Depuis que je suis jeune, les partys m’ont toujours attiré. Quand on est haut comme la table de cuisine et qu’on a été élevé dans un environnement de fête, on comprend vite que le fun, c’est là que ça se passe. D’autres voient Sodome et Gomorrhe sur la Wildcat de Labatt, moi je vois l’humanité dans une de ses transes les plus reconnaissables.
Donc oui, même étant familière de proche et depuis longtemps avec les partys, pour en connaître le rythme, la cadence, le pouls, la symphonie de ses catastrophes annoncées, je prenais goût à cette danse anonyme et mondiale qu’est la brosse collective. Je buvais, je prenais tout ce qu’on m’offrait, et rapidement, moi aussi, je parlais cette langue, en lettres attachées, cette langue zozotée, qui hurle qui sacre qui aime et qui boué, avec le même appétit, avec la même voracité.
Depuis que je ne bois plus, les fêtes ont pris un tout autre sens, je vois de nouvelles personnes qui me sont pourtant familières, à l’angle de leurs paupières, au lustre de leurs pupilles, je sais que nous avons beaucoup en commun. Mais cette communion ne se verra jamais consommée. Je vois, le triste spectacle de la dépendance, comme d’autres m’ont vu dans mes pires états sans cachette, et dans un été où la canicule qui tombe en fraîche à l'obscurité n’est l’unique last call, je constate que je suis condamnée à ne plus pouvoir harmoniser avec ces âmes qui ont dépassé par douze fois la limite recommandée, d’éthanol dans le body.
Un soir, un gars m’approche, me demande si je peux lui trouver de la poudre. Faut être faite’ en crisse pour penser que dans un environnement de tout ce monde soûl, c’est moi qui peut t’aider. Quoique.
Théoriquement, celui ou celle qui penche le moins, soûl marde dans un coin, est probablement celui ou celle qui a le plus de chances d’être plogué.e ? Anyway. Fait est que je lui dit non, et que même si je sentais qu’il était soûl mort, en bedaine, et probablement à trois shooters d’être knock out... je lui ai dit que j’étais sobre.
J’aurais pensé, si l’habit faisait le moine, qu’il m’aurait incité à en prendre rien qu’une, que enweye come on, juste une gloue, mais non. À place, yé devenu calme. Assis côte à côte sur une table de pique-nique dans un juillet humide que le christ, il s’est mis à regarder en avant de lui. Et à me dire qu’il buvait trop. Qu’il le savait. Comment tu fais ?, qu’il m’a bafouillé. J’y parle alors que la sobriété, c’est plus facile que les quelques jours qu’on peut passer sans boire, quand on est en consommation active, que ça fait moins mal que les quelques jours en sevrage. J’y avoue que ça va imposer un ménage, dans ses activités, ses habitudes de vie, ses sorties. J’y parle des cadeaux de la sobriété, de la liberté, de la simplicité qui s’installe.
Je vois son énergie changer. Je sens surtout la souffrance dans son corps, de la dépendance. Quand on se sait laid, fini, magané, épuisé. Quand on sent et on sait qu’on perd la course contre la substance, mais c’est elle qu’on choisit, encore, encore, encore.
Je le sais qu’à un moment donné, va falloir j’arrête, qu’il me dit.
Puis il disparaît, avec ses amis.
Il revient plus tard, me demande si je veux du mush, et si mes boules, c’est des vraies.
VIDÉO • Je voulais gosser de quoi de nouveau. Faque j'ai pris un de mes récents textes, celui ci-haut, "𝑳𝒆 𝒑𝒂𝒓𝒕𝒚 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒔𝒐𝒖𝒇𝒇𝒓𝒂𝒏𝒄𝒆" et l'ai mis en vidéo-collage, ci-bas.
J'ai fait ça entièrement su' mon téléphone assez sommairement et c'est probablement pas final, alors, je prends toutes les critiques, observations, appréciations. L'idée est de pousser de quoi rapidement, rudimentairement, pour pouvoir raconter une histoire avec encore plus de mediums. Merci !
Réservez votre date maintenant pour S'aimer ben paquetée, c'est avec l'excellente Ariel Charest, le texte est de moi, et c'est présenté au Théâtre La Bordée. Ici : https://bordee.qc.ca/piece/saimer-ben-paquetee/
T-SHIRT UNISEXE "Pas de boisson", maintenant en gris, bleu cendré et blanc-gris-pâle ! Ici : https://etsy.me/3DmxwHR