Dans mon dernier billet, je répondais à une question qu'on m'a souvent posé dans les deux dernières années, à savoir si J'avais besoin d'écrire pour me rappeler de pas boire. Je vais répondre aujourd'hui à une autre pas évidente que je ne crois pas avoir encore adressée sur ce blogue, soit : Ça t'arrive-tu de te sentir comme d'la marde en étant sobre ?
Quand on parle de sobriété et de rétablissement, c'est plus souvent qu'autrement une empilade de bons côtés, d'améliorations, de problèmes réglés et d'aspects de vie simplifiés qui sont mentionnés. Et tout ça est vrai, et diablement agréable. Et on le mentionne avec insistance, car ça tranche en saint-craille avec notre vie d'avant, de dépendants.
Si je ne ressens plus quotidiennement le spleen et la honte à chaque matin cruel où je me réveillais encore dans une vie qui ne m'était qu'une interminable farce, il m'arrive encore de ne pas feeler à 100%, pour deux raisons.
Je dois vivre des émotions humaines sans me geler.
Ça a l'air simple, mais quand on a le tempérament drogué ou alcoolique, ben souvent, c'est parce qu'on était p'têt pas tant à l'aise de varger les tambours et trompettes des méshumeurs en disant JE SUIS TRISTE, JE M'SENS EN COLÈRE ET PERDUE, J'AI L'IMPRESSION QUE RIEN NE M'ATTACHE À CE MONDE MAUDIT, L'ANGOISSE M'EST UNE GUENILLE FRETTE SUR MON ÂME DE MÉTAL ROUILLÉ PIS J'AI PEURRRR-RRE. Habituellement, on disait, à la place "HeillLe yA tU quEkUn qUi vEnd dLa p0udRe??????6".
Pour toutes sortes de raisons humaines, on va continuer de vivre des émotions... humaines : frustrations, tristesses, angoisses. Et on apprend, en sobre, à s'asseoir sur le ti-banc métaphorique de la conscience et passer à travers ces quelques instants désagréables. Je précise INSTANTS. Car, c'est fou comment le réflexe de déboucher, de consommer se faisait, dans mon cas pour le moins, dans les premiers micro-moments ou signaux d'un inconfort, si bénin fut-il.
Quand on n'est pas en train de fouiller dans ses poches un fond de bag ou de courir au bar à coups de talons dans le cul, on s'aperçoit que, ces montées-là, si désagréables soient-elles, sont pas longues. Des ti-volcans. Un rot-vomi de bébé-dragon au plus. Pas de Vésuve, pas de Pompéi-moi-l'bat, esti. Mais la clé de d'ça, c'est de faire face à l'explosion pis de rusher au-devant au lieu de s'en sauver. Plus on avance dans les tranchées de nous-mêmes, plus l'image se précise, et l'hécatombe psychique finalement, quand on l'apprivoise, risque d'être un pétard mouillé. Mais pour le savoir, il faut oser s'approcher de nos pensées les moins confortables, se poser les bonnes questions. Pourquoi tu te sens de même présentement ? À quoi ça fait lien ? Qu'est-ce qui se passe vraiment ? Quel est le risque ? Est-ce qu'ya un danger réel, ou imaginé ?
Faut jouer à l'adulte avec une partie de nous, émotionnellement atrophiée par nos années d'autruchage dans la consommation. C'est poche, mais c'est de même, pis c'est pour le mieux. Hésitez pas pour vous joindre à des communautés en ligne quand vous vivez ça parzemple. Ya rien d'unique dans nos expériences et ya certainement quelqu'un qui est passé par là qui peut vous guider mieux.
Et m'a pas bien feeler quand...
J'ai trop de temps.
En cessant de consommer, on se rend compte que les journées rallongent. Ça tombe ben, on devient avec plein d'énergie de nouveau sobre, alors on starte des business, on rénove, on planifie, on se garroche dans les projets, sky's the limit.
Mais, quand on a fini de faire le tour, des fois, le soleil est pas encore couché. Et on a l'impression d'avoir clanché l'ouvrage de 4-5 journées. Des fois, on se tourne les pouces. Des fois, c'est pas tout le monde qui est au même rythme que nous, alors on attend toujours après quelqu'un, après quelque chose, tic, tac. Des fois, c'est juste nous qui a une dynamo dans le cul, et c'est plate. On se demande alors si on oublié de savourer la vie, si on a oublié la lenteur et la contemplation, ou ben donc si c'est tout le monde qui est vedge sauf nous autres.
Alors là, la machine repart : Est-ce que j'ai trop changé ? Est-ce que je passe à côté de ma vie ? Est-ce que je suis en mode d'anxiété à la performance ? Est-ce que je me brûle et que je suis incapable de profiter du temps à la même vitesse que les autres ?
Ça peut faire réfléchir. À cela je dirais, restons indulgent envers soi-même. On a eu toutes nos années de débauche pour se torturer, alors un peu de douceur, dans tout, dans nous, c'est jamais de trop. Ya pas d'unique chemin de bonne sobriété. Juste le choix quotidien de ne pas consommer, c'est tout ce qu'il en faut, pour se la mériter, la tape dans le dos.
Alors, oui, certainement que ça m'arrive de me sentir comme de la marde en étant sobre. Naturellement. Mais je reconnais que, ça m'arrive pas mal moins souvent et moins longtemps surtout, que quand je consommais.
À choisir, entre manger une boîte de pick-up de marde, ou une juste pincée de temps en temps, m'a prendre cel' qui fait pas rouler l'économie de la SAQ, esti.
Au lieu de vous achaler avec un billet de théâtre à acheter pour cet automne, m'a vous suggérer ma boutique : Des rabais bien beaux sur des articles unisexes ! https://etsy.me/3DmxwHR