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Photo du rédacteurCristina Moscini

Mes aventures de sobre au bar

Dernière mise à jour : 23 mai


Chapitre 1


Puisqu’un retour à la normale et la réouverture des commerces et débits de boisson est devant nous, je saisis l’opportunité pour journaliser mes prochains voyages dans les tavernes, bistros, buvettes, clubs, discothèques, speakeasys, sous-sol et tout autre lieu où la gnôle coulera à flot.



Mon défi est et sera enfin déployé, depuis le début de la pandémie, puisque dans mes grands mois de sevrage, tout était condamné, maudit. C’est maintenant, alors, que le 'challengeage commence.


Me voilà donc, paradeuse, promenant mon arrogance d’alcoolique abstinente dans ces lieux que j’ai tant aimé, fréquenté, habité, léché, embrassé à tout goulot : les bars !


Bon, en deux ans, je suis déjà sortie quelques fois, malgré les couvre-feux de part et là, j’en mentionne un fragment dans un texte précédent [Lire Le jour où je suis devenue une fraîchiée], où j’ai pu expérimenter en primeur, le feeling d’être complètement à jeun entourée de monde déchiré raide. Fun ! Mais genre pas fun-fun, plus comme quand on dit drôle, mais pas ha-ha drôle. Entécas.



*


Ce bar-là en est un à spectacles. Mes presque préfs. Vous savez ceusses à plus d’un étage, absolument presque toujours mal gérés, avec le TPV sans fil qui ne fonctionne jamais au deuxième, les frigos qui ont oublié d’être plogués quelques heures avant le show donc toutes les canettes sont tièdes, les dessus de tables avec la poussière et le filet collant des bières renversées la fin de semaine d’avant, ou essuyées avec une guenille imbibée de plus d’alcool que de dégraissant ? Je connais de proche et reconnais ces lieux-là, peu importe la ville, pour y avoir travaillé puis flambé mes paies avec beaucoup d’enthousiasme. Et une partie de moi les aime toujours, la partie de moi qui aimait se détruire à bonnes mordées dans la vitalité, en faveur des petites morts échangées.


Rentrer dans un bar sobre, c’est très ressemblant à rentrer dans un bar après avoir fumé un joint avec des inconnus croisés sur le coin de la rue. On ne sait pas trop ce qui va se passer et on est persuadé que tout le monde nous regarde. Qu’il y a quelque chose d’étrange à propos de nous.


D’abord, il y a ce long comptoir de bois plaqué. Un sage brosseur à l’époque m’avait fait remarquer la courbe existante de tous ces comptoirs, et leur couleur toujours oscillant dans les tons de bruns, de beige; le ventre de la matrice qu'il disait, un grand sein où nous, petits porcelets venions nous abreuver. Téter à la mamelle communautaire à chacun son tabouret.


Il y a de ces choses qui ne changent pas.


Alors j’avance, m’imaginant tous les regards sur moi. Des paupières semi-closes qui suivent ma cadence de demi-fraîchiée, et je sais qu’au son de mes pas sans trébuche (gauche-droite-gauche, et ainsi de suite), on me prête une prétention qui vient avec cette certitude nouvelle qu’on ne vomira pas moult sur un poster défraîchi d’un cover band venu le mois passé accroché dans les toilettes.


Dans mon entrevue avec Sylvain Marcel, il me rappelait la fois qu’on s’était croisés dans un bar, il y a quelques années, et il affirmait m’avoir ‘reconnu’ l’alcoolisme, directement en me voyant. [Lire Au-delà des rêves les plus fous] Faut-il être Hercule Poirot pour déduire qu’une grognasse tonitruante qui offre des shots et des lignes à tout ce qui bouge dans le bar-salon est peut-être une alcoolique ? Ç’aurait pu être un pari bien sécuritaire. Toutefois en cheminant dans ma sobriété, je me dois de donner entièrement raison à Sylvain lorsqu’il disait « Remplis un aréna, mets juste deux dépendants, ils vont se reconnaître, ça sera pas trop long… », car c’est vrai.


Il y a une différence entre une personne en état d’ébriété, et une alcoolique en état d’ébriété : on est les meilleurs. Et par meilleurs, j’entends les pires.

Je poursuis mon green mile devant la cordée de buveurs accoudés, sachant qu’aucun tabouret ne porte mon nom ce soir-là, et je vois dans les yeux de ces ceusses qui est un alcoolique, et qui ne l’est pas.


C’est difficile à expliquer, et quand je le fais, ça fait soulever les sourcils de quelques uns, comme quand je prétends pouvoir deviner les signes astrologiques des gens, à 83% d’efficacité.


Un genre de douceur d’abandon, de calme devant l’éternel. La maison brûle, mais quand l’alcoolique boit, toute histoire reste à écrire, tout naufrage peut se reporter au lendemain. Carpe diem jusqu’au bout du last call.


Ces inconnus étaient mes plus chers amis.


J’ai enfin passé le comptoir.


Mais ce que j’ignorais encore, c’était que les épreuves ne faisaient que commencer ce soir-là…



*


CHAPITRE 2 à venir en avril !


*


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