose en proposant des règles qui nous aideront à nous en sortir :


Règle #1 : Toute personne mérite le respect, et, l’amour et quelque chose qui s’offre, pas quelque chose qui s’échange. Donc, vous ne « devez » pas quelque chose en échange de votre présence, et vous n’êtes pas responsable de l’humeur des gens qui vous entourent. Le mieux qu’on peut faire, c’est d’être cordial et respectueux. Si des gens sont tristes ou en colère, ce n’est pas votre responsabilité de les égayer, vous pouvez bien sûr les écouter d'une oreille attendrie, mais faites attention de ne pas « prendre sur vous » les sentiments des autres. Les vôtres de sentiments sont tout aussi valides, et vous n’en faites probablement pas de cas quand on n'vous cajole pas la rate à chaque sortie.


Règle #2 : Si quelqu’un ne peut pas vous endurer sobre, décâlissez sur le champ. Vous n’êtes pas un singe de cirque, et cette autre personne qui vous encourage le levage de coude n’aura pas à souffrir votre lendemain de brosse à votre place. Alors qu'il en suffise des « Enweye donc ! »… Car voyons, sacrament, on a-tu 14 ans ? Se faire influencer par un plus vieux pis pogner une cirrhose ? Nenon. Nenenenon.


J’en parlais justement à une amie qui consomme, mais qui consomme moins qu’avant, et qui a remarqué que depuis, on l’appelle moins, qu’on lui dit même du « T’es plate ! » quand elle n’embarque pas dans une nouvelle galère de substances. Et, voilà ce qu’il s’en faut de répondre, comme elle l’a dit si bien : Si tu peux pas m’endurer à jeun, ben décâlisse !


En fait, répondez exactement comme dans les vidéos de prévention anti-drogues ou anti-tabac des années '90 : Essayez de dire de façon convaincue "Eille gang, allume !" en premier, et si ça marche pas, sauvez-vous en maudissant la campagne DeFacto.


Qu’y a t’il à dire de plus ?


Si notre présence sobre est insupportable à notre milieu, c’est qu’il est temps de changer de milieu. Là vous allez me dire : « Ah, mais Cristina, comment je vais faire pour trouver des mottés sortis de prison voleurs de radio de char qui se font sucer les gosses par le chien du voisin, tsé, des vrais amis de qualité ? »


Et moi je vais vous dire, partout. On a le don d’émettre des résonnances à la hauteur de nos valeurs et du respect que l’on s’octroie. Il faut s'autoriser à changer notre fréquence. Non, je n'essaie pas de vous vendre des quartz.


Et il faut dès maintenant commencer à dire non à ce qui nous nuit, nous détruit, car c’est un esti de beau départ pour vers ce qui peut nous attendre, nous aider à grandir. Ça c'est un conseil de sobriété ou non.


La différence, c'est nous au bout de la ligne. En enlevant les tessons brisés de notre chemin, ça marche pas mal mieux vers ce qu'on veut, vraiment.


Full promis et garanti !


Commentez vos questions si vous en avez, elles se retrouveront dans le Courrier du Foie de juin.


 


DU FUN, DU NOUVEAU PIS DU SOLDÉ !


Le fameux t-shirt de bière est sorti ! La réception est si bonne, qu'il en reste 5-6 au moment où j'écris ces lignes. Coupe unisexe et loose fit, passez pas tout drette.

Aussi, les tank tops unisexes aussi sont à 14$, ainsi que les beaux sacs réutilisables en coton, sérigraphiés à la main à l'encre à l'eau !


Magasinez toute cela, ici.







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