Le Listerine mauve avec alcool
- Cristina Moscini
- il y a 17 heures
- 3 min de lecture

Cinq ans sans boire, ça se fait plus vite qu'on penserait. Cinq ans ce n'est pas les cinq premiers jours sans alcool. Ce n'est pas les cinq premières semaines ou mois.
C'est un rétablissement qui prend de l'assurance avec le millage. Sur une route pas dépourvue de dangers, de bosses, de fossés à éviter, mais aussi une route qu'on apprend à connaître. Comme un circuit.
J'ai pas bu une goutte d'alcool depuis 2020. Pas un drink, pas une gorgée, pas un shot de Bonne année, pas une poffe, pas une ligne, pas d'huile de, pas même de mélatonine, osti, car personnellement je ne me trustais pas puisqu'elle me rendait groggy.
J'ai quasiment oublié l'effet sur les sens d'une gorgée de fort.
Sauf à matin.
Sans le savoir, j'ai toujours acheté du rince-bouche sans alcool. On me racontait que c'est cette sorte-là exclusivement qui est possible d'amener en désintox. Que mal pris, les gens pourraient être tenter de caler le liquide au volume d'alcool considérable.
En buveuse, j'y ai jamais vraiment porté attention. En à jeun, c'est là que j'ai découvert la différence.
Pour citer le site de Comprehensive Wellness Centers, boire du rince-bouche peut être extrêmement dangereux, surtout pour les personnes souffrant de troubles liés à l'alcool, car il contient souvent plus de 10 % d'alcool, parfois jusqu'à 26,9 %, soit plus que la plupart des bières ou vins. Cette pratique est risquée en raison de la présence de substances chimiques comme le peroxyde d'hydrogène, le menthol et l'eucalyptol, qui peuvent causer des brûlures, des nausées, des vomissements, des lésions organiques, voire la mort. Bien que l'idée de boire du rince-bouche puisse sembler absurde, cela reflète souvent une dépendance à l'alcool, nécessitant une intervention professionnelle pour prévenir des conséquences graves.
Faque là, moi dans le fond j'ai acheté le Listerine mauve avec alcool dedans.
En me gargarisant, ASTIDTABARNAKDECÂLICE que j'avais oublié, la brûlure dans la yeule que c'est, l'alcool.
Les gencives, la langue, les dents. C'était beaucoup trop pour mon dedans devenu douillet en cinq ans.
J'avais oublié les milliers de grimaces faites en calant tequila, vodka, whisky, goldschlager (je ferai même pas l'effort de googler le bon orthographe, la bouteille infâme aux feuilles dorées et au goût cannellé), jäger, sambuca et autres esties de niaiseries aux comptoirs de mes petits enfers d'avant.
J'avais oublié la douleur que l'alcool instigue dans son entrée dans le corps.
C'est pourquoi personne ne s'est exclamé "Oh, miam!" en buvant sa première gorgée de broue. En déduisant ici que les premières gorgées d'alcool se font avec des produits cheaps industriels et non pas un de ces brassins fancys biodynamiques-moi le bat. Mais anyway, tous les houblons se vomissent égaux dans la cuvette de mon livre à moé.
J'avais oublié la souffrance qui doit s'apprendre en se fabriquant une accoutumance à l'alcool. Parce que bon, les gorgées, il aura fallu les répéter pour devenir alcoolique. J'avais oublié la persévérance dans les souffrances induites.
Je vis une vie sans douleur, si ce n'est que d'un matin de pilates trop fervent. J'ai fait des choix pour m'éloigner le foie des poisons qui me faisaient du mal, au point ou un rince-bouche m'émeut que le christ par sa giclée acide comme métal en fusion.
Je souhaite à tous de devenir la version la plus douillette de soi-même. Ya quelque chose de fort dans la douceur, comme un bras de fer qui joue pour nous garder loin du mal absolument pas nécessaire dans une vie qu'on peut se faire.
INVITATION NOUVEAU SPECTACLE-PERFO

🎙️🌓 Je vous invite à une lecture-performance de mes plus récents et plus intimistes récits ! Ça fait un moment que je voulais sortir dehors du blogue, et poursuivre la voix graveleuse de sobriété sans tabou. À l'aube des last calls, c'est une collection de textes personnels, une chronologie vers et hors les comptoirs de bars que je réciterai de façon bien simple, dans un partage littéraire et authentique.
Encore tabou, l’alcoolisme n’est discuté à ciel ouvert que depuis peu. Avec un humour tranchant et une absence de censure, la lecture comporte des nouvelles inédites sous le thème de la dépendance et du cheminement que c’est de se relever.
Une invitation à une levée de voile sur les mystères de fonds de bouteille, et du travail sur soi quand on en ressort, de cet autre côté.
📆 Jeudi 29 mai 17h à la Factrie 701 (701, 4e Rue, Shawinigan, secteur Grand-Mère), 15$ à la porte ou en réservant par courriel à factrie701@gmail.com.
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📷 Emilie Duchesne