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  • Photo du rédacteurCristina Moscini

Quand te dépetitpotdebeurreriseras-tu ?

Dernière mise à jour : 30 août 2021




Disclaimer : Vous ne trouverez pas ici l’avis d’une experte instruite, mais une réflexion construite à partir de morceaux d’intérieur et de pièces d’alentours. Ces impressions sont des constats à l’heure où, souvent, en sobriété, on cherche à rebâtir ce qui a été brisé, on veille à soigner les lacérures données ou reçues afin de sortir de ces cycles répétitifs, chercher à guérir ces souffrances innées ou acquises.



Je forgive mais je ne forgettererai point (pas plus que je ne me dépetitpotdebeurreriserai)


Personne ne nous doit le pardon.


On entend souvent qu’il faut savoir pardonner pour guérir de nos traumas. Et, de mon point de vue, ce n’est pas en thérapie qu’on entend cette phrase, mais dans des cercles fermés, souvent venant de gens qui pensent bien faire ou bien dire. Mais, sérieux, 1. What’s the rush ? et 2. Why do YOU care ?


Si, suite à des abus qu’ils soient physiques ou psychologiques, qu’ils viennent de famille ou d’étrangers, une personne trouve en son cœur le véritable pouvoir de pardonner, bien lui fasse, et cela mérite tout le support possible.


Et, j’en comprends, dans ce mot, « pardon », une sorte de relâchement, une façon de desserrer le poing sur la lame qui nous a blessé, fendu. En ce sens, de « laisser aller », a une valeur libératrice qui permet à la personne de passer à d’autre chose, de faire de la place dans son beau grand cerveau pour y mettre des nouveaux bibelots de Live Laugh Love, au lieu de ces graffitis assourdissants de Hate Angst Hate…


Mais « pardonner », gueule ouverte, yeux fermés, langue sortie, en attendant que la vie nous dépose une hostie nouvelle me semble suspicieux. Ça me pique au nez comme les relents d’encens et de renfermé des institutions coiffées d’un « t » minuscule.


Quand je vois passer un post sur le pardon, j’y vois parfois un sous-jacent de concepts religieux, de pression de l’entourage et ça me rend mal à l’aise pour ceux qui sont forcés d’accélérer leur processus de guérison pour en faire, ultimement, bénéficier leur abuseur. Comme effacer l’ardoise.


Il faut comprendre que quand on parle d’abus, on ne parle pas de quelqu’un qui vous a roulé dessus en char par accident parce qu’il ne vous avait pas vu en changeant une toune ou le poste de la radio, on parle de quelqu’un qui est entré dans son char avec son GPS pour vous trouver, qui a pris le temps de checker le traffic, qui a fait des détours à cause de la construction, et qui a décidé de vous rouler dessus en char. L’abus n’est pas accidentel, c’est du mal voulu, du mal subi.


De là la curiosité du concept de pardonner à son agresseur. Ou encore même celle d’encourager une victime à pardonner alors qu’elle est encore dans le plâtre avec des traces de Michelin sur le chest.


On ne peut pas forcer une personne à pardonner parce que ça sonne comme un dossier réglé, une étape de franchie. Si une personne ayant vécu des abus vous a confié les mauvais traitements reçus, c’est déjà une marque de confiance incroyable. De les pousser à nouveau vers le trauma pourrait créer de la répression. La personne dira « qu’elle pardonne » parce qu’elle ne veut pas causer d’autre marde, mais c’est de poser un tape gris sur une plaie béante. Ça n’aide personne.


Pour faire une histoire courte parce que c’en est une bien célèbre : C’est une fois un scorpion qui a demandé un lift à une grenouille pour traverser un lac, la grenouille fait genre « Igne, mais là tu me piqueras pas ? », le scorpion fait « Ben non, car si je te pique tu vas mourir pis caler, et moi aussi, ce serait cave ». Faque au milieu du lac, le scorpion pique la grenouille, pis les deux en calant dans l’eau avant de mourir s’échangent à peu près ces mots, Grenouille dit « Calvaise, t’avais dit tu me ferais pas de mal genre wtf???? », Scorpion répond « J’ai pas le choix, piquer c’est dans ma nature ». Pis les deux meurent. Fin. (Traduit à des fins institutionnelles.)


Tout ça pour dire qu’y a des personnes comme le scorpion qui ne mériteraient pas de recevoir la conscience tranquille du pardon. Des personnes de nature tas-de-marde ne devraient pas bénéficier d’un passeport de pardon de par leur condition d’abuseur, sans travail qui a été fait, sans avoir cherché à briser le cycle de ces abus. Ce qui est possible de faire, l’autre mot populaire, le « forget ». Le « je pardonne, mais je n’oublie pas ». Je le vois un peu comme ne pas barrer complètement des gens de notre vie, mais de les garder à distance de bras… Je sais pas si ça marche.


Moi, j’ai Mercure, mon Soleil pis Vénus en Cancer* : Je ne pardonne pas, pis j’oublie pas. Jamais. Neveure pis foreveure. And in the next life too.

*À la fin de ce blogue, vous connaîtrez ma carte du ciel même à l’envers. T’en prends pis t’en laisses, mais ceusses qui savent, savent.


Et j’espère que les autres feront pareil. Je n’espère pas être pardonnée pour les traitements de marde que j’ai donné aux autres, car ce sont les conséquences de mes actions, de mes mots.


*


Ce que je dirais aux personnes qui dealent avec du trauma pas réglé est que c’est correct d’être en colère, c’est correct d’être confus. Le trauma vécu antérieurement par vos abuseurs ne justifie pas ou n’excuse pas le trauma infligé à vous. Et les personnes vivant en dehors de cette situation n’ont genre, pas un crisse de mot à dire sur comment gérer cette notion de pardon qu’on vous bully jusque dans’ gorge. On n’a pas à pardonner l’impardonnable. La colère est une émotion qui arrive quand nos limites ont été dépassées. Il faut l’écouter. Je pense que la job commence quand on doit gérer nos émotions, et qu’il faut faire confiance à notre propre baromètre. Comment gérer cette colère, comment la tourner à notre avantage, comment la transformer sans l’éviter, la réprimer. Ça se peut, la tourner en de quoi de beau, ou en leçon personnelle, pour nous. Mais de se forcer le cœur comme on force des sourires aux pique-niques de la compagnie, ce serait selon moi utiliser des belles grandes énergies qui nous appartiennent sur des gens qui le méritent moins que nous.


Dans les avions, y disent de se mettre son masque personnel en premier lors de turbulences. Il en va de même pour les pardons potentiels et forcés : le check-in du bien-être personnel devrait être obligatoire avant de poursuivre.




Comme disait Piton Ruel, y en n’aura pas de facile. Et comme disait Francine Ruel, je vais prendre la salade d’orzo. (Je l’ai rencontré juste une fois quand j’étais serveuse.) Mais comme disait Moskounni, philosophe toltèque de Beauport-Nord : Fiez-vous à vos émotions, et allez brûler des maisons. (Traduction libre.) Bonne chance !


Crédit photo Cyclopes Photographie



*



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À plus ! ✌️

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