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Photo du rédacteurCristina Moscini

« La bière devient chaude, pis la poche te gèle… »




L’alcool au volant c’est criminel, chantait Cayouche. Drôle sur trois cordes de guitare grattée, un peu moins dans le réel, et tragique quand l’inévitable arrive.


Un gars de Beauport, ma terre natale, récidiviste de l’alcool au volant, tue 4 personnes un jeudi soir, une famille, dans un accident causé par son état.


Sur Facebook, les commentaires et témoignages s’accumulent d’heure en heure. On lui souhaite la peine de mort, la sodomie en prison, le cachot à vie. Au jour où on en est, pas possible de savoir quelle sera la peine qui lui sera imposée. Rien ne pourra réparer le mal irréversible résultant de ses actions.


Le criminel avait été condamné en 2017 pour une infraction commise en 2015. On lui avait chargé quelque chose comme 1000$ et son permis révoqué pendant un an. C’est tout. Après ça, les instances en société jugent alors sans trop vérifier si t’as fait ton cheminement et te recrissent sur la piste en toute liberté, au plus vite. Ardoise effacée, mon chum. Vroum-vroum, glou-glou.


La société veut deux affaires : Que t’achètes du gaz, pis que t’achètes de la boisson. On le voit moins ici au Québec, mais dans des pays comme aux États, on part en croisade parfois, avec plus ou moins de succès, contre les drogues. On cherche les occasions pour démoniser les opiacés et les enrayer de la circulation, pour protéger les citoyens qu’on dit. Sans sortir de statistiques, on peut deviner les ravages faits par l’alcool, contre soi-même - maladie, cirrhose – et contre les autres – meurtres, accidents. Si l’industrie de l’alcool n’était pas aussi payante, on reconnaitrait davantage au grand jour les torts réels et fréquents de la consommation, puis, de la dépendance.


Mais c’est comme si la société disait que ça te prend un char pis de la bière pour fonctionner. Même si on te met en pénitence, on veut que tu contunue comme so.


Première offense, on te coupe le permis. Deuxième offense, on te coupe les cheveux. Troisième offense, on pense, peut-être, si c’est correct avec toi, si ça te dérange pas… on te coupe la bière ?


*


Le cas présent, dans l’actualité cette semaine, créera sans doute une secousse provinciale et une remise en question sur la législation entourant l’alcool au volant. Possible qu’une peine exemplaire soit accordée étant donné la gravité du choc (une famille décimée), et dû au fait que le criminel en était à sa deuxième offense, ou plutôt, que c’était la deuxième fois qu’il se faisait prendre.


La racine du problème est dans notre capacité à se regarder en pleine face et en convenir que notre relation avec la consommation est axée en faveur de l’industrie qui ruine des vies à coups de keching. Les vies ne se perdent pas automatiquement quand quelqu’un prend le volant chaudaille, mais qu’on me lance la première pinte si vous n’êtes jamais embarqué dans un char avec chauffeur pompette ou avez laissé un ami partir en voiture après un party en n’étant pas trop sûr de son état. L’aveuglement volontaire est dans l’idée de tendre une bouteille d’une main et de punir de l’autre.


En attendant que les lois s’ajustent à la nature humaine qui ne répond qu’une fois les fautes mises sous le nez, on peut tous prendre le temps de faire un examen de conscience sur quel message on envoie avec notre comportement, et dans la permissivité accordée à ceusses qui ne la méritent pourtant pas. Une autre Boréale, mon Réal ? Alterne avec de l’eau pis va t’assire.


Difficile d’oublier quand la mort s’abat sur l’asphalte d’un 5 à 7 imbibé.

Mais combien de « passé proche » on permet ?



Et combien d’autres émois, avant de dégriser ?




* * * *




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