Aboulie
n.f. (du grec boulesthai, vouloir)
Trouble mental caractérisé par l'affaiblissement de la volonté, entraînant une inhibition de l'activité physique et intellectuelle. L'aboulie, signifiant littéralement l'absence de volonté, ou paralysie psychique, est un symptôme psychiatrique peu connu du grand public, et pourtant très invalidant. « Il se manifeste par l'incapacité, chez la personne qui en souffre, à initier des tâches, réaliser des actions, ou même ressentir des besoins. »
Êtes-vous une personne dépendante ?
Avez-vous cessé de consommer et du fait mis une croix sur un pan de votre vie sociale ?
Avez-vous remarqué une baisse de vos aptitudes sociales depuis la pandémie ?
You might be entititled to compensation ! Call 1-800-WUTSWRONG-WITME?
Plus sérieusement, je lisais sur différents troubles humains, et l’un qui était relié à la catatonie, sans être la même chose, s’appelle l’aboulie. Et à 898 jours et nuits aussi sans boisson dans le système, force est de constater que dans le long et non-linéaire chemin de la guérison, certains symptômes ou comportements ressemblent à ceusses ressentis par des nouveaux et moins nouveaux sobres.
En me prenant comme exemple, j’ai certainement remarqué une perte du désir de l’extérieur en devenant sobre.
Une partie de ça est dû au fait que j’ai ignoré pendant deux décennies ma véritable nature, beaucoup plus introvertie que ce que j’en laissais paraître, quand je me forçais à sortir, aller vers les autres, prendre de la place, interagir. Car dehors, car de l’autre côté des murs, c’est là que le fun était, c’est là que souvent, la substance se tenait, aussi.
En enlevant le but et la possibilité de me soûler en sarfe comme récompense si j’allais à ce party, cet événement, cette autre obligation, 98% des activités auxquelles je répondais auparavant présente ont perdu de leur attrait.
Puis entre temps, une pandémie, du travail à la maison, des vagues de couvre-feu, nous on fait globalement rendre compte que le monde entier peut se gérer à partir du divan, tant qu’y a de la bande passante.
Mais l’aboulie là-dedans ?
Alors certes, désherber notre agenda des activités incitantes à consommer, enlever les occasions perdues par les fermetures de nos salles de spectacles et restaurants préférés et patati, reste que l’option de sortir n’apparaît pourtant plus aussi chatoyante. Pourquoi ?
Est-ce que la sobriété n’est pas la point-zéro-huitième merveille du monde ? Alors pourquoi on a de la misère à quitter l’édredon ? Serait-ce une dépression ?
Ce qui est merveilleux d’être sobre, c’est d’être alerte à tout changement dans notre comportement, et de mieux pouvoir journaliser nos mutations. Si on en vient à se dire « Même la meilleure compagnie ne vaut pas le confort d’être seul.e », est-ce qu’on ne se prive pas d’une partie de développement social qui pourrait nous faire évoluer ?
Si ça vous arrive, prenez le temps de vous écouter et de creuser votre raisonnement :
Si je sors, qu’est-ce que je crains qui va se passer ?
Qu’est-ce qui risque plus probablement d’arriver ?
Est-ce que je peux m’autoriser à essayer des nouvelles activités, avec des nouvelles personnes ?
Si on avait l’habitude de juste sortir chez le voisin pour faire du mush en regardant des dvd des Bleu Poudre, il se peut que notre cerveau associe encore « sortir » avec des décadences de cages d’escaliers de notre jeunesse. C’est là qu’on voit aussi de nouveaux sobres, l’air fringuant, faire du wakeboard à Iqaluit sur Instagram, alors que quatre ans plutôt, ils avaient le cul vissé au bar de quartier de 11h au lastcall. Changer. S’autoriser à changer.
Je vois l’aboulie comme une période transitoire, quand l’on n’est plus certain de savoir ce qu’on aime, de savoir ce qu’on a besoin.
Le monde extérieur apparaît soudain comme un grand tableau pas encore déchiffré, pas encore assaini des dangers et risques qu’on peut lui trouver, et plus que d’avoir peur d’être tenté.e, on a peur, je crois, de s’ennuyer.
Et l’ennui, c’est les préliminaires de la consommation.
On passe du FOMO au FOGO. *Fear of missing out versus Fear of going out.
Est-ce qu’on souffre d’aboulie de refuser de se garnir le carnet social ? C’est une question à répondre par vous-même et votre professionnel.le de santé.
Mais je vois trois points à méditer :
Est-ce que le temps choisi de passer seul.e débouche sur une recharge d’énergie, un renmieutement quelconque de notre santé mentale ? Si oui, tant mieux, sinon, voir ce qui se passe.
Est-ce que notre perte d’intérêt pour les choses qui nous intéressaient s’est dirigée vers autre chose ? Car c’est correct de ne plus vouloir aller aux games de bizeball si le but pour nous était d’y boire 456 bières, c’est très correct d’aller voir des expositions sur les ti-oiseaux des champs l’après-midi aussi.
Est-ce que votre isolement volontaire vous protège ou vous pénalise ? Je suis de l’école de pensée qu’un humain a beaucoup besoin de solitude pour grandir psychiquement, se permettre de raisonner par lui-même et développer une perspective plus mûrie sur ce qui l’accable, mais pas au péril de développer des troubles du langages comme Jodie Foster dans Nell si éloigné de la population trop longtemps.
Les aptitudes sociales sont un muscle, et sobriété ou non, on en a tous perdu avec la pandémie (lire le comportement des genses dans nos fils d’actualité le prouve tristement quotidiennement), et on se doit, autant collectivement que personnellement, veiller à trouver un équilibre entre l’inconfort du « sôcial », et la quiétude cultivée de l’abstinence.
Si vous vous questionnez sur votre sobriété, si vous êtes toujours sur le bon chemin, n’hésitez pas à en parler à votre professionnel.le de santé ou de joindre des communautés en ligne pour vous exprimer.
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